Palsembleu, ventre saint gris, cette centaurea cyanus, commune dans nos blés, qu'on nomme aussi barbeau (rien à voir avec son synonyme argotique le maquereau) ou cornflower en british et kornblumen blau chez nos cousins Germains, ce bleuet donc, présente à l'état naturel une quantité incroyable de tons et de demi-teintes suivant les saisons, que je vous invite à découvrir en tapant bleuet puis en cliquant sur images dans Google. Vous verrez que cette couleur revient à la mode, puisqu'on en fait des jeans chez Zadig et Voltaire.Il n'empêche que le bleuet (ou bluet) ne fut jamais bleu ciel, contrairement à l'uniforme (de reconstitution) d'officier d'ordonnance copié par les costumiers. Pigeard lui-même, reconnaît que le sien est trop clair dans un Tradition dont j'ai oublié le numéro.
Les nuances les plus approchantes me paraissent être celles que l'on trouve dans les planches du service de santé de Jouineau (Barbe-bleue barbeau), dans le dessin de Davin sur le même thème (voir forum APN) ainsi que dans le Lienhart & Humbert ou chez Cantler (Napoleon online) au chapitre de la Bavière. La planche de Courcelles me donne l'impression de tirer un peu trop sur le gris, par contre celle de Rigo est plus vraisemblable. On notera encore l'excellent article de V.Bourgeot et Y.Martin dans le n°19 de S.N. A ce propos, il leur paraît évident (comme à moi-même) que toutes les représentations tardives de cet uniforme sont erronées, s'inspirant plus de la teinte en vogue sous le second Empire que de celle du premier. A mon sens, le portrait du marquis de Vence (1809) reste le plus convaincant. Un tableau de Hesse que l'on peut trouver dans l'ouvrage du colonel M.Molière "Napoléon en Autriche - tome I chez LCV) montre les différentes nuances que peut prendre ce bleu chez les Bavarois, suivant qu'ils sont exposés à la lumière ou, au contraire placés dans l'ombre. C'est, à mon avis, justement pour ne pas être confondus avec les alliés de cette nation et sous l'impusion de la mode, que chirurgiens et officiers d'ordonnance se firent confectionner des habits plus sombres dans les dernières années de l'épopée, ce qui explique la nuance très sombre des portraits de Gourgaud (Adieux de Fontainebleau) ou de Planat de la Faye. J'ai ramené de la Drôme quelques chardons que j'ai laissés sécher et qui sont maintenant d'un beau bleu-mauve avec des nuances de gris et un centre violacé; mais peut-être en parlerons nous une prochaine fois...
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