Extrait des Souvenirs du Lt Chevalier. Il est chasseur et fait partie du peloton d'escorte. Une facette du Napoleon "guerrier".
Nous partîmes de Sankt-Poelten dans la nuit du 9 mai et arrivâmes devant Vienne à 10 heures du matin. Nous fûmes obligés de disperser la cavalerie légère autrichienne qui nous disputa le passage. Nous fûmes obligés de les culbuter, on leur prit deux cent voitures.
Un peloton de 25 chasseurs à cheval ne quittait jamais l'Empereur, on leur donait à porter trois grands portefeuilles, avec une bricole, un à Napoléon, un a Berthier et un aux aides de camp de l'Empereur, ces portefeuilles ne contenaient que des cartes géographiques et topographiques. Lorsque nous arrivâmes devant Vienne, nous nous arrêtames en dehors des faubourgs. Toute l'armée arrivait en grande tenue militaire.
Nous attendions avec l'Empereur , à l'entrée des faubourgs de Vienne que quelqu'un se présentât....Personne.... L'empereur prend à agauche au galop. Je portais un portefeuille et je le suivis, il mit pied à terre au milieu d'un champ, me demanda sa carte, je mis pied à terre et m'approchai de lui :"
Déploie-moi le n° 2", dit Napoléon. J'ouvre le portefeuille et étale par terre la carte topographique ou plan de Vienne et de ses environs.
C'était un tableau curieux à voir, que ce groupe de généraux et de soldats... j'étais à genoux dans la terre labourée, Napoleon, plusieurs généraux et chasseurs, à genoux comme moi, nous examinions la carte. L'empereur comme un père de famille au milieu de ses enfants dictait ses ordres :
"Ils veulent absolument se défendre, disait Napoléon....Hé bien ! nous en ferons le siège...Voyez, général....vous filez le faubourg : là à gauche voila les écuries des chevaux de l'empereur. C'est le point le plus rapproché de la ville...les voila près de l'estrapade... Vous faites mettre de l'artillerie dans le batiement même, vous croisez vos feux, comme cela. On établira une batterie là, à droite en face le Palais...." etc
Et Napoleon désignait du doigt à ses généraux les points où il fallait attaquer. Je reployai la carte, repris le portefeuille, nous remontâmes à cheval, et je suivis l'Empereur....
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On me croit sévère, même dur. Tant mieux cela me dispense de l'être. Ma fermeté passe pour de l'insensibilité. A Caulaincourt
Si je monte au Ciel, et que Napoléon n'est pas au Paradis, alors ce ne sera pas le Paradis.