L'Hötel des Invalides sous le Second Empire

L'Hôtel Impérial des Invalides (almanach-annuaire de l'Eure, 1870)

Cet asile des vieux soldats, renferme habituellement une population de dix-neuf cents militaires retraités, dont la majorité, en ce moment, appartient à la période du 1er Empire
Le nombre des ompagnons d'armes de Napoléon Ier présents à l'Hôtel des Invalides et de 950. Sur ce nombre, plus de 140 sont amputés ; quelques-uns sont aveugles. On en voit un qui a prdu les deux-avant-bras, et qui muni de 2 crochets adaptés à ses moignons, s'en sert avec habileté en guise de mains.
Il y a près de 700 médaillés de Ste-Hélène , une soixantaine de décorés de la médaille militaire du Second Empire, et près de 200 décorés de la Légion d'Honneur. La plupart de ces derniers ont obtenu cette distinction, sous le Second Empire, pour récompense des services rendus sous le Premier.
Parmi les vieux militaires des Invalides, il y en a une trentaine dont les services de la Première République. Un, entre autres, matelot en 1793 à bord du Scipion, est pensionnaire de l'Hôtel depuis 1806. Il sauta avec son bâtiment et reçut des blessures si cruelles, qu'on fut obligé e l'amputer des deux jambes. Il est âgé, fin 1869, de 92 ans.
Un autre volontaire de l'armée de 1792 à l'âge de 12 ans, est resté sous les drapeaux jusqu'à la fin des guerres de l'Empire ; au moment de son entrée à l'Hôtel des Invalides, il comptait 33 années de services et 16 campagnes.
Une quarantaine d'Invalides sont devenus soldats sous l'Empire ; plusieurs ont assisté à la bataille de Marengo. Plus de 100 ont fait les campagnes d'Ulm t d'Austerlitz une vingtaine eulement ont été en Prusse et en Pologne (1806-1807). Les survivants sont relativement assez nombreux. On ne compte que 6 ou 7 militaires ayant fait la campagne de Russie (1812) et ayant échappé aux horreurs de cette désastreuse retraite.

Emile De Labedollierre divise les militaires invalides en 3 catégories :
-L'invalide de louis XVI : il a tous les défauts et toutes les qualités d'un gentilhomme. Il s'enorgueillit d'une croix de St-louis, dont Louis XVIII l'a décoré ; mais depuis 1830, il la dissimule avec autant de soin qu'il en mettait jadis à la faire voir.
-l'invalide républicain : Il a horeur des prêtres et n'a jamais pu s'accomoder à accoler au nom des rues la qualification de saints. Il regrette Hoche et Kléber et persiste à désigner napoléon sous le nom de général Buonaparte.
-l'invalide de la vieille garde : Le gouvernement de napoléon est à ses yeux le seul grand, le seul légitime, le seul logique.

Source : les français peints par eux-mêmes