visite médical d\'un cheval

Voici le procès verbal de visite d'un cheval d'officier du 7e dragons, blessé par balle, par le vétérinaire du 1er dragons, en septembre 1815.
En mémoire de nos amis chevaux qui sont les victimes innocentes des conflits.

Cher cavalier jacobin,

je vous remercie de nous faire part de vos nombreux documents fort intéressants. La pauvre bête doit soufffir au vu de ce rapport.
Sauriez-vous au cours de quel bataille elle fut blessée ?

Cordialement,

Geniemilitaire

Bonsoir,

Bien entendu je ne pouvais que répondre au post de Cavalier Jacobin.
Il y a déjà quelque temps j'avais lancé un sujet sur le malheureux sort des chevaux pendant les guerres de l'Empire (d'autres périodes ont été autant meurtrières pour cet animal), mais il est vrai que les cavaliers d'épopée ont porté la renommée de cette Arme à un point inégalé (la liste serait trop longue).
Voilà on ne parle jamais de ces valeureux serviteurs qui ne se plaignent jamais. Nous avons très peu de témoignages sur le martyre des chevaux, sauf en ce qui concerne les chevaux des hautes personnalités, le cheval décrit par le Cavalier Jacobin, devait être celui, au minimum, d'un officier supérieur, donc une bête de valeur. Il est vrai que nous ne devons pas juger avec notre sensibilité d'aujourd'hui, la majorité de nos ancêtres avaient une autre approche par rapport aux animaux.
A chaque fois qu'un de mes chevaux était réformé c'était un grève coeur, même si je savais qu'il partait pour une paisible retraite dans le Périgord.

Cordialement.

Géniemilitaire a dit :

Citation :

La pauvre bête doit soufffir au vu de ce rapport.
Sauriez-vous au cours de quel bataille elle fut blessée ?

Le rapport date de septembre 1815. Il y a de fortes chances, je suppose, que la bataille en question soit Waterlooqui eut lieu,rappelons-le, en juin.

Bonjour

Jean-Yves a écrit:

Le rapport date de septembre 1815. Il y a de fortes chances, je suppose, que la bataille en question soit Waterlooqui eut lieu,rappelons-le, en juin.

Cela fait un très long délai (juin/septembre) pour soigner cette pauvre bête.

D'autant plus qu'il y a eu quelques échauffourées après Waterloo, notamment à Rocquencourt en juillet 1815.

Mais je pencherai plutôt à une blessure encore plus proche de la date de l'examen.

Stéphane

Bonjour,

Je pencherait également pour une autre bataille, quoique, après la bataille de Waterloo, ce fut le grand chaos. Il s epeux que le cheval fut inspectée longtemps après.

A creuser


Geniemilitaire

Citation : "après la bataille de Waterloo, ce fut le grand chaos."

En anglais, sur le rapport de Wellington, cela donne le grand K.O !

l'officier a qui appartient le cheval n'était que capitaine et servait au 5e dragons.
Il faut voir où était le 5e dragons en 1815 et vous saurez où ce cheval a été blessé par balle.

En 1815, le 5e dragons faisait partie de la division d'Exelmans. Le 17, au soir, il est à Baudeset,et le 18, Vandamme, qui se porte sur Wavres, se fait précéder par les dragons d'Exelmans. A Wavres, les dragons exécutèrent plusieurs belles charges contre les Prussiens. En juillet, le 5e dragons est à la bataille de Rocquencourt.

donc le cheval a été blessé dans un de ces combats
merci

Concernant le fait que "nous avons très peu de témoignages sur le martyre des chevaux" (Rapentat), je me permets de citer un extrait du Voyage au bout de la nuit, où Céline évoque les souvenirs du cuirassier Destouches en septembre 1914 :
" ..et puis mon cheval aussi en même temps pour qu'il ne souffre plus, parce qu'il n'en avait plus de dos ce grand malheureux, tellement qu'il avait mal, rien que deux plaques de chair qui lui restaient à la place, sous la selle, larges comme mes deux mains et suintantes, à vif, avec des grandes traînées de pus qui lui coulaient par les bords de la couverture jusqu'aux jarrets. Il fallait cependant trotter là-dessus, un, deux... Il s'en tortillait de trotter. Mais les chevaux c'est encore bien plus patient que les hommes. Il ondulait en trottant. On ne pouvait plus le laisser qu'au grand air. Dans les granges, à cause de l'odeur qui lui sortait des blessures, ça sentait si fort, qu'on en restait suffoqué. En montant dessus son dos, ça lui faisait si mal qu'il se courbait, comme gentiment, et le ventre lui en arrivait alors aux genoux. Ainsi on aurait dit qu'on grimpait sur un âne. C'était plus commode ainsi, faut l'avouer..."

Terrible anecdote que celle-là.
On frémit au martyr qu'a dû endurer cette pauvre bête...

Je suis tombé par hasard sur un autre récit exytait des mémoires du Baron Lejeune.
Malheureusement dans la langue d'Udson Lowe isn'it ?
Je n'ai pas trouvé l'original en français, mais je suis sûr que quelqu'un doit avoir ce livre.
Je note au passage qu'on trouve sur le net beaucoup d'études ou de textes sur l'Empire en anglais, et très peu en français. C'est un comble !

Memoirs of Baron Lejeune ( Volume I, Chapter IV )

whilst here and there horses wounded to death were dragging their entrails over the snow, piteously neighing to us or to their late riders for help in their suffering. I saw one of these poor creatures with but three legs licking the face of his owner, who was standing gazing at his injured steed with an expression of the greatest consternation. He had but a morsel of bread for himself, but he gave it to his horse.

"Nous passâmes la nuit sur la neige à attendre impatiemment le retour du jour,et nous pûmes alors contempler les plus affligeants de tous les tableaux,auquel un ciel neigeux et très couvert prêtait ses lugubres couleurs. les lignes,les carrés du combat, les chocs de cavalerie étaient tracés sur le sol par des tas de cadavre amoncelés ; les blessés,trop nombreux pour être secourus de suite,se traîanient et s'entassaient les uns sur les autres pour se réchauffer ; déjà la neige en avait recouvert une partie ;grand nombre de chevaux épars et blessés traînaient leurs intestins sur la neige,et serapprochaient de nous et de leurs cavaliers pour réclamer des secours. J'ai vû un de ces chevaux, n'ayant plus que trois jambes,et qui baisait à la figure son vieux cuirassier,debout et consterné devant lui. Cet homme avait à peine un peu de pain pour lui-même ; il le donna à son cheval avant de l'abandonner."
Source :Mémoires du baron Lejeune,éditions du grenadier, 2001

La souffrance animale est particulière en ce sens qu'elle s'exprime par des attitudes touchantes telle que celle qui nous est rapportée ci-dessus.
Le désarroi du vieux cuirassier est tout aussi significatif des relations liant l'homme et son cheval à l'époque.
Je suis actuellement plongé dans le "Journal de la campagne de Waterloo" du capitaine Alexander Cavalié Mercer et j'y ai lu que contrairement aux britanniques, les cavaliers prussiens étaient beaucoup plus respectueux de leurs montures.
Ces derniers faisaient passer les soins à leur apporter avant de s'occuper d'eux-mêmes, ce qui était lon d'être le cas des Anglais que les officiers devaient souvent menacer de les priver de leur monture pour les contraindre à prendre soin d'elle...

Les Anglais , qui sont les créateurs de la SPA justement pour préserver les chevaux, sont aussi ceux qui en s'embarquant aprés la bataille de la Corogne , ont abattu leurs chevaux sur la plage pour ne pas les laisser aux Français