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 Le Gouvernement brûle la Planche à billets.....

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Jean-Baptiste
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Jean-Baptiste


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Le Gouvernement brûle la Planche à billets..... Empty
MessageSujet: Le Gouvernement brûle la Planche à billets.....   Le Gouvernement brûle la Planche à billets..... Icon_minitimeDim 19 Avr - 19:22

.....sunny ..... Sujet d'Actualité.............(Sources Pierre Audiat)

Voici comment, après l'inflation des assignats, Bonaparte et son ministre des Finances, refirent une monnaie qui devint la meilleure de l'Europe..

Le passage d'une monnaie entièrement déchue à une monnaie nouvelle est un phénomène curieux à étudier. S'il est relativement peu connu, c'est que les historiens ont, jusqu'à présent, négligé l'aspect économique et financier de l'histoire, et que la plupart de nos compatriotes, il faut bien l'avouer, n'ont sur le passé que les connaissances qu'ils ont puissées, au collège, dans les manuels.

C'est le 30 pluviôse an IV (19 février 1796) que furent solennellement brûlées les planches à assignats. Un magnifique autodafé. Le Directoire brûlait ce qu'il avait adoré...les commissaires du gouvernement marchaient en tête du peloton...les condamnés, planches, matrices, poinçons, etc....portés par les bourreaux, venaient ensuite, les Parisiens, éternels badauds, formaient la haie.

Après avoir fait le tour de la Trésorerie Nationale, le cortège se dirigea vers la place Vendôme où eut lieu l'exécution. Les applaudissements éclatèrent. Morte la bête, mort le venin de l'inflation.

Ainsi s'achevait un délire financier qui avait commencé six ans auparavant, exactement le 29 septembre 1790...ainsi se brisait une machine infernale qui avait produit quarante-cinq milliards d'assignats, dont personne ne voulait plus.

Pendant ces soixantes-cinq mois de finances absurdes et démagogiques, jamais les avertissements n'avaient manqué. Non seulement ceux que nous nommerions les techniciens avaient montré le péril, mais de simples citoyens, pourvus seulement d'un solide bon sens, avaient aperçu et dénoncé le danger.

L'inflation avait déclenché une catastrophe qu'aucune menace, qu'aucune sanction, fût-ce la guillotine, ne purent empêcher. Les paysans, sans leur flair coutumier, fuyant la monnaie de papier, ne lachèrent plus leurs produits que contre des espèces metalliques ou contre d'autres produits. D'où resserrement de la production agricole, hausse toujours croissante des prix, disette et famine dans les centres urbains.

Misère générale, et particulièrement des fonctionnaires qui ne sont pas payés ou qui ne reçoivent qu'un papier dérisoire. En même temps, selon une tradition millénaire, les agioteurs, les affairistes, les "vampires", comme on les appelle, exploitent, sans scrupule, le malheur commun...ils jonglent avec les lois, escamotent le papier et en tirent du numéraire, corrompent les agents de l'Etat, se glissent dans l'Etat lui-même ou le tiennent à leur merci. Leur exemple entraîne la démoralisation progressive de tous.

Vainement, les pouvoirs publics ont essayé, pour enrayer l'avalanche, de tout...cours forcé du papier, obligation pour les contribuables de s'acquitter, au moins partiellement en numéraire, lois punissant de mort ceux qui jetteraient le décri, même en paroles, sur l'assignat, rien n'y a fait.

Un geste spectaculaire est toujours plus facile à accomplir qu'un redressement véritable. Il ne restait plus, si l'on peut dire, qu'à résorber la masse flottante des assignats et à leur substituer une monnaie saine.

Le Directoire était trop faible et trop corrompu pour réussir une opération qui réclamait une vertu de cristal et une énergie de fer. Vainement, il tenta par l'emprunt forcé....un impôt de solidarité sur le capital de faire rentrer dans les caisses du Trésor beaucoup de papier et un peu d'argent. Des taxations arbitraires, iniques ou absurdes, rendirent sans effet sa tentative.

Alors pris à la gorge par des créanciers innombrables, il ressuscita l'assignat en lui donnant un autre nom...."le mandat territorial"...gagé, comme l'assignat, sur les biens nationaux et voué, plus que lui, à une dépréciation éclair. Tous les méfaits de l'assignat se reproduisirent, accrus, en un cycle de douze mois, puisque le mandat territorial sombra dans un scandale....le procés de l'Etat avec la compagnie bancaire Dijon...le 16 pluviôse an V (4 février 1797).

Cette fois, le papier-monnaie avait vécu. Il ne restait plus en circulation, pour les transactions privées, que les espèces métalliques, bandes hétéroclites où toutes monnaie....royales, républicaines, étrangère, d'or, d'argent, de bronze, se coudoyaient, se mêlaient, monnaies usées par le frai, rognés par les escrocs, faussent souvent, de valeur si discutée que seuls les changeurs de profession peuvent s'y reconnaître et que des disputes interminables naissent entre acheteurs et vendeurs. Armée idéale pour les spéculateurs, redoutable pour les simples citoyens.

Le prestige du Général Bonaparte vint, pour une bonne part, du fait qu'il prenait l'or et l'argent où ils se trouvaient et les distribuait à ses troupes. Son indépendance à l'égard du Directoire, également. Si le coup d'Etat du 18 Brumaire an VIII réussit aussi aisément, c'est il n'en faut pas douter, que Bonaparte représentait non seulement un Général victorieux, mais un chef qui tirait de la misère ceux qui le suivaient.

le 19 brumaire, Bonaparte et son ministre des Finances, Gaudin, se trouvèrent devant une caisse vide. Avec une promptitude et une décision chirurgicale, le Général qui, à défaut de connaissances techniques, possédait un sens des réalités et un instinct psychologique certains, prit des mesures sévères. Les historiens admirent, à juste titre, qu'en quelques semaines ait été élaboré tout le système qui devait conduire à un rétablissement de nos finances. Redressement qu'il ne fut pas immédiat, il fallut attendre l'an XII (1803-1804) pour que l'édifice financier soit à peu près achevé.

Sans entrer dans la complexité des plans, Bonaparte aperçoit clairement que le crédit de l'Etat est ruiné pour longtemps et que de ce côté-là il n'y a rien à attendre.

Aussi contrairement à l'avis de beaucoup de ses conseillers, il renonce à l'emprunt public, quelles qu'en puissent être les modalités. Il préfère les expédients qui amènent au Trésor de l'argent frais...loterie, rétablissement des cautionnements pour les comptables, comme sous l'ancien Régime, même pour les notaires, qui ne sont pas, cependant des agents de l'Etat...mise en vente d'éléments du domaine, par exemple les marais salants. Au lieu d'entraîner le crédit privé dans la ruine du crédit public, il juge plus profitable d'accrocher le crédit public au crédit privé.

D'où la création, le 28 nivôse an VIII, de la Banque de France qui se substitue à la Caisse des Comptes Courants, dont la dissolution est prononcée ce jour même. Mais il est bien entendu que la Banque de France est un établissement privé, que son capital n'est point livré au gouvernement, et qu'elle n'aura jamais pour débiteurs que des particuliers solvables.

Au surplus, les billets que la banque émet, et qui sont remboursables à vue et au porteur en espèces, demeurent en concurrence avec les billets des autres banques jusqu'au 24 germinal an XI (1803)....date à laquelle la Banque de France reçoit, pour 15 ans, le monopole de l'emission des billets.

Grace à cette séparation de l'Etat et de la Banque, celle-ci résista aux crises qui la secouèrent, parfois rudement. Cependant, les nouveaux billets ne devaient jamais être inférieur à 500 francs. C'est dire que les transactions courantes continuaient à s'effectuer à l'aide des pièces bigarrées qui, ouvertement ou clandestinement étaient toujours demeurées en circulation.

La loi du 7 germinal an XI mit de l'ordre dans cette armée métallique, réforma les invalides, imposa aux autres un même uniforme....l'unité monétaire, le franc, se composa de cinq grammes d'argent au titre de 9/10 de fin. Ce fut seulement à la fin de 1810 que les anciennes monnaies furent, pratiquement, retirées de la circulation et que l'Empire put...durant quelques temps, se vanter d'avoir des finances en ordre et une monnaie saine.

.....FIN..... salut

_________________
" Ne crains pas d'avancer lentement, crains seulement de t'arrêter "   (Sagesse Chinoise).

Jean-Baptiste Guindey, 1785-1813
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http://jeanbaptiste.guindey.pagesperso-orange.fr/
 
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