Forum des Amis du Patrimoine Napoléonien
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 Les Six Feuilles d'Or.....

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2 participants
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Jean-Baptiste
Administrateur adjoint
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Jean-Baptiste


Nombre de messages : 15943
Localisation : En Languedoc
Date d'inscription : 01/01/2007

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MessageSujet: Les Six Feuilles d'Or.....   Les Six Feuilles d'Or..... Icon_minitimeLun 9 Fév - 15:18

......sunny ...... (Source Md... J.R. de Valroger)


En ce matin d'octobre 1804 (Brumaire an II, comme l'on disait encore), rue Saint-Honoré, au 283, à l'enseigne un peu déconcertante du " Singe Violet ", Martin-Guillaume Biennais tient boutique d'orfévrerie. Dans le magasin aux tentures sombres, l'argent des plats et des aiguières prend, au fond des vitrines, une importance somptueuse. Un reflet léger fouille, le long du mur, les détails exquis d'une poignée d'épée. Sur la peluche rouge des comptoirs, les nécessaires de toutes tailles, allant de la minuscule trousse de couture en écaille jusqu'au grand coffre d'ébène incrusté de palmettes, s'entrouvent sur le monde mystérieux de leurs accessoires aux ciselures précieuses.

Derrière cette pièce, d'un luxe austère où quelques commis s'empressent auprès de acheteurs matinaux, se trouve le bureau du maître. Une grande table d'acajou couverte de plans, un très beau secrétaire "Retour d'Egypte" flanqué de ses deux sphinx dorés, une bibliothèque quelques chaises et un mur, des lavis et des cires représentent les plus belles pièces sorties de l'atelier, compose le sobre ameublement de ce lieu où Briennais, penché sur un grand écrin, achève un emballage délicat.

Après avoir fait jouer doucement le souple ressort de la fermeture, l'orfèvre, jetant un regard vers la glace, distribue quelques chiquenaudes aux revers soyeux de son habit....rectifie l'enroulement de la longue cravate de lingerie au centre de laquelle, selon la mode du temps, s'égare son menton osseux....puis prenant le coffret quitte le bureau, traverse hâtivement la boutique, franchit le seuil et, s'enfonçant dans la calèche qui l'attend au bord du trottoir, jette au cocher...."""" Palais des Tuileries.""""

L'ex-pavé du Roi, devenu aujourd'hui celui de l'Empereur, n'est pas tendre aux usagers et les bosses de la pierre associées à celle du capiton noyauteux des voitures donnent au voyageur l'impression de faire du tape-cul sur l'échine d'une vieille haridelle. Vigoureusement bercé par ce rude sautillement, Biennais s'enfonce peu à peu dans le jardin secret de ses souvenirs.

Celui qu'il va rencontrer aujourd'hui dans le palais des rois de France n'est pas seulement pour lui le prodigieux aventurier qui, au nom de la Républque, découpa son empire dans une partie du monde ! C'est également le jeune officier Corse, au maigre buste serré dans un uniforme de fortune qui, neuf ou dix ans plus tôt, fréquentait sa maison, confiant parfois à son hôte attentif ses déboires et ses rêves.

1796...Arcole et Lodi, 1798...Les Pyramides, premiers pas vers la grloire. Biennais revoit dans sa pensée le départ du jeune général dont le regard d'oiseau famélique brûlait déjà l'avenir et qui emportait, dans son maigre bagage, un nécessaire de toilette fourni par lui à fonds perdus.

Retour d'Egypte ! le général Bonaparte, toujours aussi impécunieux, veut monter sa maison et, après quleques échecs auprès de négociants hostiles à tout crédit, vient trouver son viel ami qui sans calcul désobligeant, lui fait alors des fournitures considérables....(Tout cela est relaté dans le discours prononcé le 28 mars 1843 par M. M.A. Tallandier, député de la Seine, aux funérailles de Martin-Guillaume Biennais.)

Le 18 Brumaire, le Consulat et l'Empire ! Le petit Corse avait brûlé les étapes, et Biennais, avec un demi-sourire un peu ému, pense qu'il n'a pas obligé un ingrat. A chaque retour en France, Bonaparte voyait l'orfèvre, s'intéressait à son art et lui commandait quelques objets nouveaux, étendant ainsi la vogue du "Singe Violet". Aujourd'hui, toute la cour se fournit, son renom franchit les Alpes et les Pyrénées, le couronnement proche enfièvre ses ateliers.

Biennais, le front alourdi par la grave responsabilité d'artiste qui reposera sur lui lors de la cérémonie prochaine, aligne dans sa pensée les cinq pièces maîtresses sur lesquelles il oeuvre depuis des semaines...Le Sceptre, la Boule du Monde et la Main de Justice, tous trois en vermeil, le Grand Collier de la Légion d'Honneur et surtout ce qui sera sans doute l'oeuvre de sa vie, la Couronne du Sacre.

D'un geste nerveux il serre contre lui l'écrin précieux qui contient le fruit de tant de rêves, buriné dans l'or pur, un délicas entrelacs de feuille de laurier que l'on dirait chassées en avant par le vent de la gloire...

Les chevaux freinant des quatre pieds devant le palais brisent la méditation de l'orfèvre qui émergeant de son intime rétrospective, gravit rapidement les marches des Tuileries.

Le cabinet de l'Empereur est silencieux ce matin. Assis devant son bureau d'acajou mal éclairé par une fenêtre unique, Napoléon se recueille, caressant de sa main ferme la tête de griffon qui termine le bras de son fauteuil à l'antique. Sur un petit guéridon près de la cheminée s'entasse tout un courrier auquel il n'a pas encore jeté un regard. En fait, l'Europe grondante, peut lui laisser le temps de rêver un instant à sa prodigieuse fortune, à cette chevauchée conquérante à travers les royaumes, qui va se critalliser dans peu de jours par la consécration officielle de sa gloire...Le Sacre.

En un geste de bienvenue, Napoléon s'avance vers le visiteur profondément incliné...."""" Alors Biennais, cette couronne ?"""".....""""La voici Sire."""""....Entrouvant l'écrin qu'il vient de poser près de la fenêtre, sur la table de travail désertée par le secrétaire particulier, l'orfèvre offre respectueusement au souverain les fins lauriers d'or noués sur la nuque, à la romaine. """""Elle est belle, mais il faut l'essayer""""".....Biennais, reprend alors le joyau, le pose doucement sur le front de l'Empereur qui s'est avancé vers une glace. """"""Belle..., mais lourde !""""" ......""""" C'est le poids des victoires, Sire...il faut beaucoup de feuilles pour les rappeler toutes.""""""....."""""Alors oulions-en quelques unes, car je ne saurais courber la tête sous leur faix, au revoir Biennais vous avez crée une oeuvre qui restera."""""

(A propos de ces fournitures du sacre, il est amusant de relever dans Frédéric Masson, leur prix en francs-or de l'époque...La couronne 8000 francs, boite pour la renfermer 1300 francs, le Sceptre 3500 francs, La Main de Justice 2800 francs, la Boule du Monde 1300 francs.)

Napoléon qui n'oublie pas les dettes de Bonaparte, est heureux d'associer à sa gloire celui qui n'hésita pas jadis à aider de ses deniers un petit officier sans fortune et sans nom.

A son retour des Tuileries, Biennais s'enferme en son atelier, il saisit et repose successivement, de ses vieilles mais d'artiste, quelques outils menus. Il oeuvre silencieusement.

Le soir venu, un sourire heureux animant ses lèvres minces, l'orfèvre regagne son logis familial, non sans avoir enfoui précautionneusement, dans les vastes poches de son habit, six petites boites de forme allongée.

La maison de Biennais offre cet aspect riche et glacé que présentent alors celles des grands bourgeois de l'Empire. Sans s'attarder parmi les richesses inanimées des grandes pièces désertes, Biennais se dirige vers le petit salon où il sait devoir retrouver toute la tiédeur de sa vie familiale. Quelques accords de harpe et tout un bourdonnement de jeunesse joyeuse l'accueillent déjà avant qu'il ait ouvert la porte. Six tourbillons juvéniles aux claires robes de très jeunes filles se précipitent vers lui et l'entraînent vers le fauteuil où l'attend sa femme.

Il dit le contentement de l'Empereur...."""""Sa Majesté m'a félicité, mais le poids des lauriers l'incommode un peu. J'ai donc coupé six feuilles.""""" S'interrompant un instant, l'orfèvre extrait de sa poche les boites qu'il y avait enfouies et, les remettant une par une à chacune de ses filles, continua.....""""" Dieu m'a donné six filles. A chacune je remets une de ces feuilles, dans lesquelles j'ai mis beaucoup de moi-même....elles représentent un peu de l'histoire de France...Gardez-les toujours et que vos enfants les gadent après vous."""""

C'est pour cela qu'aujourd'hui, une arrière-petite-fille de Martin-Guillaume Biennais regarde, non sans émotion, briller dans un rayon de soleil une feuille d'or de la couronne du Sacre.

Mais qu'est-il advenu des cinq autres ?......

......FIN.....

salut

_________________
" Ne crains pas d'avancer lentement, crains seulement de t'arrêter "   (Sagesse Chinoise).

Jean-Baptiste Guindey, 1785-1813
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http://jeanbaptiste.guindey.pagesperso-orange.fr/
Invité
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MessageSujet: Re: Les Six Feuilles d'Or.....   Les Six Feuilles d'Or..... Icon_minitimeLun 9 Fév - 17:32

Quelle belle soiree:!:
Cher Jean-Baptiste
J'adore Votre texte et lire quelques fois.
Merci flower
Amities et salut
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Marquise de Chissay

Marquise de Chissay


Nombre de messages : 97
Age : 72
Date d'inscription : 02/11/2007

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MessageSujet: Les Six Feuilles d'Or.....   Les Six Feuilles d'Or..... Icon_minitimeVen 19 Juin - 20:49

Cher Jean-Baptiste

Vous êtes un extraordinaire conteur flower

La RMN l'a déclinée sous forme d'une broche, bracelet et de boucles d'oreilles

Elles me furent offertes par Monsieur pour le bi-centenaire d'Austerlitz
Les Six Feuilles d'Or..... Img_7210

J'ai lu qu'Isabey faisant essayer la couronne à l'Empereur, une feuille s'en détacha et Napoléon lui demanda de la garder. Le peintre enchâssa dans le couvercle d'une tabatière. Serait-ce l'une des cinq ? Elle se trouve à Fontainebleau.

Cordialement
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MessageSujet: Re: Les Six Feuilles d'Or.....   Les Six Feuilles d'Or..... Icon_minitime

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