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 Mémoires Pitoresques....!!!!

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2 participants
AuteurMessage
Jean-Baptiste
Administrateur adjoint
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Jean-Baptiste


Nombre de messages : 15943
Localisation : En Languedoc
Date d'inscription : 01/01/2007

Mémoires Pitoresques....!!!! Empty
MessageSujet: Mémoires Pitoresques....!!!!   Mémoires Pitoresques....!!!! Icon_minitimeJeu 5 Aoû - 13:32

....... Mémoires Pitoresques....!!!! Icon_sunny ......


Mémoires Pittoresques…..Un Bivouac près de la Bérésina… !



Mémoires Pitoresques....!!!! Berezina5....(Gravure de Johann Adam Klem d'après Franz Von Habermann - Institut de France Bibliothèque Tiers Paris)



Souvenirs des Campagnes du Lieutenant-Colonel….. Louis Bégos – 1859.

Louis Bégos.... était issu d'une famille Bourgeoise d'Aubonne, commune Suisse du Canton de Vaud.

(Sources d'une revue historique de 1977).







Enfin nous arrivâmes en vue de Borisow où nous nous attendions à retrouver l’ennemi en force. Le pont de cette ville, sur la Bérésina avait été brûlé, mais nous apercevions facilement les vedettes russes sur la rive droite.

Nous établîmes notre bivouac près de la Bérésina, mais ces bivouacs se trouvaient forcément en contact avec la grande armée, nous étaient trop pénibles.

Il était douloureux pour nous, en effet de voir les débris de cette puissante armée, revenant de Moscou abîmés, et, pour ainsi dire anéantie par les batailles, les privations et le froid. Je ne pouvais m’empêcher de penser à ce qu’elle était en quittant la France, lorsqu’elle traversais la Prusse, en laissant la Pologne pleine d’énergie et d’espérance.

Nous avions souffert, sans doute, mais nous étions arrivés sur les bords de la Bérésina encore pleins d’ardeur et toujours prêts à combattre….et… tandis que nous étions parfaitement organisés, les débris de tous les régiments de la grande armée entouraient notre camp, pressés par la faim, décimés par le froid et les maladies, demandant quelque soulagement à leurs douleurs, et ne trouvant auprès de nous que quelques aliments pour les empêcher de mourir de faim.

Dès ce jour, nous commençâmes à comprendre dans quel abîme de misère nous pouvions nous trouver. Jusqu’alors nous n’avions manqué de rien. Nous avions des vêtements chauds et en bon état, nos chaussures étaient neuves. Notre division avait trouvé un convoi considérable de vêtements, à destination d’un corps Polonais qui n’était plus là.

Pour ce qui me concernait particulièrement, j’étais à une journée de Polotsk, lorsque mon chien découvrit près d’un vieux château, une vaste cachette remplies de bons vêtements de laine, de vivres et de liqueurs de toute espèce. Mon chien d’arrêt était un précieux animal. Je me souviens, il y a longtemps de cela, qu’il s’arrêta court devant un monceau de branches coupées, j’avais beau l’appeler, il ne voulait pas en démordre, enfin au mot « cherche ! »…il se mit à gratter la terre.

Mon domestique m’accompagnait et en creusant un peu, nous découvrîmes des caisses d’excellents vêtements d’hiver, des provisions de bouche, et tout cela à quelque distance du bivouac. Nous refermâmes la cachette, car, dès ce moment, nous ne savions pas trop à quoi toutes ces richesses pouvaient nous servir.

L’Empereur était dans le voisinage, et cherchait à dégager les débris de la grande armée. Elle avait quitté Smolensk, poursuivie par les Russes et les cosaques de Platoff, et elle se dirigeait à marche forcée sur la Bérésina.

Le pont de Borisow était brûlé et ne pouvait être rétabli, Napoléon ayant ordonné de détruire les équipages de pont, nous reçûmes l’ordre de rétrograder et de marcher sur Studianska. Le Maréchal Oudinot nous commandait toujours. Deux ponts étaient presque achevés sur la Bérésina. Les pontonniers, sous les ordres du général Eblé, avaient fait un travail au dessus de tout éloge, malgré les glaçons qui encombraient la rivière. L’un des ponts devait servir à l’infanterie, l’autre à l’artillerie et à la cavalerie.

Le jour où nous allions traverser sur la rive droite, l’Empereur vint à nous, et s’adressant vivement au colonel…. « De quelle force est votre régiment demanda-t-il »….Le colonel surpris par une demande si brusque, ne répondit pas sur le champ. Je vis dans le geste de l’Empereur l’impatience, et dans son regard l’irritation. Se retournant rapidement vers moi qui n’étais qu’à quelques pas du colonel, il m’adressa la même question. Je répondis sans préambule….. « Sire tant de soldats, tant d’officiers » il ne répondit pas et passa autre.

Napoléon n’était plus le grand Empereur que j’avais vu aux Tuileries…il avait l’air fatigué et inquiet. Il me semble encore le voir avec sa fameuse redingote grise. Il nous quitte au galop, parcourut tout le 2è corps d’Oudinot. Je le suivais des yeux, je le vis s’arrêter devant le 1er régiment Suisse qui se trouvait dans notre brigade. Mon ami le capitaine Rey, fut à même de le contempler tout à son aise. Comme moi il fut frappé de l’inquiétude de son regard.

En descendant de cheval, il s’était appuyé contre les poutres et des planches, qui devaient servir à la construction du pont. Il baissait la tête, pour la relever ensuite d’un air de préoccupation et d’impatience…et s’adressant au général du génie Eblé….. « C’est bien long mon général ! C’est bien long ! »….. « Sire vous le voyez, mes hommes sont dans l’eau jusqu’au cou, les glaçons interrompent leur travail…je n’ai point de vivres et d’eau-de-vie pour les réchauffer. »….. « Assez ! Assez ! répondit l’Empereur »…il se mit de nouveau à regarder la terre.



Peu de moment après, il recommença ses plaintes, et paraissait avoir oublié les observations du général. De temps à autre, il prenait sa longue vue. Connaissant les mouvements de l’armée Russe, qui arrivait à marches forcées des bords du Dniéper, il craignait d’être coupé et à la merci de l’ennemi, qui voulait nous envelopper de trois côtés à la fois, avant que les ponts fussent achevés. Je ne sais si je me trompe, mais je crois que ce moment fut un des plus cruels de sa vie. Sa figure ne trahissait cependant pas d émotion…on y reconnaissait que de l’impatience.

Nous passâmes sur la rive droite de la Bérésina. Le pont me parut peu solide. Nous le traversâmes avec les vaillants cuirassiers de Doumerc et les Suisses des trois autres régiments, en tout huit mille hommes d’élite.

C’était le 27 novembre au soir. En débouchant sur la rive droite, nous rencontrâmes quelques voltigeurs d’avant-garde russe qui furent délogés dans la soirée. Nous nous installâmes, pour passer la nuit du 27, dans un bois, à porté de canon du pont que nous venions de traverser.

Pour plusieurs de mes concitoyens qui ne connaissent pas l’agrément d’un bivouac, il sera peut-être intéressant de leur en faire connaître certains détails. Lorsque l’ennemi est éloigné, un bivouac se supporte assez gaiement….la troupe allume de grands feux, prépare son ordinaire, et la nuit se passe sans trop de souffrances. Mais quand l’ennemi est proche, il est expressément défendu d’attirer son attention.

La forêt que nous occupions était de haute futaie, les arbres assez épais, la terre et les sapins couverts de neige. Comme nous n’avions presque rien mangé pendant la journée, le bivouac était fort peu récréatif, surtout à cause du voisinage des Russes. La nuit venue chaque soldat prit son sac en guise d’oreiller, et la neige pour matelas, avec son fusil sous la main.

Un vent glacial soufflait avec force, nos hommes se rapprochaient les uns des autres, pour se réchauffer mutuellement. Les sapins les plus gros avaient retenu la neige, et, sous cette espèce d’ombrage, nous souffrions moins. Nos vedettes étaient à leur poste, et les officiers, la plupart appuyés contre un arbre, redoutant une surprise, ne fermèrent pas l’œil de la nuit.

Nos réflexions étaient loin d’être couleur de rose….la faim et la soif nous talonnaient, et nous sentions que, le jour venu, nous aurions de rudes combats à soutenir, mais ce n’était pas là ce qui nous inquiété….au contraire, nos hommes n’attendaient que le moment et l’heure d’en venir aux mains.

La nuit se passa assez tristement, avec un froid intense…et…à peine, l’aube commençait-elle à paraître, que nous aperçûmes à travers les clairières de la forêt, de nombreuses colonnes russes, qui, dès la veille, avaient sans doute, reçu l’ordre de nous attaquer et de nous rejeter dans la Bérésina.



FIN.

Mémoires Pitoresques....!!!! Salut





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" Ne crains pas d'avancer lentement, crains seulement de t'arrêter "   (Sagesse Chinoise).

Jean-Baptiste Guindey, 1785-1813
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Percy
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Percy


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Age : 65
Localisation : Bruxelles
Date d'inscription : 01/04/2007

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MessageSujet: Re: Mémoires Pitoresques....!!!!   Mémoires Pitoresques....!!!! Icon_minitimeJeu 5 Aoû - 19:46

Un beau récit qui sonne vrai et qui nous donne un émouvant aperçu de ce que durent endurer ces hommes.
Un grand merci à vous J-B ! salut
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Mémoires Pitoresques....!!!!
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