De tous temps, les harengères, ou poissardes, furent célèbres pour leur franc-parler et leurs rudes manières, à tel point que l'on surnomma ainsi toutes les femmes rustiques et fortes en gueules, disant des paroles ou faisant des actions insolentes.
Chaque jour, le maître queu du roi venait choisir sur l'étal les plus beaux spécimens : C'était ensuite le tour des maîtres d'hôtel, puis des servantes des petits bourgeois. Pour finir, les pauvres gens, bien évidemment, se contentaient de la marchandise la moins enviable. "Les poissonnières de Paris ne vendent le poisson que quand il va se gâter. Elles tiennent le marché tant qu'elles veulent. Il n'y a que le Parisien au monde pour manger ce que révolte l'odorat : quand on lui en fait le reproche, il dit qu'on ne sait que manger et qu'il faut qu'il soupe. Il soupe, et avec ce poisson à moitié pourri, il se rend malade." (Louis-Sébastien-Mercier les tableaux de Paris).
Malgré tout, les harengères bénéficiaient d'une vraie popularité et d'un statut à part au sein des métiers de rues. Une place d'honneur leur était réservée dans les cérémonies. Elles venaient rituellement présenter leurs félicitations au roi et à la reine à la naissance d'un fils de France.
Elles connurent même la célébrité "Madame Angot ou la poissarde parvenue" fut un énorme succès théâtral. Et pendant un temps, les Parisiens à la mode s'exprimèrent en style poissard.
La tradition de grande gueule se maintint chez les dames de la Halle.
Ainsi, ce dialogue recueillit par J. Doucet, dans Les Métiers de Paris. La scène se passe à la fin du XIXe, devant un état de poissons. Passe une cliente : "Est-il bien frais votre poisson ? Il n'est pas très vivant !
-Et vous, rétorque la poissonnière, vous êtes bien vivante et pourtant vous n'êtes pas fraîche"
Source : Métiers oubliés de Paris, Laurence Berrouet et Gilles Laurendon, édition Parigramme