Marcy (Marie-Françoise-Jacobine),

Marie-Françoise-Jacobine Mercy fut désignée au Préfet de la Seine par le maire du village de Colombe, comme méritant, par sa sagesse et sa conduite, d'obtenir la dot de six cent francs qu'un décret impérial accordait à plusieurs jeunes filles, à l'occasion du couronnement de l'Empereur. Le préfet prit, en conséquence, un arrêté qui autorisait le maire de Colombe à proclamer celle désignait. Le maire l'appela pour lui donner lecture de l'arrêté du préfet. La jeune fille, fondant en larmes, lui dit « Je ne crois pas mériter tant de bontés, je vous en remercie ». Puis, se jetant au cou de sa mère, qui l'avait accompagnée, elle ajouta : « Vous voyez ma mère, elle est bien faible, souvent malade ; elle n'a rien ; il faut pourtant nourrir aussi mes deux jeunes frères, et mon grand-père, qui est très vieux et très infirme. Je suis seule dans la famille en état de travailler pour les autres ; si je me mariais, j'aurais d'autres devoirs à remplir, et qui donc aurait soin de mes parents ? Non, Monsieur le maire, jamais. C'est moi qui remplacerai toujours auprès de ma famille, mon père que nous avons perdu. Je ne veux, ni ne dois me marier ; je vous prie de remercier M. le Préfet, et de lui dire que, malgré mon refus, nous prierons toujours Dieu pour qu'il comble l'Empereur et sa famille de ses bénédictions. »
L’Impératrice ayant été informée de cet acte de piété filiale, a fait parvenir à la jeune Marcy une somme de mille francs, non pas pour lui servir de dot, mais pour en être fait par elle l'usage qu'elle jugerait convenable.

Dictionnaire Historique de la Jeunesse, ou notices sur les jeunes gens des deux sexes qui, ayant l'âge de vingt ans, ont acquis quelque célébrité, soit par des actions d'éclat, soit par leur esprit, leurs talents, leurs vertus, leurs malheurs, etc, etc, depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours. Par A. Antoine, auteur des Beautés de la nature, dans les quatre parties du monde, de l'esprit des enfants, etc. Paris, à la Librairie Historique, rue saint-honoré, n°123, hôtel d'Aligre, ou rue Bailleul, n°12 ; 1822