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Méritent-ils d'être au Panthéon ?
MIRABEAU
Ne voulait pas sortir de l'Assemblée, sauf à tâter de la baïonnette
VOLTAIRE
Philosophe et écrivain, comme Rousseau
RENÉ DESCARTES
Philosophe. "Cogito ergo sum"
LOUIS-MICHEL LEPELETIER DE SAINT-FARGEAU
"Premier martyr de la Révolution"
JEAN-PAUL MARAT
Député montagnard tué dans son bain
JOSEPH BARA
Tué à 14 ans pour la Révolution
JOSEPH AGRICOL VIALA
Jeune de 13 ans qui aimait couper les amarres
JEAN-JACQUES ROUSSEAU
Philosophe et écrivain, comme Voltaire
AUGUSTE MARIE HENRI PICOT DE DAMPIERRES
Général de la Révolution
FRANÇOIS DENIS TRONCHET
Président de l'Assemblée Constituante au début de la Révolution
CLAUDE-LOUIS PETIET
Militaire, ministre de la guerre
JEAN-ÉTIENNE-MARIE PORTALIS
Père de l'édit de tolérance de 1787
JEAN-BAPTISTE-PIERRE BEVIÈRE
Rédacteur du serment du Jeu de paume
LOUIS-JOSEPH-CHARLES-AMABLE D'ALBERT DE LUYNES
Aristocrate rallié au Tiers Etat
LOUIS-PIERRE-PANTALÉON RESNIER
Ecrivain et sénateur
JEAN-FRÉDÉRIC PERREGAUX
Premier dirigeant de la Banque de France
JEAN-PIERRE FIRMIN MALHER
Général souvent vu pendant la campagne d'Italie
PIERRE JEAN GEORGES CABANIS
Médecin, poète et philosophe
FRANÇOIS BARTHÉLEMY BEGUINOT
Général et comte d'Empire
ANTOINE-CÉSAR DE CHOISEUL-PRASLIN
Général, sénateur
AUGUSTE JEAN-GABRIEL DE CAULAINCOURT
Encore un militaire
GIROLAMO-LUIGI DURAZZO
Dernier doge de Gênes qui servit de Napoléon
JEAN-BAPTISTE PAPIN
Juriste et homme politique
JOSEPH-MARIE VIEN
Peintre du roi
PIERRE GARNIER DE LABOISSIÈRE
Général de cavalerie, sénateur et comte d'Empire
JUSTIN BONAVENTURE MORARD DE GALLES
Amiral et comte d'Empire
JEAN-PIERRE SERS
Comte d'Empire et sénateur
EMMANUEL CRÉTET
Directeur des Ponts et Chaussées.Le canal de l'Ourcq, c'est lui
LOUIS CHARLES VINCENT LE BLOND DE SAINT-HILAIRE
Général blessé à Essling
JEAN LANNES
Maréchal d'Empire, brave parmi les braves
GIOVANNI BATTISTA CAPRARA
Négociateur du Concordat de 1801
JEAN-BAPTISTE TREILHARD
Père du Code civil et du Code pénal
CHARLES PIERRE CLARET DE FLEURIEU
Marin et, à ce titre, ministre de la Marine
NICOLAS MARIE SONGIS DES COURBONS
Commandant de l'artillerie, comte d'Empire
CHARLES ERSKINE DE KELLIE
Un cardinal qui ne fut jamais prêtre
ALEXANDRE-ANTOINE HUREAU DE SÉNARMONT
Artilleur, baron d'Empire
MICHEL ORDENER
Général qui s'illustra à la bataille d'Austerlitz
LOUIS ANTOINE DE BOUGAINVILLE
Navigateur
JEAN-GUILLAUME DE WINTER
Amiral, traître en Hollande, bon ami de Napoléon
JEAN MARIE PIERRE DORSENNE
Général
JOSEPH-LOUIS LAGRANGE
Mathématicien
JEAN-IGNACE JACQUEMINOT
Avocat et comte d'Empire
HYACINTHE-HUGHES TIMOLÉON DE COSSÉ-BRISSAC
Chambellan de Madame-Mère
JUSTIN DE VIRY
Piémontais puis préfet de l'Empire
JEAN ROUSSEAU
Encore un soutien de Napoléon
FRÉDÉRIC HENRI WALTHER
Général à cheval des campagnes napoléoniennes
JEAN-NICOLAS DÉMEUNIER
Passé de censeur royal à soutien de Napoléon
JEAN-LOUIS-ÉBÉNÉZER REYNIER
Général et comte d'Empire
CLAUDE AMBROISE RÉGNIER
Juge de l'Empire
CLAUDE-JUSTE-ALEXANDRE LEGRAND
Général, s'est illustré à Austerlitz
ANTOINE-JEAN-MARIE THÉVENARD
Marin, sénateur et comte d'Empire
IPPOLITO-ANTONIO VINCENTI-MARERI
Cardinal rallié à Napoléon
JACQUES-GERMAIN SOUFFLOT
Architecte du Panthéon
VICTOR HUGO
Poète qui marche souvent à l'aube
DE LA TOUR D'AUVERGNE-CORRET
"Premier grenadier de la République"
LAZARE NICOLAS MARGUERITE CARNOT
Conventionnel, général et scientifique
JEAN-BAPTISTE BAUDIN
Mort sur une barricade pour quelques francs
FRANÇOIS SÉVERIN MARCEAU
Général de la République
SADI CARNOT
Président de la République, assassiné par un anarchiste
SOPHIE BERTHELOT
Parangon de "vertu conjugale"
MARCELLIN BERTHELOT
Chimiste et homme politique
EMILE ZOLA
Auteur de "J'accuse", un peu journaliste, beaucoup écrivain
LÉON GAMBETTA
En tournée pour la République
JEAN JAURÈS
Il a fondé L'Humanité. En 1905
PAUL PAINLEVÉ
Mathématicien et homme politique
PAUL LANGEVIN
Physicien
JEAN PERRIN
Physicien
FÉLIX ÉBOUÉ
A rallié l'Afrique à la France Libre du Général de Gaulle
VICTOR SCHŒLCHER
Figure de la lutte pour l'abolition de l'esclavage
LOUIS BRAILLE
Inventeur de l'écriture pour les aveugles
JEAN MOULIN
Résistant entré au son de la voix de Malraux
RENÉ CASSIN
Auteur de la Déclaration universelle des droits de l'homme
JEAN MONNET
Le papa de l'Union européenne
HENRI GRÉGOIRE
Abbé, voulait donner la citoyenneté française aux juifs
GASPARD MONGE
Fondateur de l'Ecole polytechnique
NICOLAS DE CONDORCET
Philosophe, révolutionnaire et mathématicien
PIERRE CURIE
Physicien, prix Nobel de physique en 1903
MARIE CURIE
Physicienne, prix Nobel de physique en 1903, puis prix Nobel de chimie en 1911
ANDRÉ MALRAUX
Le premier ministre de la Culture
ALEXANDRE DUMAS
Ecrivain. "Les Trois Mousquetaires", c'est lui
Hollande veut faire entrer une femme au Panthéon. Avec 72 hommes pour 2 femmes, on est en effet loin de la parité. Rue89 vous propose une appli pour mieux connaître les panthéonisés et savoir qui, selon vous, mériterait d’en sortir.
François Hollande l’a promis : la prochaine personnalité inhumée au Panthéon sera une femme. C’est qu’il y a de la marge. Seules Marie Curie et Sophie Berthelot reposent au sein du « Temple de la patrie ». A côté de 70 hommes. Et encore, Sophie Berthelot n’est là que pour sa « vertu conjugale ». Ne faisant qu’accompagner son mari, le chimiste Marcellin Berthelot, elle n’est pas à proprement parler « panthéonisée ».
Les associations féministes ont adressé à François Hollande une pétition pour pousser, entre autres, les dossiers de Louise Michel, Simone de Beauvoir, Germaine Tillion, Olympe de Gouges et de la Mulâtresse Solitude. Avant d’inciter à voter pour l’une de ces dernières via la consultation lancée le 2 septembre sur le site du Centre des monuments nationaux.
Les résultats du vote devraient être connus à la fin du mois de septembre, avant une éventuelle décision du président de la République.
Trop de comtes d’Empire
Mais à force de faire entrer des gens au Panthéon, on finit par se demander si la montagne Sainte-Geneviève ne va pas déborder d’ossements, de cœurs en urnes, de cendres et de cercueils pleins ou vides. Le temps ne serait-il pas venu de faire un peu de place pour faire entrer des femmes ?
A-t-on besoin, par exemple, d’un tel bataillon de comtes d’Empire ? Sous Napoléon, ils sont une quarantaine de dignitaires, pour la plupart morts dans leurs sièges de sénateurs, a avoir été placés dans les caveaux du bâtiment.
Jean-François Decraene, auteur du « Petit dictionnaire des grands hommes du Panthéon », a un avis tranché sur la question :
« Personnellement, je pense qu’ils n’ont rien à faire là. Le Panthéon étant le réceptacle des vertus civiques, valeurs exemplaires de l’unité nationale. »
Reprise des expulsions
Et puisqu’on est lancé, pourquoi ne pas retirer les restes de Soufflot, Schoelcher et Berthelot qui, eux aussi, sont inhumés là pour des raisons toutes différentes de celles évoquées dans le décret fondateur (datant du 4 avril 1791) ?
Soufflot est l’architecte du Panthéon. C’est lui qui a demandé a y être inhumé. Ce qui fut fait en 1829. Sans « panthéonisation » ;
Schœlcher : on ne parle pas de Victor, figure de l’abolition de l’esclavage, mais de Marc, son père. Ce dernier partage une sépulture avec son fils. En loucedé ;
n’en déplaise à la parité, Sophie Berthelot n’a rien à faire là. D’autant que la mention « vertu conjugale » en irrite beaucoup.
Tant qu’on y est, on bloquera également l’arrivée du crâne de Descartes. Le transfert du philosophe a bien été décidé par les révolutionnaires, mais le décret ne fut jamais mis en application. Depuis, la chose est disputée par François Fillon et des parlementaires amateurs de « panthéonade ».
D’un seul coup, on passe de 72 personnes inhumées à une petite trentaine. De quoi rétablir plus facilement la parité.
Trop plein en 2697
Arrêtons cette pulsion « table rase » un instant. Louis-Philippe Ier a porté le nombre de places disponibles dans le bâtiment à 300. Il reste donc 228 emplacements disponibles. A raison d’une inhumation tous les trois ans (moyenne depuis 1791), le bâtiment ne débordera qu’en 2697. Le temps de voir venir.
Qu’importe. Voici d’autres sépultures que l’on pourrait sucrer :
celle de Condorcet : son tombeau est vide car son corps, jeté dans une fosse commune, n’a jamais été retrouvé. N’en déplaise à ce grand philosophe, père de la notion de progrès, une plaque sur un mur pourrait suffire. C’est d’ailleurs ce à quoi on eu le droit Henri Bergson, Aimé Césaire et Saint-Exupéry ;
même chose pour le résistant Jean Moulin : il est peut-être l’un de ceux qui méritent le plus d’y être, mais ses restes n’ont jamais pu être identifiés. Ce sont ses cendres « présumées » qui se trouvent au Panthéon.
On pinaille injustement. D’autant que d’autres sépultures sont aussi biens légères (celles de Voltaire et Rousseau, ouvertes en 1897 par le chimiste Marcellin Berthelot).
« Le premier entré, le premier sorti »
Impossible d’enlever des urnes ou des cercueils ? Pourtant cela s’est déjà fait (sous des conditions un peu particulières, il est vrai) :
Mirabeau fut éjecté du bâtiment après la découverte de sa correspondance avec Louis XVI et l’Angleterre. « Le premier entré, le premier sorti », commente Pascal Monnet, administrateur aux Monuments nationaux ;
le révolutionnaire Marat, jugé un peu trop tranchant pour coller à la mystique républicaine, a lui aussi été retiré ;
les restes de Louis-Joseph-Charles-Amable d’Albert de Luynes, aristo rallié au Tiers Etat, ont été rendus à sa famille (à sa demande) ;
même chose pour Louis-Michel Le Peletier de Saint-Fargeau, « premier martyr de la Révolution ».
Et vous, qui retireriez-vous du Panthéon pour faire un peu de place ?