Bonne lecture
LES COMPAGNIES FRANCHES CORSES 1796-1800
Après l’évacuation de l’ile par les Anglais et le retour des forces françaises, en octobre 1796, les autorités militaires vont créer un ensemble de compagnies franches, pour former des colonnes mobiles, et épauler la gendarmerie et les troupes.
Bien qu’ il y ait officiellement une amnistie, le but est de traquer les partisans paolistes mais aussi d’exercer une répression sur les prêtres réfractaires, ce qui aboutira à des révoltes dans le Fiumorbu :la plus célèbre étant celle dite de la Crocetta. Considérant que cette politique est contre-productive, un bémol y sera mis au début du Consulat.
Dès la reprise de l’île, 5 puis 7 compagnies franches sont formées dans le département du Golo :
3 compagnies provisoires de 50 hommes dont une de sapeurs entre frimaire et pluviôse an 5 (les deux premières sont destinées pour l’armée d’Italie), puis 3 nouvelles compagnies franches le 4 avril 1797, et une compagnie d’éclaireurs le 11 septembre 1797.
Six compagnies franches sont levée dans le Liamone autour d’Ajaccio, entre novembre 1796 et septembre 1797. On parle d’ «éclaireurs »
Ces premières compagnies étant ou s’étant peu à peu dissoutes.
En mai 1798, au large de la Corse et en partance pour l’Egypte, Bonaparte écrit à Berthier de former des chasseurs corses pour renforcer dans le futur son expédition
« Vous trouverez ci-joint citoyen général, l’organisation d’un corps de chasseurs d’infanterie légère. Mon intention est de lever 3 de ces corps dans le département du Liamone , et 3 dans celui du Golo. Dans le Liamone, j'ai choisi le citoyen Antoine Lauro , chef d’escadron de Gendarmerie, Bouelle , chef de bataillon et Hugues Peretti pour commander ces corps. Le citoyen Nunzio Costa (de Bastelica) sera capitaine dans le premier, Joseph Lapoin ,ci devant lieutenant de Gendarmerie dans le second , et Ortoli di Tarano, ci devant capitaine dans un des quatre premiers bataillons de formation corse dans le troisième.
Les deux premiers de ces corps se rendront à Ajaccio, le troisième à Bonifacio et le département du Golo à Bastia.
Dès l’instant ou ces corps seront complets, un commissaire des guerres les passera en revue, les fera solder et embarquer ; Ceux du département du Golo pour Porto Vecchio, idem ceux du Liamone.
Il faudrait que le 10 messidor , ces différents corps fusent rendus à Porto Vecchio, prêts à partir.
Vous donnerez l ordre qu'on leur fournisse des magasins et des arsenaux, des armes et des habillements si il y en a. Chaque homme embarquera avec lui 100 cartouches et 6 pierres à fusil. »
Le 14 juin après la prise de Malte, Bonaparte les réclame :
« Vous donnerez ordre, citoyen général part la frégate « La Sensible « qui part ce soir aux 3 compagnies de carabiniers de la 23e Légère ( alors stationnées en Corse) ainsi qu’aux différentes compagnies franches corses qui doivent embarquer à Porto Vecchio de se rendre sous l escorte de la frégate « La Badine » à Malte où elles recevront de nouveaux ordres »…
Ce que Bonaparte ne sait pas: c’ est que la frégate « la Sensible » est prise le 28 juin par les Anglais , ayant jeté à la mer ses dépêches , et les drapeaux de l’ordre de Malte qu’elle ramenait en France. Le général Baraguey d’ Hilliers à son bord est capturé.
Le 29 juin à Alexandrie , Bonaparte réclame au général Vaubois qui commande à présent la garnison de Malte de lui envoyer les compagnies franches corses…
En Corse, deux compagnies de chasseurs ou éclaireurs de 77 hommes sont organisées en septembre 1798 dans le Golo par le général Ambert . Deux autres compagnies de chasseurs seront formées pour le Liamone en décembre, dissoutes en août 1799.
A son retour d‘ Egypte, en septembre 1799, Bonaparte prescrit la formation d’ une compagnie franche pour chaque département corse . Formées de volontaires pour 4 ans, comprenant 4 officiers, 1lieutenant, deux sous-lieutenants, 1 sergent major, 6 sergents, 1 fourrier, 12 caporaux, 124 fusiliers et deux tambours.
Dès janvier 1800, Bonaparte prévoit de lever 6 bataillons dans les départements du Golo et du Liamone en vue d’une expédition contre la Sardaigne.
Ceci ne rentrera pleinement en application qu’ en 1803, sans qu’ il ne soit question de la Sardaigne.
Sources
-Correspondance Napoléon
-Dominique Buresi :Les Corses au combat sous trois drapeaux 1792-1815, Edition DCL , Ajaccio, 2003
-J-F Giffon Scapula, mémoire pour le master d Histoire Paris IV : Les troupes corses de la Révolution au Premier Empire »