Le chantre de l'Empire, Béranger, ne pouvait passer sous silence le Champ d'Asile.
Au Champ d'Asile (air : romance de Bélisaire)
Un chef de Bannis courageux
Implorant un lointain asile
A des sauvages ombrageux
Disait : L'Europe nous exile
Heureux enfants de ces forêts
De nos maux apprenez l'histoire
Sauvages, nous sommes Français
Prenez pitié de notre gloire !
Elle épouvante encore les Rois,
Et nous bannit des vieux chaumes,
D'où, sortis pour venger nos droits,
Nous avons dompté vingt royaumes !
Nous allons conquérir la paix
Qui fuyait devant la victoire....
Sauvages nous sommes français
Prenez pitié de notre gloire !
Dans l'Inde, Albion a tremblé,
Quand de nos soldats intrépides,
Les chants d'allégresse ont troublé
Les vieux échos des Pyramides.
Les siècles pourtant de ces hauts faits
N'auront pas assez de mémoire
Sauvages, nous sommes Français,
Prenez pitié de notre gloire !
Et voici qu'un sauvage alors
S'écrie : Dieu, calme les orages !
Guerriers, partagez nos trésors,
Séchez vos pleurs sous nos ombrages.
Gravant sur l'arbre de la paix
Ces mots d'un fils de la victoire :
Sauvages, nous sommes Français,
Prenez pitié de notre gloire !
Le champ d'Asile est enfin créé.
Elevez-vous, cité nouvelle !
Soyez un port assuré
Contre la fortune infidèle
Peut-être un jour de vos hauts faits
Vos fils nous raconteront l'histoire.
Sauvages, nous sommes Français,
Prenez pitié de notre gloire !
Source : Autour de l'Aigle enchaîné (le complot du champ d'asile) de Maurice Soulié.