L’ARTILLERIE REGIMENTAIRE EN ESPAGNE
Napoléon écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre, le 12 juin 1811 : "Monsieur le Duc de Feltre, je reçois votre lettre du 11 ; j'y remarque une inexactitude. Le 5e Léger a sa compagnie d’Artillerie. Je pense que le 60e l'a également, puisqu'il faisait partie de l'armée d'Allemagne, et qu'il se trouvait à la bataille de Wagram.
Je vois que vous faites fournir les pièces de régiment des l0e, 20e et 60e par la France. Ces 3 régiments et le 81e se rendent à Pampelune. Il y a là beaucoup d'artillerie et de pièces de 4 espagnoles. Il serait préférable de prendre ce matériel dans cette place. Pour le 3e de Ligne et le 105e, ne pourrait-on pas prendre leur artillerie à Burgos où il y a beaucoup de pièces de 4, pour ne pas affaiblir le matériel qui est en France ?
Même observation pour les 10e Léger, 52e, 1er, 62e, 101e de Ligne et le 23e Léger.
Ainsi donc, je désire qu'il ne soit point donné d’artillerie de France à aucun de ces régiments et que cette artillerie soit prise à Pampelune et à Burgos ; que les compagnies d’artillerie des 3e et 105e de Ligne, 10e et 5e Léger se réunissent à Rennes, qu'elles se procurent là leurs chevaux, caissons et harnais ; que les compagnies des 10e, 20e et 60e se réunissent à Nîmes, qu'elles attendent là leurs chevaux et caissons, et lorsqu'elles seront complétées, rejoignent leur division ; que les compagnies du 23e Léger, 52e, 1er de Ligne, 62e et 101e se réunissent à Nîmes y acheter leurs chevaux, harnais et caissons et partent ensuite pour rejoindre en Espagne leurs divisions. Donnez des ordres en conséquence. Les régiments peuvent aller en avant, sans attendre leur compagnie d'artillerie. Mon intention étant de faire séjourner une quinzaine de jours ces régiments dans la Biscaye et dans la Navarre, leurs compagnies d'artillerie auront le temps de les rejoindre.
Donnez ordre que l'on mette en réserve à Burgos et à Pampelune le nombre de pièces de 4 nécessaire ; cela ménagera le matériel de France. J'ai déjà d'ailleurs trop d'artillerie en Espagne.
Vous donnerez l'ordre à la compagnie d'artillerie du 23e léger de partir d'Auxonne pour se rendre au Pont-Saint-Esprit où elle s'embarquera pour Nîmes. La compagnie d'artillerie de ce régiment se procurera à Nîmes les chevaux, harnais et caissons, comme je l'ai dit plus haut. Les pièces lui seront fournies en Espagne.
Napoléon" (Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27280).
Toujours le 12 juin 1811, l'Empereur écrit également, depuis Saint-Cloud, au Général Lacuée, Ministre de l'Administration de la Guerre : "Monsieur le comte de Cessac, les 81e, 60e, 20e et 10e de ligne qui font partie du corps d'observation de réserve, ayant quatre bataillons, doivent avoir une compagnie d'artillerie et deux pièces de canon, 3 caissons, un caisson d'infanterie par bataillon et un caisson de transports militaires. J'ai donné l'ordre que les compagnies d'artillerie des 60e, 20e et 10e de ligne séjournassent à Nîmes pour réunir leurs chevaux, harnais et caissons et se mettre en état de se porter sur Pampelune qui est la destination de ces régiments. Quant au 81e, je pense que sa compagnie d'artillerie est déjà à Pampelune. Donnez-lui l'ordre d'acheter des chevaux. Si elle ne peut pas s'en procurer à Pampelune, faites-la venir à Pau où elle trouvera plus de facilités.
Les bataillons d'élite des 3e et 105e et 52e de ligne, le 10e léger et le 5e léger font partie du même corps. Les 5e et l0e légers et les 3e et 105e de ligne laisseront leurs compagnies d'artillerie à Rennes ; et celles-ci n'en partiront que lorsqu'elles auront leurs chevaux, caissons et harnais. Quant au 52e, sa compagnie d'artillerie restera à Nîmes où elle se procurera les chevaux, harnais et caissons nécessaires.
Le 5e léger doit avoir des caissons pour quatre bataillons parce que les deux bataillons que ce régiment a en Aragon le rejoindront. Le 10e léger a quatre bataillons ; les 3e de ligne, 105e et 52e n'ont que deux bataillons.
Les 1er, 62e et 101e de ligne et 23e léger qui font partie du même corps de réserve doivent avoir également leurs compagnies d'artillerie. Ces compagnies séjourneront à Nîmes jusqu'à ce que leur chevaux, harnais et caissons soient complets et en état.
Prévenir le commandant du 23e léger qui est à Auxonne et qui n'a pas encore reçu l'ordre d'en partir, et les commandants des 1er, 62e et 101e qui sont en marche de Turin pour Grenoble qu'ils doivent réunir à Nîmes les chevaux, harnais et caissons de leur compagnie d'artillerie. C'est vous qui devez faire fournir aux compagnies d'artillerie régimentaires les harnais, caissons et chevaux. Faites-moi un rapport sur cela. Je désire que les compagnies d'artillerie ne séjournent qu'une quinzaine de jours au plus dans la ville où elles se formeront, après le passage des régiments.
Nap" (Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27286).