Le Mémorial de la bataille de Waterloo mis à mal (05/01/2007)
Le Conseil d'Etat suspend son permis. Avant annulation demandée...
BRAINE-L'ALLEUD C'est l'histoire du pot de terre contre le pot de fer. Et pour une fois, c'est le pot de terre - une ex-propriétaire qui a agi seule dans l'urgence, car il était difficile d'organiser les assemblées des associations napoléoniennes - qui l'emporte sur la Région wallonne.
Sur la Morne Plaine, c'est une nouvelle explosion qui vient de retentir et dont l'onde de choc n'est pas près de s'adoucir. Le Conseil d'Etat a, en effet, suspendu, en date du 15 décembre 2006, le permis de bâtir du Mémorial et de la route de contournement du Hameau du Lion, considérant que la réalisation de ce projet risque de causer "un préjudice grave difficilement réparable" .
La procédure en annulation du permis est désormais en cours, mais l'on imagine mal la Région wallonne déposer un projet identique, sous peine de le voir casser une nouvelle fois devant le Conseil d'Etat...
Une chose est sûre, Marie-Thérèse Brassinne-Vandergeeten ira jusqu'au bout. D'autant plus qu'elle sait que le Conseil d'Etat a reconnu qu'en "présence d'un site classé et, qui plus est, d'un site faisant partie du patrimoine exceptionnel de la Région, une personne, physique ou morale, de droit privé, puisse agir en justice pour la préservation de ce patrimoine qui est, selon elle, menacé par un permis d'urbanisme" . Voilà en tout cas une première !
D'autre part, le Conseil d'Etat reconnaît explicitement le bien-fondé de son argumentation. Marie-Thérèse Brassinne-Vandergeeten rappelle ainsi la loi de protection du Champ de bataille de Waterloo du 26 mars 1914 qui stipule qu'il est "interdit de faire aucune plantation d'arbres de haute futaie, d'élever des constructions ou des bâtiments, d'ouvrir des carrières, de pratiquer des fouilles de quelque nature qu'elles soient, sans autorisation du gouvernement. Il ne pourra être effectué aux constructions et bâtiments existants aucune modification ni travail confortatif, sans la même autorisation."
Pour la requérante, démolir le Centre du visiteur est donc interdit. Sans autorisation du gouvernement wallon. Or, le permis visé n'a été délivré que par le fonctionnaire délégué de la Région wallonne...
Plus fondamental encore, Marie-Thérèse Brassinne-Vandergeeten voit sa deuxième thèse admise puisque la présidente du Conseil d'Etat note que le Mémorial et "la route nouvelle qui est destinée à traverser le champ de bataille" "de couper à un endroit stratégique, et de la sorte dénaturer, la crête dite des Anglais qui présente un intérêt historique incontestable" . Et de nous expliciter : "C'est sur le Chemin Creux que Wellington avait concentré son dispositif, avec quelques hommes visibles dans les blés, tandis que le reste de ses infanterie, cavalerie et artillerie, attendait dans la contre-pente. Avec le Mémorial, on aurait un Chemin Creux suspendu dans les airs ! Allez encore expliquer aux touristes ce qui s'est passé là ?"
Jean-Philippe de Vogelaere
© La Dernière Heure 2007
Voir aussi sur : http://www.dhnet.be/dhinfos/article.phtml?id=163422
Ven 5 Jan - 10:49