Général GERARD Étienne Maurice GERARD, né à DAMVILLIERS (MEUSE) le 4 avril 1773 et mort à PARIS le 14 avril 1852. Fils de Jean GERARD (1739-1801), huissier royal et audiencier de la Prévôté Royale de DAMVILLIERS et de MARVILLE puis négociant à DAMVILLIERS et de Marie-Jeanne SAINT-REMY.
Étienne Maurice GERARD participa à toutes les Campagnes de l'EMPIRE et gravit tous les échelons de la carrière militaire.Engagé à dix-huit ans le 11 octobre 1791 dans le 2èmè Bataillon de Volontaires de la MEUSE, nommé Grenadier un an plus tard, il reçut le baptême du feu en 1792 dans les défilés de l'ARGONNE, sous les ordres de DUMOURIEZ, avant de prendre part à la bataille de JEMMAPES le 6 novembre et d'être nommé Sergent-Major le 16 décembre, puis Sous-Lieutenant quelques jours après le 21 décembre et Lieutenant un an plus tard le 30 décembre 1793. Entre-temps, il s'était battu à NEERWINDEN le 18 mars 1793.
L'année suivante en avril 1794, GERARD fut affecté à la 71e Demi-Brigade commandée par BERNADOTTE et faisant partie de l'Armée du NORD. Avec "elle" il passa la SAMBRE le 12 juin, se battit à FLEURUS le 16 juin, participa à la prise de CHARLEROI le 25 juin, avant de se battre de nouveau à FLEURUS le 26 juin.
À la fin de 1794, il suivit BERNADOTTE à l'Armée de SAMBRE et MEUSE nouvellement créée et placée sous le Commandement de JOURDAN.
Il se distingua au passage de la ROER à ALDHOVEN, s'élançant au travers des lignes ennemies pour établir un filin au travers de la rivière afin de permettre aux troupes de traverser le 2 octobre 1794. Cette belle action fut remarquée par BERNADOTTE, qui fit nommer le Lieutenant GERARD adjoint à son Etat-Major le 28 avril 1795. En 1796, il participa à tous les combats par lesquels l'Armée de SAMBRE et MEUSE se rendit maître de la rive gauche du RHIN et tenta, mais sans succès durable, d'effectuer une percée en territoire ALLEMAND. Le 22 août 1796, il prit part au combat de TEINING.
Nommé Capitaine le 20 avril 1797, il devint Aide de Camp de BERNADOTTE et le suivit en janvier 1798, dans son Ambassade à VIENNE (février-avril 1798). Continua sa carrière et fut promu successivement adjoint aux Adjudants Généraux, Chef d'Escadrons et Colonel en 1800.
Un décret de 1801 ayant disposé que les Généraux de Division ne pourraient avoir d’Aide de Camp d'un grade supérieur à celui de Chef d'Escadron, GERARD dut cesser ses fonctions auprès de BERNADOTTE et resta dans l'inactivité jusqu'au 20 août 1805, date à laquelle un "Décret Impérial" le nomma Adjudant Commandant et Premier Aide de Camp de BERNADOTTE (qui avait été élevé à la dignité de Maréchal d'EMPIRE en 1804).
GERARD fut blessé à AUSTERLITZ (1805) en chargeant brillamment à la tête de ses Escadrons contre la Garde Impériale RUSSE. Il fut promu Général de Brigade le 13 novembre 1806 après avoir montré une grande bravoure à la Bataille de HALLE. A IENA (1806), il chargea la Cavalerie PRUSIENNE à la tête du 4e Régiment de Hussards, la culbuta et lui fit un grand nombre de prisonniers. Il se signala également, comme Chef d'État-Major du 9e Corps, commandé par BERNADOTTE, à ERFURT et à WAGRAM, où à la tête de la Cavalerie SAXONNE, il contribua de manière significative à la Victoire FRANCAISE. Peu après, l'EMPEREUR NAPOLEON Ier le créa Baron de l'EMPIRE le 15 août 1809. L'année suivante, il refusa de suivre BERNADOTTE en SUEDE et fut envoyé à l'Armée d'ESPAGNE du 26 juillet 1810 au 1er octobre 1811,
où il se distingua à la bataille de FUENTES de ONORO le 5 mai 1811. Il était au PORTUGAL en 1810 avec le Comte d'ERLON et ne revint à la Grande Armée qu'en 1812.
Il fut ensuite envoyé à l'Armée d'ITALIE en qualité de Commandant de la 10e Brigade de Cavalerie Légère le 25 décembre 1811.
Lorsque la Campagne de RUSSIE fut décidée, il passa au 1er Corps de la Grande Armée et contribua à la prise de SMOLENSK le 17 août 1812 où il remplaça le Général GUDIN, mortellement blessé à la tête de sa Division.
Le 23 septembre 1812,
peu après la bataille de la MOSKOVA où il s'était une nouvelle fois distingué, GERARD fut nommé Général de Division et reçut le Commandement de la 3e Division du 1er Corps de la Grande Armée. Il entra dans MOSCOU avant de participer à la désastreuse retraite de RUSSIE sous les ordres du Maréchal NEY et du Prince EUGENE.
À la BEREZINA, le Général GERARD commandait en second sous les ordres de NEY, le Corps formé pour protéger les débris épars de l'Armée. Il commanda ensuite l'Arrière-Garde, composée de 12000 NAPOLITAINS et de 3 Bataillons de conscrits.
GERARD arriva à FRANCFORT-SUR-l'ODER sans avoir subi de trop grandes pertes. Les environs de FRANCFORT étaient inondés par les RUSSES, la population était en pleine insurrection contre les FRANCAIS et l'EMPEREUR ALEXANDRE 1ER s'y trouvait en personne avec des forces considérables et le fit sommer par un de ses aides de camp d'évacuer la ville.
GERARD répondit fièrement qu'il n'évacuerait pas et manœuvra avec tant d'habileté que trois jours après il était en paisible retraite sur l’Elbe. Il prit ensuite le commandement des avant-postes.
Il fut fait Comte de l'Empire par décret Impérial du 21 janvier 1813. Le 7 mars, il reçut le Commandement du 11e Corps dans la Campagne de SAXE. Il se signala sous les ordres de MACDONALD à la bataille de LUTZEN et à celle de BAUTZEN. Guéri d'une blessure qu'il reçut quelques jours après, GERARD reprit le Commandement de sa Division, lorsque l'armistice de PLESSOWITZ fut rompu. Au combat de GOLDBERG, il renouvela sous les ordres de LAURISTON qui commandait en l'absence du Duc de TARENTE, ce qu'il avait fait aux bords de la SPREE.
Il se signala à l'attaque de NIEDER-AU où il força les divisions du Duc d'YORK et du Prince de MECKLEMBOURG à repasser la KATZBACH. A cette bataille de KATZBACH, le Général GERARD, quoique blessé d'une balle à la cuisse, ne quitta pas le « Champ de Bataille ». A la seconde journée de LEIPZIG le 18 octobre 1813, le Général GERARD reçut à la tête une blessure plus grave, qui le contraignit à céder le Commandement.Il fut cependant assez tôt rétabli pour prendre part à la Campagne de FRANCE en 1814. Il fut nommé Commandant du Corps des Réserves de PARIS, uniquement composé de conscrits. Il se battit à BRIENNE-LE-CHATEAU.
A la Bataille de La ROTHIERE, il commandait l'aile droite, et malgré les attaques opiniâtres d'un ennemi supérieur en nombre, il garda toutes ses positions et n'abandonna qu'à minuit, et par « Ordre formel de l'EMPEREUR NAPOLEON, la défense du Pont de DIEUVILLE. Il contribua aux Victoires de la Campagne de FRANCE à SAINT-DIZIER (HAUTE-MARNE). Avant de quitter PARIS, l’EMPEREUR NAPOLEON lui confia le Commandement du Corps des Divisions de Réserve qui devaient agir dans les plaines de CHAMPAGNE. Il arrêta la marche des Généraux GIULAY et COLLOREDO comme Chef de l'aile droite de la Grande Armée
et contribua ainsi aux Victoires de NOGENT, de NANGIS et de MONTEREAU où il remplaça le Maréchal VICTOR.
Le 22 février, à la tête du 2ème Corps, il dispersa l'avant-garde ennemie commandée par PLATOW et deux jours plus tard, força la Division HARDEGG à battre en retraite et la poursuivit jusqu'au-delà de BAR. Ayant adhéré à la déchéance de NAPOLEON 1er en mai 1814 , il fut chargé de ramener en FRANCE la garnison de HAMBOURG. En témoignage de satisfaction, le Roi LOUIS XVIII le fit Chevalier de l'Ordre Royal et Militaire de SAINT-LOUIS le 1er juin 1814 et Grand-Croix de la Légion d'Honneur le 29 juillet 1814.
Peu de temps après, il fut nommé Inspecteur Général de la 5ème Division Militaire et désigné pour le Commandement du camp de BELFORT. Le 22 mars 1815, GERARD était Inspecteur Général d'Infanterie en ALSACE et à STRASBOURG où il était en inspection, il applaudit le retour de l’EMPEREUR NAPOLEON 1er et reçut de "lui" le Commandement de l'Armée de la MOSELLE qui devint le 4ème Corps d'Armée.
Il fut élevé à la dignité de Pair de France le 2 juin 1815.
En remettant les nouvelles Aigles à ses Troupes, il leur dit : « Soldats, voici les nouvelles Aigles que l'EMPEREUR confie à votre Valeur : celles d'AUSTERLITZ étaient usées par Quinze ans de VICTOIRES : voici l'instant de donner de nouvelles preuves de votre Courage : l'ennemi est devant vous … ! ». Il reçut au commencement de juin l'ordre de se rendre à marches forcées sur la frontière du NORD. À la tête de son Corps d'Armée, il franchit la SAMBRE et
ses troupes se conduisirent héroïquement à la Bataille de LIGNY où le succès de ce combat important fut le résultat de ses habiles dispositions autant que de son intrépidité personnelle et de celle de ses troupes. Le 18, GERARD était dans la direction de WAVRE lorsqu'on entendit le canon du côté de la forêt de SOIGNES. Les Commandants des divers Corps s'étaient alors réunis en conseil : le Général GERARD voulait que, suivant les Principes Généraux de la Guerre, "on fût droit au canon", en passant la DYLE sur le pont de MURSTER. GROUCHY ne se défendit de cette opinion que par des ordres contraires et positifs de l'EMPEREUR. Ce mouvement aurait peut-être « changé le Résultat de la Bataille de WATERLOO ».
Avant la fin de la journée, GERARD reçut une cinquième blessure. Une balle de l'arrière-garde de BLUCHER lui traversa la poitrine au moment où à la tête de l'Infanterie, il allait attaquer le village de BIELGE. Il voulut néanmoins partager le sort du reste de l'Armée et se fit transporter au delà de la LOIRE.
Après la capitulation de PARIS, le Maréchal DAVOUT désigna les Généraux KELLERMANN, GERARD et HAXO pour traiter au nom de l'Armée avec le nouveau gouvernement. Cette mission accomplie, GERARD fut mis en non-activité en septembre 1815 et se retira à BRUXELLES où il épousa le 21 juillet 1816, Louise Rose Aimé de TIMBRUNE-THIEMBRONE de VALENCE, deuxième fille du Général de VALENCE et d'Edmée Nicole PULCHERIE BRULART de GENLIS, fille de la Comtesse de GENLIS.
Ils eurent trois enfants :
- Georges Cyrus GERARD (1818-1841), diplomate, qui fut secrétaire d'ambassade à CONSTANTINOPLE.
- Louis Maurice Fortuné, Comte GERARD (1819-1880), Colonel de Cavalerie, Officier de la Légion d'Honneur, mort sans alliance.
- Nicole Etiennette Félicité GERARD (1822-1845) qui épousa Laurent Arnulf Olivier DESMIER, Comte d'ARCHIAC dont postérité. GERARD rentra en FRANCE en 1817 et s'installa au Château de VILLERS-SAINT-PAUL (OISE), dont il avait fait l'acquisition (en juin 1817).
Le 28 janvier 1822, il fut élu Député du 1er Arrondissement de la SEINE en remplacement du Baron PASQUIER, élevé à la Pairie et il fut réélu par le même Arrondissement le 9 mai suivant. Il siégea dans « l'opposition Libérale », signa la protestation contre l'expulsion de MANUEL et ne fut pas réélu en 1824.
Le 17 novembre 1827, il fut renvoyé à la Chambre par le 3ème Arrondissement électoral de la DORDOGNE (BERGERAC) et le même jour, il fut également élu dans le 3ème Arrondissement de l'OISE (CLERMONT).
À la Chambre, il prit constamment la défense des Anciens Soldats de l'EMPIRE, renvoyés sans traitement dans leurs foyers et tombés pour beaucoup dans la misère. Il fut réélu le 23 juin 1830 dans l'Arrondissement de CLERMONT.
Pendant la Révolution de 1830, il soutint activement la cause du Duc d'ORLEANS. Il fut l'un des premiers signataires de la protestation contre les ordonnances de SAINT-CLOUD et fut nommé Ministre de la Guerre par la Commission Municipale provisoire qui se chargea d'administrer la Capitale devant la défaillance des Autorités Civiles et Militaires.
Le Roi LOUIS-PHILIPPE le confirma dans ses fonctions de Ministre de la Guerre dans son premier ministère le 11 août et
l'éleva à la dignité de Maréchal de FRANCE le 17 août 1830. GERARD avait déjà provoqué, le 1er août, le rétablissement des Couleurs Nationales : le 11 août, il fit opérer la dissolution de la Garde Royale et de la Maison de CHARLES X et le 16 août, ordonna la reconstitution de la Garde Municipale : le 27 août, il signa la dissolution du Conseil Supérieur de la Guerre.
GERARD conserva le portefeuille de la Guerre dans le Ministère LAFITTE jusqu'au 17 novembre 1830, date à laquelle,
jugé trop interventionniste dans les affaires de BELGIQUE, il quitta le Gouvernement officiellement pour raisons de santé. Après ces nominations, les électeurs de CLERMONT le réélurent Député le 21 octobre 1830.
En janvier 1831, il fut nommé Membre du Conseil Général de l'OISE et le 5 juillet 1831, élu Député par le Collège de SENLIS. À la Chambre des Députés, il vota avec les Conservateurs.
La BELGIQUE l'avait amené à quitter le Ministère : elle devait lui offrir en 1832,
sa dernière grande Victoire Militaire. Le Maréchal GERARD fut appelé le 4 août 1831, au Commandement de l'Armée du NORD. Après une Campagne de treize jours, il força les HOLLANDAIS à évacuer toutes leurs positions en BELGIQUE à l'exception de la citadelle d'ANVERS. Revenu en BELGIQUE le 15 novembre 1832, il mit le siège devant ANVERS qu'il força à capituler le 27 décembre ce qui lui valut de la part de la BELGIQUE, une « Epée d'Honneur » en témoignage de Reconnaissance. Le 11 février 1833,
il fut nommé Pair de FRANCE.Le 18 juillet 1834, GUIZOT et THIERS ayant obtenu le départ du Maréchal SOULT, le Maréchal GERARD fut appelé à diriger le Ministère avec le portefeuille de la Guerre. Alors « auréolé de la Gloire de son expédition BELGE », il présentait un profil similaire à celui de son prédécesseur, celui dit de « l'illustre épée », tout en s'en distinguant par sa proximité avec le tiers parti. Il avait été choisi sur les instances de THIERS, qui avait eu toutes les peines du monde à le décider à accepter, le Maréchal n'ayant montré aucune inclination à la direction du Gouvernement, dans laquelle « il craignait d'user sa popularité ».
GERARD étant "un piètre orateur", ce qui constituait un handicap majeur dans un régime où les joutes parlementaires étaient essentielles, le Maréchal se révéla « un homme difficile à manier, soucieux d'imprimer sa marque face à des Ministres qui ne voulaient lui laisser aucune marge de manœuvre ».
Comme Ministre de la Guerre, son Administration vit la création des « SPAHIS » et l'organisation des « Comités Spéciaux d'Armes ». Comme Président du Conseil, il tenta, mais sans succès, d'imposer l'Amnistie réclamée par le "tiers parti" et dut démissionner devant le refus de LOUIS-PHILIPPE, de GUIZOT et de THIERS le 19 octobre 1834.
Il fut alors nommé Grand Chancelier de la Légion d'Honneur en remplacement du Maréchal MORTIER, victime de l'attentat de FIESCHI. Il abandonna cette fonction le 11 décembre 1838 pour remplacer le Maréchal MOUTON comme Commandant en Chef de la Garde Nationale.
L'affaiblissement de sa vue le contraignit à abandonner cette fonction et le 21 octobre 1842, il redevint Grand Chancelier de la Légion d'Honneur, poste qui lui fut retiré par le « Gouvernement Provisoire » en février 1848.
Il fut nommé Sénateur du Second Empire le 26 janvier 1852 et mourut quelques mois après à PARIS le 17 avril 1852. Son « corps, celui de sa femme et ceux de leurs trois enfants sont inhumés dans une crypte attenant à l’Eglise de NOGENT-SUR-OISE.