Au commencement de 1809, les souverains allemands ayant été forcés de reconnaître l'impossibilité où ils se trouvaient de résister à Napoléon, par les moyens ordinaires, c'est-à-dire en opposant leurs armées à la sienne, ils s'adressèrent à leur peuple en publiant un manifeste qui disait à peu près ceci :
"Saxons ! Allemands ! nos arbres généalogiques ne comptent plus ; seule la régénération de l'Allemagne peut produire de nouveaux nobles, mais entre nous, plus d'autres distinctions n'existent que celles du talent et de l'ardeur à défendre la cause de la patrie.
La Liberté ou la mort !" ...
Ces propos eurent une forte incidence sur le peuple allemand, et Napoléon devint pour eux, non seulement l'ennemi de la patrie mais aussi celui de la liberté ...
Nourris d'un patriotisme haineux par leurs parents ou leurs maîtres, toute la jeunesse véhicula des idées de vengeance, voire de meurtre.
A ce titre, Frédéric Staaps fut le représentant le plus insensé de cette exaltation politique.
Son imagination trop impressionnée par les évènements firent naître des idées d'assassinat dans son esprit...
Mais devant toute cette agitation, l'Empereur gardait un extraordinaire sang-froid.
Dans les premiers jours d'Octobre 1809, alors qu'Il traitait de la paix avec l'Autriche, il s'entretenait avec son grand-Maréchal Duroc et Savary, l'un de ses aides de camp, des attentats pouvant être médités sur sa propre personne, montrant à cet égard beaucoup d'incrédibilité, malgré des rapports confidentiels qui prévenaient que plusieurs individus avaient reçu du Cabinet de Vienne, la mission de "se défaire de la personne de l'Empereur" ...
"Bah ! disait Napoléon, je sais en effet que le Prince de Lichesten a dit dernièrement à Champagny, dans une de leurs confidences, qu'il y avait en Allemagne des
têtes montées contre moi ; mais que les souverains éttrangers avaient repoussé avec horreur les offres qui leur avaient été faites à ce sujet ...
On met cela en avant, ajouta-t-il, pour nous rendre plus coulants sur les conditions de traité ; c'est fort adroit sans doute, mais ils n'y gagneront rien. Et d'ailleurs, quel est l'homme qui oserait tenter un coup contre moi ?
C'était le temps des complots, et Dieu sait s'il en fût dirigé contre Napoléon, avec l'idée d'attentat par empoisonnement, largement évoqué comme étant le seul qui puisse laisser aux coupables l'espoir de l'impunité ...!