Source : Journal de l'Empire du 29.10.1811
Nouvelles étrangère : Angleterre
Londres, 22 octobre
Le Morning Chronicle du 19 octobre contient l'article suivant :
On a reçu des dépêches de Lord Wellington ; elles ne peuvent manquer d'ouvrir les yeux au public sur les chances désespérées de la guerre que nos soutenions. il est impossible à tout homme raisonnable de résister à l'évidence de la vérité que le noble lord dévoile avec candeur aux yeux de son pays ; c'est que, malgré tous les renforts qu'a reçus S. S., elle est hors 'état de lutter avec les français. Mylord avoue de bonne foi que l'ennemi lui avoit si complètement dérobé ses préparatifs,ses mouvemens, ses plans et le nombre de ses troupes, qu'il s'étoit vu dans la nécessité de réunir toute son armée pour observer l'ennemi de ses propres yeux. Voilà bien le spectacle le plus dispendieux qui ait jamais été imaginé pour satisfaire la vue d'un individu. Quelart dans les dispositons de l'ennemi ? Quelle profondeur dans ses manoeuvres ? puisque notre grand général a été obligé de réunir toute son armée pour le reconnoitre ! et malgré cela, l'adresse de l'ennemi à cacher ses projets l'a empêché de deviner le point ur lequel les françois devoient s'avancer pour l'attaquer. Il n'a pas même pu réussir à mettre sa cavalerie en contact avec la leur. Ainsi donc l'Angleterre a été dégarnie de toutes ses troupes, et notamment de sa cavalerie, dont il reste à peine quatre régimens dans toute la Grande -bretagne ; et cependant les mouvements de l'ennemi dans l'emploi de la sienne étoient si rapides, que otre infanterie a été exposée à une charge sur trois des faces de l'un de ses carrés.
Lord Wellington mérite cependant qu'on lui sache gré d'avoir évité une bataille ; car la plus belle victoire n'auroit pu compenser la perte de 6 à 7000 hommes qu'il auroit éprouvée pour la remporter ; tel est le désavantage de cette lutte insensée, au soutien de laquelle notre population, le soin de notre prospérité intérieure et la liberté de notre constitution nous rendent peu propres. les militaires les plus distingués ont constamment prédit ce qui est arivé, etc, etc....
Extrait d'une lettre écrite par un officier de l'armée de Wellington
Presque toute la route depuis Lisbonne jusqu'ici offre une scène de misère et de dépoppulation. Le dernier état des hommes hors d'état e combattre étoit de 17.000 et de 700 officiers, nombre effrayant. Le 1er régiment a la moitié de son monde à l'hôpital. On s'attend à une attaque contre le pont de bateauxque nous avns eu tant de peine à construire à Villa-Felita, sur le Tage. Si ce pont étoit détruit, nous nous trouverions coupés d nos immenses magasins d'Abrantès. Nous avons reçu hier l'ordre d'envoyer nos malades sur les derrières, et de prende avec nous pour trois jours de biscuit et de riz, afin d'êre prêts à marcher au premier moment. Notre fourrage consiste en joncs et en paille, qu'il faut aller quelques foi chercher à deux lieues.