PARIS et DRAPEAU, chiens du St-Bernard (almanach de l’Eure, 1876)
Au musée de Berne, se trouve la dépouille de Paris, chien St-bernard qui sauva plus d’un voyageur. Doué d’une vue excellente, il apercevait les voyageurs d’une très grnde distance. On en compte une trentaine qui lui doit la vie, entre autre 3 soldats français qui, égarés dans les neiges, à l’entrée de la nuit, suivaient une direction qui les écartait de l’hospice et devait bientôt les conduire au pied de rochers inaccessibles. Paris les vit, attira l’attention par ses cris, se fit suivre, et les 3 soldats furent sauvés.
Ce chien, qui était à l’hospice au moment du passage de l’armée en 1800, avait la singulière habitude d’obliger tous les soldats isolés qu’il rencontrait à mettre bas les armes au bras. Il leur barrait la route jusqu’à ce qu’ils se fussent conformés à cette consigne.
Un jour, il refusa obstinément de franchir un passage dangereux par où le frère qui l’accompagnait voulait le faire passer. Au lieu d’obéir, il fit un long détour ; le frère jugea convenable de l’imiter et fit bien ,car au même instant, une avalanche ensevelit sous la neige le chemin que l’instinct de Paris lui avait fait éviter.
Un autre chien, Drapeau, sauva un homme de façon très intelligente. Le messager que Drapeau accompagnait fut enseveli sous une avalanche d’où sa tête seule sortait. D’abord, le chien fit tout ce qu’il put pour débarrasser ce malheureux ; mais la neige étant fort dure il n’y put réussir. Alors, il se mit à aboyer avec force, regardant anxieusement de tous côtés.
Personne ne répondant à l’appel, Drapeau prend enfin son parti ; il court de toute la vitesse de ses pattes, non à l’hospice mais à un village non éloigné du lieu de la catastrophe. Le voyant seul, les habitants pensèrent bien qu’il était arrivé quelque malheur, et l’agitation du bon chien le disait assez. Ils le suivirent et sauvèrent le messager, « qui attendait les secours avec confiance ».
Ces derniers mots, qui renferment le plus bel éloge qu’on puisse faire de Drapeau, sont extraits d’une lettre du prieur de l’hospice. Ce messager fut sauvé une seconde fois par le même chien.