Bonsoir,
Cher rapentat, le sujet que vous évoquez mérite un développement et une analyse personnelle, en complément des liens fort intéressants postés par Eric.
Si vous vous souvenez bien, ce fut Napoléon qui suggéra la rencontre ...
Il avait déclaré, en parlant de l'alliance : "J'aurais la Russie à la fin de 1805, si ce n'est pas aujourd'hui, ce sera alors dans un, deux ou trois ans. Le temps effacera nos souvenirs pénibles, et de toutes les alliances possibles, ce sera celle qui me conviendra le mieux".
La Russie était en effet, et de loin, la plus forte puissante continentale après la France, à cette époque-là.
Conclure une alliance avec un tel pays contre l'Angleterre, comme c'était là l'ordre du jour, n'était pas une opération dépourvue d'intérêt.
Mais quelles furent les relations privilégiées de ces deux souverains ?
Pourquoi a-t-on pu assimiler ce fameux traité à un pacte d'amitié, même si le dénouement ne ressembla pas à celui qui avait été espéré par Napoléon ?
En effet, beaucoup d'écrits relatent l'engouement que les deux hommes éprouvèrent l'un pour l'autre.
A ce titre, il est une remarque bien connue, de Napoléon à Joséphine :
"Si Alexandre était une femme, j'en ferais mon amoureuse" ...
De son côté, Alexandre apparut comme ébloui par le génie de l'Empereur des Français, aux côtés duquel il apparaissait chaque jour, ravi comme un étudiant envers son professeur préféré ...
Ils passèrent ainsi une quinzaine de jours, souvent en tête à tête, fort occupés des affaires du moment.
Toutefois, entre les deux, il s'avère que le moins sincère fut évidemment Alexandre ;et ses lettres qu'il adressait à sa soeur durant ce laps de temps passé auprès de Napoléon, en disent long sur le sentiment désagréable qu'il éprouva "à passer des heures en tête à tête avec "le Corse" ...
L'objet géopolitique de ce grand rendez-vous historique n'est pas moins intéressant à évoquer.
La Vistule avait été désignée par Napoléon pour marquer la frontière des deux empires.
A l'Ouest les territoires seraient sous la domination de la France, et à l'Est, ils seraient sous la domination de la Russie ...
Napoléon s'était-il interrogé sur l'empressement du tsar à trahir des gens tels que Frédéric-Guillaume dont il se réclamait "l'éternel fidèle", ou encore de son alliée, la Grande-Bretagne ?
Savary, l'envoyé de Napoléon à Saint Péterbourg, informa copieusement son Maître de l'hostilité inflexible de la Russie vis-à-vis de la paix de Napoléon et de ... Napoléon en personne ...
Alexandre manquait indéniablement d'envergure et de clarté dans ses objectifs politiques pour saisir la capacité de transmettre à son propre royaume ce que pouvait contenir "d'amical" ce fameux traité ...