Wimille La colonne de BoulogneC’est le premier monument napoléonien décidé peu après la grandiose distribution de la Légion d’Honneur, le 16.08.1804.
Le maréchal Soult, un mois après, fait connaître à Napoléon le vœu de l’armée, d’ériger un monument rappelant la grandiose cérémonie.
La ville de Boulogne achète le terrain de Terlincthun à une vieille royaliste, la veuve Delahodde-Fourcroy, qui cède à regret son champ pour construire un monument à la gloire de « l’usurpateur » .
La commission crée pour la circonstance retient les plans de l’architecte Labarre pour le monument, du fondateur Houdon pour la statue et de Motte pour les deux bas-reliefs.
L’armée, la flottille, les soldats, les marins et les sous-officiers apportent mensuellement une demi-journée de solde, les officiers une journée entière.
La première pierre est posée le 9.11.1804 par Soult, au milieu de grandes festivités et remises de décorations. C’est le marbre de Marquise qui est utilisé.
L’armée étant dispersée, les soldes payées avec irrégularité, les travaux avancent doucement.
Alors que la colonne dépasse à peine 20 mètres sur les 50 projetés, le3.12.1811,il faut fermer le chantier, car la caisse est vide et la dette se monte à 140.000 f..Un million a été englouti et il faut encore 1 million pour terminer le monument. Pendant ce temps, la statue et les bas-reliefs attendent à Paris.
Sous la Restauration, le chantier s’arrête totalement et on brise la statue de l’empereur et les 2 bas-reliefs pour fondre la statue d’Henri IV.
En 1819, le ministre de l’intérieur alloue 30.000 F. et des crédits supplémentaires, en 1820, permettent de reprendre les travaux.
C’est le 24.08.1823 qu’on découvre une grosse boule fleur de lysée surmontée d’une couronne royale au sommet de la colonne.
Un régime chassant l’autre, en 1831,un crédit de 10.000 F. est voté pour l’entretien, on enlève la couronne royale et les fleurs de lys sont remplacées par des étoiles, et la colonne prend le nom de la Grande Armée. En 1838, on décide de terminer les travaux :Bosio est chargé de fondre la nouvelle statue de l’Empereur et Lemaire et Lemaire et Bra fondent les bas-reliefs. La statue, terminée à temps pour le Retour des Cendres, le 15.12.1840, exposée sur la rive de la Seine, provoque une émotion considérable. Le 21.07.1841, la statue quitte Paris et arrive à Boulogne le 26.07, au milieu d’une population enthousiaste. On voit des vieux soldats pleurer et embrasser avec respect les mains de l’Empereur.
L’inauguration de la Colonne de la Grande Armée est célébrée le 15.08.1841, en présence de plus de 50 000 personnes et un médaillon inauguratif en fonte est fondu à cette occasion. Mais il faut attendre 1843 pour la pose des deux-bas-reliefs : Le premier montre l’Empereur épinglant la croix sur la poitrine d’un soldat de la Garde, devant Soult et Lacépède, à côté des évêques de Cambrai et Arras : C’est l’œuvre de Lemaire.
Le second, de Bro, représentent Soult montrant les plans du monument à l’Empereur. A côté du maréchal sont représentés le général Bertrand et, derrière, l’amiral Bruix.
En août 1831, la reine Hortense, accompagnée de son fils Louis-Napoléon, du haut de la colonne, évoque les camps qu’elle a connu, le vallon où a eu lieu la distribution des croix de la Légion d’Honneur et la baraque impériale, près du port.
Le maréchal Soult, en juin 1838, est officiellement reçu par les gardes nationaux boulonnais à la colonne, qu’i l n’a pas revue depuis 1805.
Le 6.08.1840, le prince Louis-Napoléon Bonaparte se réfugie avec ses partisans dans le parc, après son infructueuse tentative de soulèvement de la garnison de Boulogne avant de s’enfuir sur la plage où il sera arrêté.
Napoléon III et l’Impératrice arrivent à Boulogne le 27.09.1853. Aussitôt, l’Empereur donne des ordres pour le percement de l’avenue, qui, malheureusement, a été totalement saccagée dans les années 1970. En prévision de la campagne de Crimée, Napoléon III rassemble 10 000 sur la côte boulonnaise et une grande prise d’armes a lieu dans le célèbre vallon de Terlincthun le 30.09.1854 devant la stèle de la Légion d’Honneur.
Sortie intacte de la Grande Guerre, la colonne sera durement touchée pendant le dernier conflit et la statue de Bosio cruellement abîmée. Le parc, transformé en cimetière de la marine allemande, reçut la sépulture de Claus Doenitz, fils du grand amiral, mort à Boulogne en 1944.
En 1962, le comité pour la restauration du monument réalise les travaux de remise en état et présente à De Gaulle, alors Président de la République, deux projets : Le premier, l’Empereur, est en habit de sacre, le 2eme en habit de Chasseurs. C’est le dernier qui est retenu ,fondu par le sculpteur boulonnais Pierre Stenne et installé le 24.06.1962 en présence de hautes personnalités, d’un important détachement de troupes et d’une grande foule.
Totalement restaurée, la statue de Bosio se trouve maintenant dans le pavillon d’entrée de droite.
Mercredi 19.11.99, la foudre frappe la terrasse supportant la statue, provoquant de très graves dégâts, des blocs de marbre tombant sur la pelouse. Heureusement, la statue est intacte. Napoléon en a vu d’autres.
Depuis, des travaux d’agrandissements furent effectués sur le pavillon d’entrée de gauche.
Texte de Bernard Douchin, membre du bureau des APN