Le talentueux Isabey dessina un jour la voiture du Premier Consul, qui se résumait à une chaise fermée aux petites vitres derrières lesquelles l'on distinguait le profil soucieux du Maître, et roulant au grand galop sur le quai des Tuileries ...
C'était le temps des conspirations, et notamment de celle de Cadoudal ; les assassins foisonnaient sur la route de La Malmaison.
Et c'est la raison pour laquelle la voiture impériale était escortée d'un détachement de cavaliers à l'allure particulière...
Couchés sur leurs chevaux emportés, ces cavaliers à moustaches noires, à la peua bistrée, étaient coiffés de turbans, portaient vestes et jupes et sabraient l'ai de grands moulinets de yatagan.
Alors, les yeux écarquillés, les passants murmuraient :
"Les mamelouks, ce sont les mamelouks !"
Les Parisiens, que déjà plus rien n'étonnait, se montraient toujours très impressionnés par cette garde turque.
Parmi eux, se trouvaient des Grecs, des Syriens, des Maltais, ainsi que quelques nègres ramenés de l'Expédition d'Egypte.
Bonaparte aimait à laisser planer cette renommée de crainte légendaire attachée à leur personne ; car la crainte, disait-il, est le commencement de la sagesse ...
De tous, un seul semblait populaire, c'était bien sûr
Roustam, paradant toujours comme à son habitude, aux côtés de l'Empereur.
La suite, vous la connaissez ... Roustam, apprenant que l'Empereur lui réclamait ses pistolets, après avoit tenté de se suicider, prit peur et s'enfuit du palais endormi, pour reprendre la route de Paris ...
Remords ou tentative pour masquer son comportement ? Toujours est-il qu'il affirma, après réflexion, avoir voulu rejoindre l'Empereur qui embarquait pour l'île d'Elbe, sans finalement obtenir de voiture pour l'y conduire ...
Sam 3 Nov - 19:35