Corps prussien et autrichien pendant la campagne de Russie

Bonjour à toutes et à tous,

Connaissez-vous la raison officielle pour laquelle Napoléon préféra placer les corps auxiliaires prussien et autrichien sur les ailes plutôt que les prendre avec lui, sous son commandement direct, au centre du dispositif et en première ligne ?

Est-ce un accord pour qu’ils puissent protéger leurs frontières respectives ?
Napoléon avait-il peur de leurs comportements lors des batailles ?



Amicalement,
Eric LM

Bonsoir Eric,

Les traités conclus avec la Prusse et l'Autriche indiquaient bien, en effet, que deux corps d'armée devaient être mis à la disposition de Napoléon.
C'était ainsi convenu dans les transactions diplomatiques.

Ainsi le corps prussien avait été incorporé aux troupes du Maréchal Mac Donald.
Ils étaient environ dix mille hommes, soigneusement choisis et constituant une réelle force pour l'Empereur.....

...Mais essentiellement en cas de victoire de ce dernier ...
Car comment aurait-il pu se persuader de leur soutien en cas de revers ? Rien n'était moins sûr !

Les généraux York et Kleist étaient peut-être des hommes de foi, mais il n'en est pas moins vrai qu'ils entretenaient des relations suivies avec ce vieux Blücher qui, au lieu de marcher avec les Français, avait préféré se retirer purement et simplement ...
Ce Blûcher qui nourrissait tant de haine à l'égard des Français, et qui devait réapparaître sur le devant de la scène, soudainement, l'année suivant, au coeur des plaines de Bautzen, Lutzen et Leipzig ! ...

Quant à l'armée autrichienne, elle devait elle aussi marcher en tant qu'auxilliaire des armées de Napoléon ...
C'était environ trente mille hommes, des hommes d'élite également, disposant d'une impressionnante artillerie ...
Metternich avait stipulé vouloir rester maître de ces troupes, purement autrichiennes, qui devaient agir indépendamment , sans se confondre avec celles de l'Empereur ...

Partant de ces considérations, Napoléon ne pouvait que se méfier du secours normalement prévu de ces deux corps d'armées auxilliaires.

On peut reconnaître toutefois à Schwartzenberg, ce côté chevaleresque qui a manqué aux saxons, ou aux bavarois, puisque lors de la défection du corps autrichien, il met son corps d'armée en tampon entre les Russes et les Français.

Les Prussiens et les Autrichiens étaient là pour le nombre et surtout comme "otages" afin d'éviter que ces 2 pays ne se mettent en guerre et coupent les lignes de communiquations vers la France. En incorporant des unités de tous les pays de l'Erope continentale , Napoléon pensait aussi impressioner le Tsar et l'Angleterre , mais la Russie était débarassée de sa guerre contre les Turcs et pouvait géographiquement tenir indéfiniment. L'idée de marcher sur Moscou est étonnante car bien que capitale officielle et religieuse, c'est à St Petersbourg que se tenaieaint le Tsar et la Cour.

Je suppose que c'est Iéna qu'il faut lire à la place d'Austerlitz car il n'y avait pas de Prussiens à Austerlitz, pour ce qui est de Friedland c'est surtout une défaite russe car aprés Iéna le corps Prussien de Lestocq arrive péniblement à 25 000 hommes.

Napoléon n'a jamais fixé comme but Moscou à la Grande Armée. C'est une erreur fréquente que l'on retrouve sous la plume des meilleurs écrivains...

Son dessein était de détruire l'armée russe. Celle-ci retraitant constamment, c'est elle qui l'entraîna sur la route de Moscou. Barclay de Tolly se serait replié sur celle de Saint-Petersbourg, c'est cette capitale que la Grande Armée aurait occupée.

Pourquoi s'est-il obstiné à rester sur Moscou aussi longtemps, et n'être pas monté sur St Pétersbourg.
Ce mouvement aurait surtement infléchi le tsar, et Koutousov, aurait été surement contraint d'attaquer avec des troupes épuisées, et démoralisés.

Moscou, un mois de perdu qui nous fut fatal

Corso a écrit:

Pourquoi s'est-il obstiné à rester sur Moscou aussi longtemps, et n'être pas monté sur St Pétersbourg.

Cette très bonne question a déjà été traitée ici:

https://lesapn.forumactif.fr/discussions-generales-f120/moscou-t3265.htm

Bonjour à toutes et à tous,

Merci à tous pour vos réponses, mais elles ne répondent pas entièrement à ma question initiale qui était :

"Connaissez-vous la raison officielle pour laquelle Napoléon préféra placer les corps auxiliaires prussien et autrichien sur les ailes plutôt que les prendre avec lui, sous son commandement direct, au centre du dispositif et en première ligne ?"

Il me semble avoir lu dans le temps quelque chose répondant à cette question, mais je n'arrive pas à mettre la main dessus... C'est énervant.

A la vue du rôle primordial de ces deux corps en décembre 1812 et au début de l’année 1813 et de leurs influences sur la poursuite des opérations militaires, je me demandais pourquoi et surtout pour quelle raison, Napoléon ne les avait-il pas emmener avec lui en campagne, on peut considérer qu’il pouvait y tirer au moins deux avantages : celui de les surveiller de plus près et celui de les user en campagne plutôt que de perdre des troupes sur lesquels il pouvait réellement compter, que ce soit en cas de victoire ou en cas de défaite.
Imaginez Murat puis Eugène défendant la ligne de la Vistule avec deux corps d’armée supplémentaires, qui plus est, presque intacts, les Russes n’étaient alors pas en mesure de poursuivre la guerre en Allemagne, en tous les cas, pas dans les premiers mois de 1813.

Cordialement à tous,
Eric LM

Il y a de l'idée dans ce que tu écris , mais il me semble que les Prussiens avaient fait un traité avec le Tsar pendant que l'armée française se retirait ..

Mais , ton raisonnement se tient : Ne pas engager directement des troupes pour en disposer plus tard.
Il l'a fait avec la division napolitaine mais l'esprit n'était pas le même, les vélites de la GR napolitaine ont escorté Napoléon quand il repartait à Paris et comme ils avaient la tenue de parade , la pelisse flottante , beaucoup sont morts de froid et le colonel de Roccamora a perdu 2 doigts par le gel.
Ceci dit, les Prussiens et les Autrichiens avaient d'autres motivations envers Napoléon . On ne peut pas dire qu'ils soient venus de gaité de coeur

Citation :

Ceci dit, les Prussiens et les Autrichiens avaient d'autres motivations envers Napoléon . On ne peut pas dire qu'ils soient venus de gaité de coeur

Ca ne se dicute pas mais cela n'empêchait en rien de les exposer un peu plus en les plaçant dans son groupe d'opération principal...
Mais était-il vraiment libre de son choix dans cette décision ?

Je vais essayé de trouver un fac-similé des traités d'alliance entre la France, la Prusse et l'Autriche de cette période là...

Il est légitime de placer les troupes d'élites devant les autres, histoire de montrer l'exemple, mais on peut aussi envisager de placer les "bons" derrière pour pousser les "mauvais" ou les "moins bons" dans le bon sens... c'est évidemment une caricature.

Je ne pense pas non plus que Napoléon avait une totale confiance dans les troupes auxiliaires, mais pourquoi donc user ses troupes de confiance dès le début de la campagne ?
Dans ces conditions, il devait être certain de régler l'affaire dans les plus brefs délais... C'est possible mais assez naïf avec une telle quantité de troupes à bouger simultanément et avec des adversaires aussi coriaces que les Russes. Cette manoeuvre n'était quand même pas jouée d'avance !!!

Amicalement,
Eric LM

Il est possible qu'il ait voulu faire preuve de diplomatie et limiter les pertes de ces Corps afin que les "Alliés" ne lui reprochent pas d'utiliser leurs troupes comme chair à canon. Ce qui n'a servi à rien...

Bonjour,

Pour les prussiens, j'ai trouvé... Il s'agit d'une close du traité d'alliance signé le 24 février 1812.

Citation :

Première convention spéciale, Article 3 : Ce contingent (Prussien) sera le plus que possible réuni dans le même corps d'armée et employé de préférence à le défense des provinces prussiennes, sans que S.M. le Roi de Prusse entende par là gêner en rien les dispositions militaires de l'armée dans laquelle ses troupes seront employées...
(Les Grands Traités de l'empire 1810-1815 - page 39)

Bref, tout ça sent l'entourloupe (comme aurait dit mon grand-père)...

Je vais essayer de faire la même recherche pour le traité d’alliance avec l’Autriche.

Amicalement,
Eric LM

Bonjour Eric,

Ce qui n'empèche pas les Prussiens de signer en décembre 1812 à Tauroggen une convention de neutralité des troupes auxilliaires prussiennes avec les Russes...
Et en mars 1813 avec la proclamation de Kaliz, l'Autriche s'allie à la Russie.

On ne pouvait pas avoir de plus mauvais alliés.
La retraite leur a donné aussi la vision d'une armée française exhangue et l'idée que le moment était venu de prendre leur revanche entrainant dans leur sillage les états allemands de la Confédération du Rhin, sans oublier les Belges et les Hollandais.

Bonjour,
Voici une liste qu j'ai récupéré et qui présente les corps étrangers de cavalerie. Je ne me rappelle plus qui me l'a donné...
Cordialement,

Bonjour à tous,

"Le corps autrichien est mis sur pied et intégré à la Grande Armée (sans en faire partie réellement) suite au traité franco-autrichien du 14 mars 1812. François Ier devait réunir un contingent de 30 000 hommes qui devait rester groupé sous un commandement autonome. Il est composé de régiments polonais et hongrois, et fut réuni en Galicie dès le mois de mai"

Correspondance générale de Napoléon Bonaparte, tome 12, la campagne de Russie 1812.