Cinquième Bulletin
Elchingen, le 25 vendémiaire an 14 (15 octobre 1805)
Aux combats de Wertingen & de Günsbourg ont succédé les faits d'une aussi haute importance, les combats d'Albeck, d'Elchingen, les prises d'Ulm & de Memmingen.
Le maréchal Soult arriva le 21 devant Memmingen, cerna sur le champ la place, & après différents pourpalers, le commandant capitula.
Neuf bataillons, dont deux de grenadiers faits prisonneirs, un général-major, trois colonels, plusieurs officiers supérieurs, dix pièces de canon, beaucoup de bagages & beaucoup de munitions de espèce ont été le résultat de cette affaire. Tous les prisonniers ont été au moment même dirigés sur le quartier-général.
Au même instant, le général Soult s'est mis en marche pour Ochfenhausen, pour arriver sur Biberach & être en mesure de couper la seule retraite qui restait à l'archiduc Ferdinand.
D'un autre côté, le 19, l'ennemi fit une sortie du côté d'Ulm, & attaqua la division Dupont, qui occupait la position d'Albeck. le combat fut des plus opiniâtres. Cernés par vingt-cinq mille hommes, ces six mille bravesfirent face à tour, & firent mille cinq cents prisonniers. ces corps ne devaient s'étonner de rien : c'étaient les 9e légère, 32e, 69e & 76e de ligne.
Le 21, l'Empereur se porta de sa personne au camp devant Ulm, & ordonna l'investissement de l'armée ennemie. La première opération a été de s'emparer du pont & de la position d'elchingen.
Le 22 , à la pointe du jour, le maréchal Ney passa ce pont à la tête de la division Loison. L'ennemi lui disputait la possession d'Elchingen, avec seize mille hommes ; il fut culbuté partout, perdit trois mille hommes fait prisonniers, un général-major, & fut poursuivi jusque dans les retranchements.
Le maréchal Lannes occupa les petites hauteurs qui dominent la plaine au-dessus du village de Pfoël. Les tirailleurs enlevèrent la tête du pont d'Ulm : le désordre fut extrême dans toute la place. Dans ce moment le prince Murat faisait manoeuvrer les divisions Klein & Beaumont, qui partout mettaient en déroute la cavalerie ennemie.
Le 22, le général Marmont occupait les ponts de Unterkicher², d'Oberkich, à l'embouchure de l'Iller dans le Danube, & toutes les communications de l'ennemi sur l'Iller.
Le 23, à la pointe du jour, l'EMPEREUR se porta lui-même devant Ulm. Le corps du prince Murat, & ceux des maréchaux Lannes & Ney se placèrent en bataille pour donner l'assaut, & forcer les retranchements de l'ennemi.
Le général Marmont, avec la division de dragons à pied du général Baraguey d'Hilliers, bloquait la ville sur la rive droite du Danube.
La journée est affreuse : Le soldat est dans la boue jusqu'aux genoux. Il y a huit jours que l'Empereur ne s'est débotté.
Le prince Ferdinand avait filé la nuit sur Biberach, en laissant douze bataillons dans la ville & sur les hauteurs d'Ulm, lequels ont été tous pris avec une assez grande quantité de canons.
Le maréchal Soult a occupé Biberach le 23 au matin.
Le prince Murat se met à la poursuite de l'armée ennemie, qui est dans un délabrement effroyable.
D'une armée de quate-vint mille hommes, il n'en reste que vingt-cinq mille, & on a lieu d'espérer que ces vingt-cinq mille ne nous échapperont pas.
Immédiatement après son entrée à Munich, le maréchal Bernadotte a poursuivi le corps du général Kienmayer, lui a pris des équipags & fait des prisonniers.
le général Kienmayer a évacué le pays & repassé l'Inn. Ainsi la promesse de l'EMPEREUR se trouve réalisée, & l'ennemi est chassé de toute la Bavière.
depuis le commencement de la campagne nous avons fait plus de vingt-mille prisonniers, enlevé à l'ennemi trente pièces de canon & vingt drapeaux, nous avons de notre côté éprouvé peu de pertes. Si l'on joint à celà les défections et les morts, on peut calculer que l'armée autrichienne est déjà réduite de moitié.
tant de dévouement de la part du soldat,tant de preuves touchantes d'amour qu'il donne à l'Empereur & tant de si hauts faits mériteront des détails plus circonstanciés. Ils seront donnés du moment que ces premières opérations de la campagne seront terminées, & que l'on saura définitivement comment les débris de l'armée autrichienne se tireront de biberach & la position qu'ils prendront.
Au combat d'Elchingen, qui est un des plus beaux faits militaires qu'on ouisse citer, se sont distingués le 18e régiment de dragons & son colonel Lefebvre, le colonel du 10e de chasseurs colbert, qui a eu un cheval tué sous lui, le colonel Lajonquieres du 76e, & un grand nombre d'autres officiers.
L'EMPEREUR a aujourd'hui son quartier-général dans l'abbaye d'Elchingen.