Bulletin de la Grande Armée
Quatrième Bulletin
Augsbourg, 19 vendémiaire (11.10.1805)
Le combat de Wertingen a été suivi, à vingt-quate heures de distance, du combat de Gûnzbourg. Le maréchal Ney a fait marcher son corps d'armée ; la division Loison sur langneau, et la division Malher sur Gûnzbourg. L'ennemi, qui a voulu s'opposer à cette marche, a été culbuté partout. C'est en vain que le Prince Ferdinand est accouru en personne pour défendre Günzbourg. Le général Malher l' a fait attaquer par le 59e régiment ; le combat est devenu opiniâtre, corps à corps. Le colonel Lacuée a été tué à la tête de son régiment, qui, malgré la plus vive résistance, a emporté le pont de vive force ; les pièces de canon qui le défendaient, ont été enlevées, & la belle position de Günzbourg est restée en notre pouvoir. Les trois attaques de l'ennemi sont devenues inutiles ; il s'est retiré avec précipitation ; la réserve du prince Murat arrivait à Burgau & coupait l'ennemi dans la nuit. Les détails circonstanciés du combat qui ne peuvent être donnés que sous quelques jours, feront connaître les officiers qui se sont distingués.
L'Empereur a passé toute la nuit du 17 au 18, & une partie de la journée du 18, entre les corps des maréchaux Ney & lannes. l'activité de l'armée française, l'étendue de la complication des combinaisons qui ont entièrement échapées à l 'ennemi, le déconcertent au dernier point. les conscrits montrent autant de bravoure et de bonne volonté que les vieux soldats. Quand ils ont une fois été au feu, ils perdent le nom de conscrits ; aussi tous aspirent-ils à l'honneur du titre de soldat. le temps continue à être très mauvais depuis plusieurs jours. Il pleut encore beaucoup, l'armée cependant est pleine de santé.
L'ennemi a perdu plus de 2500 hommes au combat de Günzbourg. Nous avons fait 1200 prisonniers & pris six pièces de canons. Nous avons eu 400 hommes tués ou blessés. le général major d'Aspre est au nombre des prisonniers.
L'Empereur est arrivé à Augsbourg le 18, à neuf heures du soir. la ville est occupée depuis deux jours.
La communication de l'armée ennemie est coupée à Augsbourg & Landsberg, & va l'être à Fussen. Le prince murat, avec les corps des maréchaux Ney & Lannes, se met à la poursuite. Dix régiments ont été retirés de l'armée autrichienne d'Italie & viennent en poste depuis le tyrol. Plusieurs ont déjà été pris. Quelques corps russes, qui voyagent aussi en poste, s'avancent vers l'Inn ; mais les avantages de notre position sont tels que nous pouvons faire face à tout.
L'Empereur est logé à Augsbourg chez l'ancien électeur de Trèves, qui a traité avec magnificence la suite de S. M;, pendant le temps que ses équipages ont mis à arriver.
Source : Bulletin administratif de la Préfecture de l'Yonne, an XIV, n°4