Antoine Cui est un jeune officier français qui, fait prisonnier, resta à Vilnius lors de la retraite de la Grande Armée en 1812, y épousa une lituanienne et devint professeur de français. Son épouse lui donna de nombreux enfants dont les garçons avaient été baptisés des prénoms conquérants de César, Alexandre, Napoléon et Boleslav (sans doute en souvenir de Boleslav le Vaillant, premier roi de Pologne en 1025)!
L’ainé, César Antonovitch Cui (1835 – 1918), né à Vilnius, partagea sa vie entre la composition musicale et ses cours à l’école d’ingénieurs puis à l’Académie du Génie de St Petersbourg, où il devint instructeur. Il eut le futur tsar Nicolas II comme élève. Il écrivit un traité et une histoire des fortifications et devint major-général.
Parallèlement, César Antonovitch était le critique musical de la Gazette de St Petersburg et écrivit des pièces musicales. A défaut de génie, il ne manquait parait-il pas de talent.
En dépit de ses origines françaises, César Antonovitch Cui deviendra un des plus ardents défenseurs de la musique russe et, à ce titre, rédigera le manifeste du fameux groupe des cinq, appelé en Russie « puissant petit groupe ». Ce cercle constitué de façon informelle après 1860 s’était donné pour mission de transposer en musique « l’idéal nationaliste ». Lorsqu’ils se rencontrèrent, ses membres, autodidactes, venaient d’horizons divers : Mili Balakirev (1837-1910), Modeste Moussorgski (1839-1881) et César Cui (1835-1918) étaient officiers dans l’armée, Nicolaï Rimski-Korsakov (1844-1908) élève-officier dans la marine et Igor Borodine (1834-1887) professeur de chimie.
César Cui deviendra même président de la Société Musicale Impériale Russe, ce qui n’est pas mal pour un fils d’officier français ayant envahi l’empire. Il décédera à St Petersburg le 13 Mars 1918.