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Voici en marge de la grande histoire, un épisode touchant. Il est du Lieutenant-Colonel, Baron de Coston. Celui-ci, au début de sa carrière, avait servi en Egypte au 4è régiment d'Artillerie et s'était distingué sous les yeux de Bonaparte.
Passionné pour l'Empereur, il devint son biographe et recueillit sur sa personne, sa famille et ses origines toutes sortes de notes et d'indications précieuses.
Dans sa Biographie des premières années de Napoléon Bonaparte, paru en 1840, il nous présente son héros depuis, sa naissance jusqu'à son accession au trône.
Parmi les anecdotes qu'il nous donne, Celle du "Curé Bonaparte" apparaît comme une idylle pastorale et guerrière.
..1er..Chapitre (Sources Emile Cantinelli)
Entre la bourgade de San Casciano, près de Florence, célèbre par l'auberge de la Campana, qu'habita Machiavel et la cité de Certaldo, patrie de Boccase, il existait en 1807, à l'écart de toutes les grandes routes, au fond d'une aimable vallée, un petit village dont l'humble église était dépourvue de tout attrait artistique.
C'était là qu'un pauvre curé du nom de Bonaparte exerçait son saint ministère, conduisait dans les voies du Seigneur son troupeau de fidèles et régnait sur les quelques arpents de terre entourant son presbytère.
""""C'était un autre Alcinoüs...comme le père d'Ulysse, il portait un manteau troué et une chaussure rapiécée."""""
Et cependant, il ne ne plaignait pas de son sort. Sans envie, ni besoin, il ne songeait, pas qu'il était...l'oncle de Loetitia et le grand oncle du jeune général qui avait si glorieusement conquis l'Italie, salué les Pyramides et qui faisait et défaisait les rois en Europe.
Tout le bruit que faisait son petit-neveu dans le monde, avait passé par-dessus sa tête, sans qu'il l'entendit....De même l'écho de ces bouleversements lointains était arrivé dans le village, tellement amorti que nul n'y avait apporté d'attention et ses habitants, simples et ignorants, ne pouvaient imaginer que leur modeste curé était apparenté à des Grands de la terre.
Il continuait ainsi à vivre obscurément et ses journées étaient sainement remplies. Ses occupations spirituelles étaient assez légères, il pouvait à loisir soigner ses fleurs et parfois même s'adonner aux joies de la pêche ou de la chasse. Mais surtout, son coeur, se portait vers trois êtres qu'il chérissait spécialement.
Une jeune fille, qu'il avait vu naître et avait catéchisée....un jeune garçon, son sacristain, et Bianca sa poule préférée. Cette poule répondait à ses moindres appels, la suivait dans le jardin et poussait la familiarité jusqu'à pondre ses oeufs dans les plis de sa soutane.
La jeune fille Matéa avait grandi sous ses yeux et s'était épanouie...avec sa taille élancée, son allure souple, son esprit éveillé et naïf à la fois elle était l'orgueil du village.
Le bon curé méditait de l'unir à Tomaso, sa troisième affection terrestre. Celui-ci une honnête et vigoureux garçon, était peu à peu devenu le maître Jacques de la cure, il remplissait son office, avec une bonne volonté égale, que ce fût à l'église, à la cuisine ou au jardin.
Inconsciemment, il s'était épris de Matéa...il l'aimait avec une fougue juvénile qui, pourtant laissait la jeune fille assez insensible.
Or, un jour d'été un bruit inaccoutumé remplit le village...les pas de chevaux sonnaient sur le chemin qui le traversait et la cour du presbytère trouva pleine de cavaliers.
Un des lieutenants de l'Empereur, tout chamarré d'or, le chapaeau orné de plumes blanches, se présentra devant le curé. Celui-ci, tremblant, avança un siège et se tint debout, les mains croisées sur sa poitrine, ne sachant encore à quel martyre il était réservé.
"""""Rassurez-vous, monsieur le curé, dit le général de l'Empire, rassurez-vous...vous vous nommez Bonaparte,...et vous êtes l'oncle de Napoléon, Empereur des Français, roi d'Italie ?....Oui, monsieur murmura le curé, qui savait confusément la fortune de son neveu, mais qui la regardait comme une de ces choses lointaines dont il était séparé par des pays sans nombre, par d'incommensurables distances....La mère de sa Majesté....Laetitia dit le curé....Madame Mère, reprit le général, a parlé de vous à sa Majesté.....Au petit Napoléon dit encore le curé......A l'Empereur monsieur le curé !...il n'est pas convenable qu'un parent aussi proche que vous l'êtes, qu'un homme aussi recommandable que vous, languisse, ignoré,..... dans une pauvre cure de village, tandis que sa famille gouverne l'Europe, tandis que votre neveu, monsieur le curé remplit le monde de son nom et de ses hauts faits.
""""L'Empereur m'envoie vers vous...vous n'avez qu'à parler, vous n'avez qu'à vouloir....Quel siège épiscopal vous tente ?....voulez-vous un évêché en France ou en Italie ?....voulez-vous échanger votre soutane noire contre la pourpre d'un cardinal ?......
......A......Suivre......