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 L'Aiglon n'a pas été empoisonné...!

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Jean-Baptiste
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Jean-Baptiste


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MessageSujet: L'Aiglon n'a pas été empoisonné...!   L'Aiglon n'a pas été empoisonné...! Icon_minitimeJeu 18 Sep - 18:48

....... sunny ......L'Aiglon n'a pas été empoisonné...!


Une thèse nouvelle prétend que l'Aiglon, dont Octave Aubry et le Baron de Bourgoing nous ont raconté la fin, n'est pas mort de tuberculose, mais a été empoisonné. Le Docteur Paul Ganière, qui a publié de nombreux travaux historiques, en particulier un livre, riche de documents, Corvisart médecin de Napoléon étudie la solution proposée.

....1er Chapitre.....(Sources Docteur Paul Ganière).

De tout temps, la disparition des personnages célèbres a fait naître des hypothèses plus ou moins romanesques sur les circonstances réelles de leur décès.

L'ancien Roi de Rome, autour duquel flotte toujours un halo de mystère et de pitié, ne devait naturellement pas échapper à cette sorte de fatalité.

Un raisonnement très simple et apparemment fort logique devait permettre d'aboutir à cette conclusion...séquestré à Vienne pendant dix-huit années sur les vingt et une de sa brève existence, entouré de parents pour lesquels sa seule présence évoquait de sombres souvenirs, celui qui, par la volonté de son grand-père, était devenu depuis le 22 juillet 1818, le Duc de Reichstadt, n'en était pas moins un pion important sur l'échiquier de la politique autrichienne.

Le prince de Metternich pouvait adroitement le présenter sous les traits d'un épouvantail, toutes les fois que les diplomates étrangers semblaient faire preuve d'indocilité envers le système d'équilibre dont il était le promoteur et le défenseur depuis les traités de 1815.

Puis, après les désordres de 1830 qui dans plusieurs pays avaient menacé cet équilibre un peu artificiel, une certaine stabilité semblait s'établir. Mais avec des peuples aussi turbulents que ceux de la vieille Europe, Dieu seul savait combien ce calme apparent pouvait d'un jour à l'autre s'avérer fragile, aussi valait-il mieux faire disparaître tout sujet d'effervescence éventuelle.

Dans de telles conditions, le rôle joué jusqu'à ce jour, bien contre son gré, par le malheureux fils de Napoléon, risquait de devenir dangereux....aussi ses machiavéliques gardiens durent-ils se résigner à décider sa suppression.

La thèse était attirante...aussi dès le lendemain de la mort du Duc de Reichstadt trouva-t-elle des défenseurs. Malgré l'habileté de leur argumentation et le climat de l'époque, favorable à l'éclosion d'une nouvelle légende, les réactions du public furent assez indifférentes et pendant plus d'un siècle, on ne parla guère que pour mémoire de cette possibilité criminelle.

Un important ouvrage, le "Le Meurtre de Schönbrunn"....vient de rouvrir le dossier. Son auteur, M. Jean de Marceley, soutient avec beaucoup de talent sa conviction que l'Aiglon périt victime de manoeuvres diaboliques du chancelier autrichien, et que ce dernier ordonna cyniquement à ses seides de l'empoisonner progressivement dès qu'il jugea opportun de retirer de son échiquier ce pion devenu inutile, voire même gênant.

Bientôt même il aurait pressé le dénouement, tant il redoutait qu'une véritable conjuration Bonapartiste, stimulée par la grande voix de Sainte-Hélène, devenue l'évangile des survivants de l'Epopée, nenflammât tous les libéraux disséminés sur le continent.

Il aurait envisagé avec terreur que dans quelques années, quelques mois peut-être, ce jeune homme acharné en dépit de toutes les précautions à conserver au fond de son coeur l'orgueil de sa naissance, se révélât assez audacieux pour profiter de la moindre fissure dans l'édifice des nations péniblement consolidé....tout valait mieux que d'assister à une telle faillite politique et l'Histoire allait une fois encore être témoin d'un assassinat commis au nom de la raison d'Etat.

Le raisonnement de M. de Marceley ne manque pas d'être séduisant. Sa charpente peut paraître solide et ses déductions d'une indiscutable sagesse. Il utilise avec adresse l'analyse rigoureuse des événements extérieurs, étaye sa certitude des mille détails de la vie quotidienne à Schönbrunn.

Le cuisinier français du Duc est-il éliminé ?....C'est pour le remplacer par celui de la cour docile aux ordres du chancelier et de son ministre de la police. Le conseiller Gentz manifeste-t-il trop de sympathie pour l'Aiglon ?...Il signe sa condamnation à mort et expire le 9 juin 1832. Prokesch, le meilleur ami du fils de Napoléon, serait-il susceptible de voir clair ?....Il est écarté et envoyé en mission diplomatique en Italie.

Le principal intéressé lui-même présente-t-il des signe d'une affection chronique progressive ?....C'est qu'il manifeste les symptômes d'une intoxication lente par l'arsenic et si, dans l'extrême lassitude de la maladie il lui arrive de repousser les aliments offerts, c'est par un suprême pressentiment du danger.

D'ailleurs, conclut M. de Marceley, cet empoisonnement ressort des faits eux-mêmes, et il reprend les passages du Journal du capitaine de Molt relatant minutieusement les dernières semaines de la vie du prince.

Extrayant de ce compte rendu les symptômes présentés par le mourant, il les compare avec ceux énumérés par le Professeur René Fabre dans son traité de toxicologie et il est frappé par leur parfaite similitude avec les signes d'une intoxication par l'anhydride arsénieux.

Pour asseoir sa certitude, après avoir changé la date des événements et masqué le nom de la victime, il soumit les faits à....trois personnes toutes diplômées de la Faculté de pharmacie de Paris.....elles conclurent unanimement à l'empoisonnement.

Dès lors, devant tant de présomptions dont le faisceau serré prend l'allure de preuves irréfutables, comment douter de la véracité du...meurtre de Schönbrunn ?.....Peut-on raisonnablement résister à cette conclusion ?...Ne serait-ce pas vouloir nier l'évidence même ?.....

Pourtant, la thèse de M. de Marceley pour attirante qu'elle soit et malgré toute la chaleur de son raisonnement, présente quelques défauts.

Sans revenir sur l'état d'esprit de l'Europe après 1830, comment ne pas se souvenir qu'une vague de prospérité rendait les changements de régime plus improbables ?....Comment ne pas se rappeler qu'en France surtout, le gouvernement de Louis-Philippe, apparu tout d'abord aux yeux de Metternich comme révolutionnaire, prenait désormais une rassurante figure et que les anciens serviteurs de l'Empire, ralliés au drapeau tricolore, ne songeaient plus guère à conspirer ?....

Le fait que des Grecs, des Polonais, des Belges, des Italiens aient songé à lui proposer un trône pouvait créer autour du nom du fils de Napoléon une certaine agitation, mais le fait le plus grave aurait été que des Français en grand nombre lui offrissent la couronne.

Or, ceux-ci, pour la première fois depuis longtemps semblaient avoir, provisoirement du moins perdu le goût des aventures politiques. Le Duc de Reichstadt pouvait donc vivre encore en paix dans sa prison dorée, sans constituer une menace trop sérieuse pour la tranquillité du monde.

........A......Suivre.....

salut

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Jean-Baptiste Guindey, 1785-1813
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MessageSujet: Sujet: L'Aiglon n'a pas été empoisonné...!   L'Aiglon n'a pas été empoisonné...! Icon_minitimeVen 19 Sep - 9:18

........ sunny ........

2e Chapitre............(Sources Docteur Paul Ganière).


Tels furent sans doute l'avis de beaucoup de contemporains et les rumeurs qui circulèrent après sa mort, rumeurs selon lesquelles Metternich lui aurait fait parvenir un melon empoisonné qu'il aurait mangé sans méfiance, ou tendant à faire croire que son dentiste Carabelli lui aurait fait avaler des drogues vénéneuses au cours de soins donnés durant plusieurs semaines.

Mais ce sont des arguments politiques, toujours susceptibles d'une interprétation différente.

Sur le terrain médical par contre, le raisonnement prend un caractère plus positif et il est plus aisé d'émettre un jugement plus serein. Or, M. de Marceley..... a construit toute la partie médicale de son ouvrage en se reportant uniquement aux symptômes présentés par le Duc de Reichstadt au cours de son interminable agonie, sans tenir compte ni de son hérédité, ni de son tempérament propre, ni de ses antécédents pathologiques, tous facteurs de première importance lorsque l'on veut saisir le cheminement d'une maladie chronique dans un organisme humain ?.

Car, en fait, il est permis d'employer le sinistre qualificatif d'agonie lorsque l'on parle des derniers mois de la vie du prince, rongé par une affection lente mais implacable, s'attaquant à un être doué encore de résistance physique.

Quelle fut donc cette terrible affection qui le mena au tombeau, à l'âge de vingt et un ans, le bel enfant blond que tant de Parisiens avaient acclamé dans les jardins des Tuileries ?.

Lorsque l'on a étudié son comportement physique tout au long de son existence, la réponse vient d'elle-même...le Duc de Reichstadt est mort d'une tuberculose pulmonnaire ayant évoluée de façon parfaitement classique à une époque où aucun traitement médical n'était mis en oeuvre pour en enrayer le cours. Ce diagnostic repose, en effet, sur de multiples élèments.

Son hérédité en premier lieu, Marie-Louise, éternelle malade, manifesta une incontestable fragilité des poumons et, au milieu d'innombrables malaises plus ou moins imaginaires ou démesurément grossis, les signes d'atteintes pulmonaires semblent tenir une place réelle.

Ne mourut-elle pas âgée seulement de cinquante-six ans d'une pneumonie aiguë dont l'origine restée impossible à préciser puisque son autopsie ne fut pas pratiquée, mais qui, étant donné le passé pathologique de la souveraine et la rapidité de l'évolution, pourrait fort bien avoir été de nature tuberculeuse.

De toutes façons, son fils, dans les veines duquel coulait également le sang vigoureux des Bonaparte, resta longtemps un jeune garçon en parfaite santé. Malgré les légers et inévitables malaises inhérents à l'enfance, il était admiré à Vienne pous sa bonne mine de sa belle tournure.

Le comte de Neipperg en donna l'assurance à Antomarchi le 15 octobre 1821 en des termes prêtant à aucune équivoque. Après s'être inquiété de la veuve de l'Empereur, le médecin questionna son interlocuteur...."Et le prince ? demanda-t-il..... "il va à merveille"...il est fort ?...."d'une santé à toute épreuve"....D'espérence ?...."Il étincelle de génie, jamais enfant ne promit tant".....

Ce témoignage concorde d'ailleurs avec les récits de ses biographes...ils s'accordent pour le représenter à l'âge de quatorze ans comme aimant courir et sauter, à délier ses cousins à la lutte et à les amener souvent à demander grâce. Vers cette même époque, ses précepteurs le jugèrent suffisamment robuste pour apprendre à monter à cheval et à nager.

Vers l'âge de quinze ans, il commença à grandir beaucoup, ce qui lui donna une apparence plus fluette. Il accusa même une "fièvre de croissance"....elle n'interrompit pas le cours de ses études mais lui fit perdre de l'appétit, pâlit son teint et l'obligea à s'étendre presque chaque soir avant de diner sous l'action d'une inexplicable fatigue.

Serait-il trop audacieux de voir, dans cette manifestation en apparence banale, l'éclosion d'une...."primo-infection", aujourd'hui bien connue, correspondant à une atteinte initiale et heureusement souvent sans lendemain des ganglions pulmonaires réagissant victorieusement contre le terrible bacille de Koch ?.

L'hypothèse est défendable, d'autant plus que le traitement mis en oeuvre par le docteur Staudenheim.... chargé de sa surveillance était celui qui, en l'absence de médicaments spécifiques, était capable de surmonter une crise de cette nature. En effet grâce à des ..."fortifiants", à une alimentation plus riche, à un exercice physique plus modéré, le prince retrouva bientôt sa vivacité et son entrain.

.......A......Suivre......

salut

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MessageSujet: Re: L'Aiglon n'a pas été empoisonné...!   L'Aiglon n'a pas été empoisonné...! Icon_minitimeVen 19 Sep - 17:25

Cher Jean Baptiste.
Quel interessant sujet. A Varsovie il fait mauvais temps, il pleut deuxieme jour et j'ai beaucoup de temps pour lirer Votre texte.
Merci flower et amities salut
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MessageSujet: Re: L'Aiglon n'a pas été empoisonné...!   L'Aiglon n'a pas été empoisonné...! Icon_minitimeVen 19 Sep - 21:59

Cher Jean-Baptiste,

Ce qui m'étonne, et je compte sur vous pour me répondre, c'est que le dauphin, profitant de la santé de fer de son père décède si butalement, cela sans penser à l'empoisonnement.

Amicalement
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MessageSujet: Re: L'Aiglon n'a pas été empoisonné...!   L'Aiglon n'a pas été empoisonné...! Icon_minitimeVen 19 Sep - 22:16

........ sunny .......


C'est vrai qu'il avait une santé comme vous dites de fer....mais la tuberculose est une maladie lente....n'oublions pas qu'il ne possédait pas que les gènes de son père...Marie-Louise sa mère comme vous avez pu le lire..... d'après le Docteur Paul Ganière.... il ne nous cache pas la fragilité pulmonaire dont elle était atteinte....hélas on hérite de ses parents pas que les côtés forts....cette faiblesse pulmonaire viendrait donc de sa mère.

salut

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MessageSujet: Re: L'Aiglon n'a pas été empoisonné...!   L'Aiglon n'a pas été empoisonné...! Icon_minitimeVen 19 Sep - 23:12

Merci Jean-Baptiste.

Comme quoi, on a beau être le fils de ........ , et pourtant, ....

Un grand merci pour ce récit.

Amitiés
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MessageSujet: Re: L'Aiglon n'a pas été empoisonné...!   L'Aiglon n'a pas été empoisonné...! Icon_minitimeLun 22 Sep - 21:19

........ sunny ........


Le 3è Chapitre ayant disparu à la suite du Bug informatique de ce matin ou de la nuit dernière.....je le retrancrirais....viendra ensuite le 4ième et dernier chapitre.....de "L'Aiglon n'a pas été empoisonné"...

salut

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MessageSujet: L'Aiglon n'a pas été empoisonné...!   L'Aiglon n'a pas été empoisonné...! Icon_minitimeMar 23 Sep - 12:50

....... sunny .......


Voici la retranscription du 3è chapitre qui a disparu...lors du bug informatique.....(Sources Docteur Paul Ganière).

Il continuait cependant à grandir, et cette croissance engendrait périodiquement des phases de fatigue et de fébrilité. En une seule année il gagna onze centimètres. Rien d'étonnant dans ces conditions si son état général subit le contrecoup de cet effort.

Au cours de l'été 1827, alors qu'il séjournait à Baden, il fût pris d'éblouissement à la table impériale et obligé d'aller se coucher. Le diagnostic de Staudenheim fut formel..."Tendance scrofuleuse"....et tendance à la phtisie de la trachée.

Pour la première fois le mot fatal était prononcé, et on sait quelle triste signification il revêtait dans l'esprit des médecins du siècle dernier. Le traitement conseillé peut apparaître paradoxal...il consista surtout en des bains froids qui, pourtant, se révélèrent efficaces, puisque tout rentra dans l'ordre. Mais l'hiver suivant, le Duc contracta une bronchite, toussa longtemps et fut contraint à un repos humiliant....."Veut-on que je vive en vieillard ?"...déclarait-il avec amertume.

L'année suivante fut un peu meilleure, mais demanda néanmoins de grandes précautions. Aussi, lorsqu'il atteignit ses dix-huit ans, l'Empereur François décida de retarder son entrée dans le monde et n'hésita pas à augmenter encore son dépit en lui déclarant qu'il ne lui laisserait aborder le métier des armes que sa santé raffermie.

Cependant comme le jeune prince avait repris quelques forces, il l'autorisa à participer, au cours de l'été 1829, à quelques exercices militaires au camp de Traiskirchen en qualité de capitaine d'une compagnie d'infanterie légère.

Le 1er mars 1830, tandis que son grand-père assistait à Schönbrunn à un examen que lui faisaient passer ses précepteurs, on vint avertir le souverain que le Danube, grossi par la fonte des neiges, venait de sortir de son lit et commençait à inonder les bas quartiers de la capitale.

L'Empereur quitta son petit-fils pour se rendre sur les lieux du sinistre, mais les témoins de l'incident rapportèrent qu'il refusa au prince la permission de l'accompagner en raison d'un fort rhume qui le faisait constamment tousser.

Le docteur Staudenheim, inquiété par la répétition de ces symptômes, appela en consultation ses confrères Herpex et Goelis et tous trois conclurent à une...faiblesse de poitrine...accompagnée de fortes transpirations sur tout le corps et d'une grande lassitude.

Deux mois plus tard, Staudenheim mourait et était remplacé auprès du Duc de Reichstadt par le docteur Malfatti de Montereggio. Agé de cinquante-cinq ans depuis longtemps installé à Vienne, celui-ci était devenu la coqueluche de toute la bonne société.

Il ne nia pas que la poitrine du prince était menacée, mais imputa une partie de sa fragilité, non sans doute avec quelques raisons, à un mauvais fonctionnement du foie. Il semble qu'il insista particulièrement sur ce dernier point, ainsi qu'en fait état un rapport à l'Empereur.

"""""Dans l'état de croissance excessive en disproportion avec son développement organique, écrivait-il au souverain, toute maladie accessoire peut devenir périlleuse, soit dans le présent, soit dans l'avenir. Le prince devra éviter, avec le plus grand soin, tout effort, surtout de voix, et les alternatives de chaud et du froid.""""""

Malfatti, justifiant une fois de plus sa réputation d'infaillibité, remporta un nouveau succès. La santé de son nouveau client se rétablit, si bien que , le 25 janvier 1831, le prince put faire son apparition dans le monde en assistant à une soirée donnée à l'ambassade d'Angleterre.....il aurait probablement rejoint quelques jours plus tard avec le grade de colonel, son régiment en garnison à Brünn, si la proximité de la Pologne, alors en pleine fermentation, n'avait incité sa famille à quelque prudence.

Par contre, enclin à croire que ses poumons étaient moins en cause que son tube digestif, il mena au cours de l'hiver, une vie intense. Durant la journée, il passait des heures à cheval...le soir, il allait à l'Opéra ou à quelque bal, rentrait tard et prolongeait encore ses veilles, déjà trop fréquentes, par d'interminables lectures, ne dormant souvent que quatre heures par nuit.

Vers la même époque, la chronique lui prêta des aventures féminines. Cette existence débordante lui donna un air plus romantique, des yeux cernés, une silhouette plus mince. Mais surtout il toussait souvent et devait, en dépit d'une volonté farouche, garder la chambre de temps à autre.

Comme si la vie mondaine ne suffisait pas à consumer ses forces. Il profita de ses débuts dans la vie militaire, enfin autorisée par son grand-père sur les conseils de Malfatti, pour augmenter encore ce surmenage.

Fier de porter au coté le sabre de son père arborait lors de la bataille des Pyramides et dont sa mère venait de lui faire cadeau, il galopait inlassablement sur le front de ses troupes, mais revenait souvent brisé, la voix cassée, le corps secoué de frissons.

Au mois d'août 1831...."une fièvre catarrhale"..l'affaiblit, volontairement négligée. L'épidémie du choléra, qui menaçait alors l'Europe, fournit le prétexte pour l'éloigner de Vienne durant l'automne, et ne lui permit de revenir dans la capitale qu'après qu'il eut retrouvé ses forces.

Mais le 2 janvier 1832, ayant obtenu de l'Empereur l'autorisation d'assister, en sa qualité de colonel du régiment de Wasa, aux obsèques du général Siegenthal, il fut astreint à rester en selle plusieurs heures de suite par une température de dix-huit degrés sous zéro.

Il sentit le froid le glacer à tel point qu'il fut incapable de commander le défilé de ses troupes. Le lendemain se déclarait une congestion pulmonaire qui provoqua une grosse fièvre pendant plus d'une semaine. La convalescence n'en fut pas franche...l'état général restait déficient tandis que la toux et l'expectoration persistaient.

Toujours désireux de ne pas passer pour un adolescent débile, il n'en voulut pas moins reprendre une existence active en dépit des exhortations de son entourage.

Cependant le ressort était cassé. Des faiblesses, un manque total d'appétit, un amaigrissement progressif, une pâleur révélatrice, des sueurs faciles, et surtout cette toux creuse, incessante, brisante, dénotaient une affection pulmonaire grave.

En avril, résistant aux conseils de prudence de ses médecins, il repris ses promenades en voiture et monta même à cheval. Malfatti, impuissant sans doute à se faire obéir....déclara alors...."Il semble qu'il y ait dans ce malheureux jeune homme un principe actif qui le pousse à se suicider....tous les raisonnements, toutes les précautions échouent contre cette fatalité qui l'entraîne.

.....A....Suivre....

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MessageSujet: Re: L'Aiglon n'a pas été empoisonné...!   L'Aiglon n'a pas été empoisonné...! Icon_minitimeMar 23 Sep - 17:12

Cher Jean Baptiste.
Votre texte c'est sunny sur le ciel. A Varsovie il pleut, il fait froid.
Ou donc - je study ...
Mes meilleurs amities salut et merci flower
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Percy
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MessageSujet: Re: L'Aiglon n'a pas été empoisonné...!   L'Aiglon n'a pas été empoisonné...! Icon_minitimeMar 23 Sep - 18:52

Il semble que l'Aiglon voulait à tout prix se montrer digne de son illustre ascendance et ce, au mépris de sa propre santé.
Merci pour votre récit aussi captivant que chargé d'émotions.
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Jean-Baptiste
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MessageSujet: L'Aiglon n'a pas été empoisonné...!   L'Aiglon n'a pas été empoisonné...! Icon_minitimeMer 24 Sep - 14:54

........ sunny ........


4 ième..et dernier chapitre.....(Sources Docteur Paul Ganière).


Ce qui devait fatalement se produire arriva au cours d'une dernière promenade en voiture. Une roue du véhicule s'étant détachée, le prince voulut mettre pied à terre, mais trahi par ses forces, il tomba et ne put se relever.

Le lendemain, il était terrassé par une fluxion de poitrine et crachait du sang. Sur l'ordre de l'Empereur, Malfatti réunit en consultation les docteurs Wiehrer et Raimann.

Ils formulèrent un pronostic des plus sombres, proposant un séjour à Naples si leur patient parvenait à surmonter la crise. """"Il crache des morceaux de poumons"""" écrivait alors dans son journal la princesse Mélanie de Metternich.

Le chancelier, averti de la gravité de la situation accorda sans difficulté l'autorisation de quitter l'Autriche dès que le Duc serait en état de prendre la route....le sachant perdu, il n'avait plus à craindre quelque coup de tête de sa part ou de celle de ses partisans !

Dès lors, et jusqu'à son dernier souffle, on assista, suivant la lecture des récits de ses intimes, à l'évolution progressive du processus tuberculeux qui rongeait de plus en plus son organisme usé, multipliant les crachements de sang, réduisant son souffle de jour en jour, atteignant le tube digestif et provoquant diarrhée et vomissements permettant l'éclosion de muguet dans la bouche, l'inondant de sueurs profuses, ne laissant plus, à celui qui fut l'Aiglon, qu'une apparence décharnée.

Pourtant, au cours de cette déchéance, il luttait encore. Le 22 mai, il se faisait ramener en voiture fermée à Schönbrunn....les jours suivants il s'efforçait de faire quelques pas dans le parc avant de se contenter d'une chaise à porteurs. Le 20 juin, il communiait dans la chapelle du château, le 24 juin, il accueillait sa mère venue enfin à son chevet.

Ces dernières dates semblent marquer la fin de ses espoirs de guérison. La chaleur de l'été entrecoupée d'orages allait accélérer la marche des symptômes jusqu'à l'instant suprême où, le 22 juillet 1832, en toute lucidité et pleinement conscient de sa fin imminente, celui qui avait trouvé dans son berceau le titre de Roi de Rome rendait le dernier soupir, après avoir épuisé ses dernières ressources physiques, sans se débattre, comme s'éteint une lampe ayant utilisé sa dernière goutte d'huile.

Analysant ce que furent ces derniers mois, M. de Marceley conclut à des symptômes d'intoxication arsenicale. Symptômes de cachexie tuberculeuse, est-on fondé à lui répondre.

Cette lamentable énumération de signes traduisant cette lente déchéance physique perd toute valeur lorsqu'on la détache des antécédents pathologiques, et un praticien n'est en droit de suspecter une intoxication criminelle ou non que lorsque au cours de ses interrogatoires et de ses examens répétés, il n'a pu déceler des signes suffisants pour déterminer la cause de cette cachexie graduelle.....Or, tel n'est point le cas du Duc de Reichstadt.

Sa fragilité pulmonaire est flagrante et ressort de tout son passé depuis l'âge de 15 ans où vraisemblablement son organisme eut à soutenir le premier assaut. Les rhumes, les bronchites, laryngites, congestions se succèdent à chaque imprudence, lésant profondément le tissu pulmonaire qu'aucune thérapeutique ne peut, à l'époque mettre à l'abri de ces atteintes de plus en plus rapprochées et sévères. Un organisme, par ailleurs surmené, ne pouvait éternellement résister.

Une autopsie, pratiquée au lendemain de la mort par le chirurgien de la cours de Vienne, le docteur Semlich, en présence des docteurs Malfatti, Wiehrer, Hieber, Rinna et du médecin du château Zangerl, vient confirmer ces déductions élémentaires.

Le procés-verbal souligna que le corps du Duc était entièrement émacié....""""la caisse de la poitrine étroite, le sternum aplati.""""" Mais surtout il fit mention de manière tout à fait catégorique de l'état lamentable des organes respiratoires, dépeignant la muqueuse de la trachée-artère..."""complètement corrodée"""""le poumon droit rempli de tubercules squirrheux, le gauche également atteint dans toute sa partie supérieure.

De plus, et c'est là un fait de la première importance, les autres organes, y compris le foie, leur apparurent parfaitement intacts. Curieuse intoxication par arsenic en vérité que celle qui respecte les viscères digestifs, et surtout laisse au foie un aspect normal !

Il faudrait, pour tirer de ce procés-verbal d'autopsie des conclusions différentes de celles qui en découlent de façon aussi lumineuse, admettre que les six praticiens aient menti et se soient faits volontairement complices du crime ourdi par Metternich.

On n'a guère le droit de mettre en cause collectivement leur honorabilité professionnelle et il est bien difficile de penser qu'aucun de ces six personnages ait pu emporter dans la tombe un secret aussi lourd.

Vraiment, il est beaucoup plus simple de suivre la conclusion de la raison. La mort du fils de Napoléon, dont le récit émeut toujours du fait de sa précocité et de son caractère injuste, semble bien ne comporter aucun secret.

Médicalement, tous arguments pesés, nous avons tout lieu de croire qu'elle n'entre à aucun titre dans la catégorie de celles qualifiées par Cabanès de """""Morts mystérieuses de l'Histoire."""""

.......FIN.....

Merci...Docteur Paul Ganière...pour vos recherches.

Le 22 juillet 1832.....une page de notre histoire s'est refermée brutalement....Alors laissons cours à notre imagination....Que se serait-il passé si l'Aiglon n'était mort si jeune.....?

salut

_________________
" Ne crains pas d'avancer lentement, crains seulement de t'arrêter "   (Sagesse Chinoise).

Jean-Baptiste Guindey, 1785-1813
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MessageSujet: Re: L'Aiglon n'a pas été empoisonné...!   L'Aiglon n'a pas été empoisonné...! Icon_minitimeMer 24 Sep - 17:09

MERCI flower
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Percy
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MessageSujet: Re: L'Aiglon n'a pas été empoisonné...!   L'Aiglon n'a pas été empoisonné...! Icon_minitimeMer 24 Sep - 17:54

Citation :
Que se serait-il passé si l'Aiglon n'était mort si jeune.....?

Plusieurs pays en proie à des révolutions le pressentaient à leur tête.
On peut imaginer que la légende napoléonienne, alors en plein essor, l'eusse sans doute conduit aux plus hautes destinées.
Voilà en tout cas un beau sujet pour une uchronie...
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MessageSujet: Re: L'Aiglon n'a pas été empoisonné...!   L'Aiglon n'a pas été empoisonné...! Icon_minitime

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