Jean-Yves Administrateur
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| Sujet: Roch, Denis-Sébastien, voltigeur de la Garde Lun 30 Aoû - 19:40 | |
| Source : La revue "Le pays comtois", numéro 74, sur la ville de Dole, 20 octobre 1935, article de Robert Jacquin. Communication de Perdriel
La ville de Dôle, qui s’enorgueillit d’avoir donné le jour au premier combattant qui pénétra dans la Bastille le 14 juillet 1789 : le grenadier Arnay, dont une rue rappelle la mémoire, peut également revendiquer l’honneur d’avoir vu naître un autre héros. Il est bien plus modeste, mais son originalité, son excentricité même , sont dignes de respect ,car elles ont pour point de départ une pensée touchante : Denis-Sébastien Roch, le brosseur de Napoléon. Il avait vraiment le droit d’être fier, cet ancien combattant de Sébastopol et de Solférino, qui, grâce à ses états de services, obtint le poste de gardien de la salle Turenne au Musée des Invalides. C’est dans cette salle que sont exposées les reliques de l’Empereur et c’est pour cela que le vieux voltigeur de la Garde ne craignit pas de demander un titre pour le moins inattendu qui, lu sur ses cartes de visite, étonne d’abord, puis fait sourire et, quand on est bien renseigné, attendrit : le titre d’ordonnance de Napoléon. Elles ont, en effet, pour lui, une vie réelle ces choses fânées auxquelles s’attachent tant de souvenirs de gloire. Pour un soldat du Second Empire qui a vu la Crimée et l’Italie, qui a gagné ses décorations sur les champs de bataille, toutes ces choses sont saintes puisqu’elles viennent de l’Empereur. Il n’a point connu cette grande aventure où des soldats comme lui ont vécu la vie la plus merveilleuse qu’ils aient jamais rêvée, parcourant l’Europe affolée, au bruit du canon, et chaque jour faisant prisonnier des rois. Il esrt soldat. Il a connu la griserie de la poudre. Là où il s’est battu, il a frémi au bruit des mitrailles. Il a rêvé de gloire, il ne songe qu’à elle. Mais tout cela était bon sous « le Grand », lui n’a connu que « le Petit », il s’en estime diminué et c’est, en quelque sorte, pour se « racheter » qu’il reporte toute sa tendresse, tout son amour sur les restes de « l’Autre » qui lui sont confiés. Denis-Sébastien Roch naquit à Dôle en 1830. Pendant douze ans il fut voltigeur de la Garde, de 1856 à 1868,. Il avait auparavant fait au 58eme de ligne la campagne de Crimée pendant laquelle il eut un pied gelé. Il fit aussi les campagnes d’Italie et de Mentana. Redevenant ensuite voltigeur , il se rengagea en 1870 dans la Garde Nationale où il fut nommé caporal. Toutes les campagnes étaient marquées sur sa poitrine par des décorations auxquelles vint s’ajouter la Médaille Militaire. L’âge l’obligeant à quitter l’armée, Denis-Sébastien Roch devint garçon de recettes. En 1898, il fut nommé gardien au Musée de l’Armée. « Ce fut, dit-il, le plus beau jour de ma vie. » Il rentrait au service ; il redevenait soldat, et sous quel chef ! On l’a vu depuis, au service anniversaire de Napoléon III, revêtu de l’uniforme des voltigeurs de la Garde avec le grand plumet rouge et jaune. Il fit sensation. Les journaux s’en émurent et les gamins lui firent un cortège enthousiasme. Mais le règlement se montra impitoyable et ne permit plus à personne de porter les anciens uniformes. Le bon Denis-Sébastien Roch dut renoncer à sortir dans Paris en « Voltigeur » et se contenta de revêtir chez lui la belle tenue Rira qui osera de ce brave en qui palpitait le cœur des vieux grognards. Le voltigeur Roch monta une garde qui ne finit qu’avec sa vie. Et quand chaque jour, il entrait dans la salle Turenne silencieuse, au moment de donner le coup de brosse quotidien, il faisait le salut militaire.
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