"Il y en a de deux sortes ; les uns lamentent de saints cantiques, les autres débitent des chansons gaillardes....celui qui parle en faveur des choses saintes a les cheveux plats et l'air niais ; celui qui chante des batailles a l'air d'un luron, sa trogne est enluminée ; le groupe est plus nombreux près de ce dernier et ce contraste représente assez bien le petit nombre des élus et la foule des réprouvés...Il y a encore les complaintes sur les pendus et les roués que le peuple écoute la larme à l'oeil, et qu'il achète avec empressement. Quant par bonheur pour le poète du Pont-Neuf, quelque personnage illustre monte sur l'échafaud, sa mort est rimée et chantée avec le violon. Ainsi à Paris, tout est matière à chanson et quiconque, maréchal de France ou pendu, n'a pas été chansonné, a beau faire, il demeurera inconnu au peuple.....
Point d'événement qui, chez ce peuple moqueur, ne soit enregistré par un vaudeville...De tous temps, ils ont été plaisants, malins, malins mais ils deviennent trop durs, trop méchants depuis que les hommes de cour s'avisent de les faire corriger".
Source : Louis Sébastien Mercier : Les tableaux de Paris