Brillant général, courageux et à qui tout semble réussir, Dupont serait sans doute devenu Maréchal de l’Empire s’il n’avait commis l’erreur de se laisser encercler et de capituler à Baylen. Napoléon ne lui pardonnera jamais cette erreur.
Né à Chabanais, en Charente, le 04 juillet 1765, Pierre Dupont de l’Etang s’engage en 1784 comme jeune officier d’artillerie dans la légion française de Millebois, au service de la Hollande. Rappelé en France en 1791, Il est nommé Capitaine en janvier 1792 et sera blessé le 29 avril suivant en défendant son frère, le Général Dupont Chaumont, contre ses soldats révoltés. Il devient ensuite aide de camp du Général Théobald Dillon à l’Armée du Nord et prend le grade de Lieutenant-Colonel. Après s’être illustré à la bataille de Valmy où il force un régiment de Grenadiers autrichien à se rendre, il est promu général de brigade en août 1793. Il participera aux batailles de Menin, Wervicq, Tourcoing et de Hondschoote. Carnot le nomme directeur du cabinet cartographique du Directoire et il devient général de Division en 1795, après avoir contribué à la répression de l’insurrection royaliste du 13 Vendémiaire. Puis Dupont de l’Etang participe activement au coup d’Etat de Brumaire avant d’être fait Chef d’Etat-major de l’Armée de réserve de Berthier. Il prend part à la bataille de Marengo puis met en place un gouvernement provisoire en Toscane. Avec 15000 hommes sous ses ordres, il défait 45000 autrichiens au passage du Mincio où il gagnera le surnom du « général audacieux ». Il est décoré de la légion d’honneur le 19 frimaire An XII, puis sera élevé dans le grade de Grand Officier, le 25 Prairial. En 1805, il rejoint l’Armée d’Allemagne et bat Mélas à Ulm. Dans les mois qui s’ensuivent il se distingue à Haslach, à Albeck, à Durrenstein, à Halle, à Nossenten, à Lübeck, à Mohrungen, à Grabau et finalement à Friedland. Il sera fait Grand Aigle de la légion d’honneur, commandant de Berlin et Comte d’Empire le 04 juillet 1808.
Fort de ses nombreux succès, Pierre Dupont de l’Etang prend alors le commandement d’une division de l’Armée d’Espagne à la tête de laquelle il ne tarde pas à s’emparer de Carpio, de Monters, d’Alcolea et de Cordoue en juin 1808. Mais il laisse ses hommes piller la ville, entraînant la fureur et l’esprit de vengeance des espagnols. Face à la pression croissante de l’adversaire, il est contraint de se replier sur Andujar et le 18 juillet il se retrouve bloqué dans Baylen où il est grièvement blessé. Il se voit contraint de demander un armistice au Général Castaños. Il capitule le 22 juillet non sans tenter d’obtenir que ses 17000 hommes puissent rejoindre la France avec armes et bagages. Mais alors que Dupont de l’Etang et son état-major est autorisé par l’ennemi à rallier Toulon, ses soldats prisonniers sont en fait dirigés vers les pontons de Cadix. Apprenant la reddition et le désastre de BAYLEN Napoléon entre dans une colère terrible. Il dira de son général :
- « Dupont a flétri nos drapeaux. Quelle ineptie, quelle bassesse ! Il a signé une capitulation où il a compromis les intérêts de son Armée en ne la faisant pas garantir par les agents anglais qui étaient au camp de l’ennemi ».
L’empereur ordonne de se saisir de Dupont dès son retour et de le faire enfermer au fort de Joux dans le Jura, il souhaite le faire passer en conseil de guerre pour haute trahison. Son procès n’a lieu qu’en février 1812. Il passe devant une commission militaire qui le destitue de ses grades, titres et décorations. Il retourne en prison au fort de Joux puis sera transférer à Doullens où il restera jusqu’à la chute de l’Empire en 1814.
Le gouvernement provisoire le nommera ministre de la Guerre et son dossier sera révisé. Dupont mènera une politique réactionnaire au côté des ultraroyalistes et instituera les demi-soldes. Les protestations ne tardèrent pas à fuser et Louis XVIII devra le déplacer. Il reçoit en décembre 1814 le commandement de la 22ème Région Militaire et la croix de Saint Louis. Pendant les cent jours, avec le retour de l’empereur, il se voit de nouveau destitué et assigné à résidence à Doullens. Il sera finalement réintégré en juillet 1815 puis élu député de Charente le 22 août de la même année, fonction qu’il occupera jusqu’en 1830. Ministre d’Etat et membre du conseil privé, il est admis à faire valoir ses droits à la retraite le 13 août 1832. Il décède le 09 mars 1840 à l’âge de 74 ans.
Brillant manœuvrier en rase campagne, comme il le montrera le 11 novembre 1805 en dégageant la division Gazan à Durrenstein, il se révéla un piètre tacticien dès lors qu’il combattit devant ou dans une ville. Ce fut le cas à Baylen où, à l’apogée de sa carrière, ses erreurs lui valurent la défaite puis la déchéance.