Bonjour Stéphane,
Permettez-moi d'apporter quelques précisions à ma précédente intervention ... Et tenter, autant que faire se peut, de vous convaincre que ce n'est pas parce que j'aime et respecte l'Empereur, que je ne reconnais nulle personne compétente dans son entourage !...
Mais force est de reconnaître que quelques-uns se sont conduits en véritables goujats avec leur "Chef" ...
Avoir une conception politique différente de celle de Napoléon, quand on fait partie et de sa famille et de son Armée, tout en acceptant sans scrupules aucuns gratifications et titres honorifiques, pour moi, c'est déjà faire preuve d'une insupportable ingratitude...
Et la conception politique de Bernadotte fut bien plus "vicieuse" que "différente" ; il fût nommé, non sans raison, le "caméléon politique" aux ambitions contradictoires ... Sans commentaires.
Et je ne taxe pas ainsi tous ceux qui s'opposent à l'Empereur ; je sais discerner, pour chaque personnage, les conséquences positives ou néfastes que leur comportement a généré envers la personne de Napoléon. Tout simplement.
Cet orgueilleux personnage n'aurait pas hésité à affronter encore plus souvent Bonaparte s'il n'avait été l'époux de la douce Désirée Clary et le beau-frère de Joseph Bonaparte, très certianement occupés à lui rappeler de temps à autre "les bonnes manières" !
Enfin pour prouver que mes propos ne vont pas dans l'exagération, je vous citerai deux exemples parmi tant d'autres.
Le premier est tiré de l'ouvrage de Villefosse et Bouissounouse "L'opposition à Napoléon", dans le quel il est expliqué qu'au tout début de l'année 1803, Bernadotte avait sondé Moreau pour savoir s'il accepterait de prendre la tête d'une conjuration de généraux afin de renverser Bonaparte ... Sa demande fut rejetée...
Comment voulez-vous , à partir de telles idées funestes, apporter encore quelque sympathie à un tel conspirateur ??
Sauf, évidemment, de vouloir nuire soi-même également à Napoléon ...
Quant au personnage que je qualifie de "médiocre", je laisserai s'exprimer l'Empereur à ce sujet ....
"Il a manqué de me faire perdre la bataille d'Iéna. Il s'est médiocrement conduit à Wagram, ne s'est même pas trouvé à Eylau lorsqu'il aurait pu y être, et n'a pas fait à Austerlitz ce qu'il aurait pu faire" ...
Et aussi :
"La vanité de cet homme est excessive. Il a des talents médiocres. Je ne me fie d'aucune manière à lui. Il a toujours l'oreille ouvertes aux intrigues qui innondent cette grande capitale".
Et à Sainte Hélène,l'Empereur ajoutera :
"Bernadotte a été le serpent nourri dans notre sein ; à peine il nous avait quittés qu'il était dans le système de nos ennemis, et que nous avions à le surveiller et à le craindre" ...
Pour en revenir au sujet initial, lorsqu'il fut élu prince héréditaire de Suède en 1810, Napoléon avait exigé un serment de loyauté, que le vil Bernadotte s'est empressé de fustiger en allant se rapprocher du tsar pour diriger une armée alliée pendant la campagne d'Allemagne ...
Tout ceci, vous en conviendrez, est bien pire que "ne pas aller dans le sens de Napoléon".
Je n'ai jamais cautionné la traîtrise...
Et c'est sans évoquer son caractère velléitaire assorti de l'ingratitude déjà citée, et qui lui faisait déployer de remarquables efforts de séduction auprès de tous ceux qui pouvaient contribuer à l'avancement de ses affaires, pour les ignorer ensuite totalement lorsqu'il avait eu gain de cause !
Enfin sur le sujet de l'esclavage, il serait bien trop long d'en faire ici un développement sérieux, certes très utile par ailleurs, afin de chasser des esprits le fait que Napoléon en porte l'entière responsabilité.
Les affaires étaient bien plus complexes que cela mon Cher Stéphane, et il faut dans ce sujet, peut-être plus encore que dans tout autre, se replacer dans le contexte de l'époque, et surtout éviter de prêter nos opinions, nos comportements ou nos sentiments d'aujourd'hui aux Français d'hier ; cela ne mène à rien, ou pire, nous donne une fausse interprétation des évènements.
Je ne relèverai pas votre réflexion à savoir "pourquoi ne pas appliquer la même règle" pour Bernadotte ...
Car Napoléon était le Chef qui ordonnait, le Chef qui aimait, le Chef qui récompensait, le Chef qui guidait ses Hommes et les emmenait à la victoire et à la reconnaissance nationale.
Lui seul devait décider, et son entourage militaire ou politique avait à écouter, à suivre, à faire confiance, à obéir, et la grande majorité le fît durant plus de dix années.
Mais en aucun cas, ces Hommes ne devaient trahir Celui qui leur apportait tant...
Rien n'est plus vil, rien n'est plus lâche, rien n'est plus bas.
Bernadotte ne fût pas moins comblé que les autres parvenus au même rang, et beaucoup s'interrogent encore sur le pourquoi de tant de récompenses pour si peu de bravoure et , pour toute reconnaissance, un funeste clin d'oeil à l'ennemi ...