Au hasard de mes lectures.
… L’armée républicaine parut à Ancône le 10 février 1797. Plusieurs madones miraculeuses fixaient alors l’attention et entretenaient la dévotion des peuples.
« Qu’on m’aille chercher, s’écrie Bonaparte, général en chef de l’armée, les chanoines Cyriaque Capoléoni, Joseph Codolini et François Candelari. » L’ordre fut exécuté. A peine furent-ils entrés qu’il leur dit : « Vous avez employés des moyens artificiels pour faire ouvrir et faire fermer les yeux de la madone se Saint – Cyriaque ! Avez-vous cru ainsi arrêter la marche de mes troupes ? Je veux vous confondre. Je saurais aussi vérifier la chose. Qu’on m’apporte la Vierge. »
L’image de la Vierge fut à l’instant apportée. Il la fit ôter de son cadre, en exigeant même qu’on détachât le cristal qui la couvrait, et il se mit alors à la considérer attentivement, sans la toucher. Ne voyant aucune imposture, il se convint que le chapitre d’Ancône ne méritait pas de reproches.
La Vierge avait sur la tête un diadème orné de riches joyaux, et son cou était paré d’un long collier de perles fines très précieuses. Le général y porta la main, les détacha en disant qu’il en donnait la moitié à l’hôpital, et que l’autre moitié fournirait des dots à de pauvres filles. Ensuite il se tourna vers les chanoines et leur demanda combien de personnes étaient venues implorer le secours de la Vierge.
« Mais, une foule innombrable » dit un chanoine.
« Quarante mille personnes. On a fait un procès-verbal. »
« Qui l’a rédigé ? »
« L’avocat Bonavia. »
« Où est cet avocat, »
« Dans votre antichambre ; »
« Qu’on le fasse venir. »
Le général interrogea Bonavia, qui, sans se laisser déconcerter, assura que soixante mille personnes étaient venues l’implorer. Bonaparte ordonna qu’on allumât des bougies devant l’image et il se mit à nouveau à la considérer avec attention. On attendait ses paroles avec une grande anxiété.
« C’est bien – dit-il – on ne donnera pas les perles et les joyaux, comme je l’avais ordonné. »
Il les prit alors et les rendit à un chanoine en ajoutant :
« Vous les replacerez, vous, où elles étaient. »
Ensuite il invita l’avocat Bonavia et les chanoines à dîner avec lui.
« Quant à la madone – poursuivit-il – qu’on la porte dans l’hospice des femmes. »
« Mais cela désobligerait tout le peuple ! » se permit Bonavia.
« En ce cas, - reprit Bonaparte – qu’on la rapporte où elle était. Mais je veux qu’elle reste couverte. » …
Cet texte est extrait du tome I, page 48, de :
« Année de Marie – ou Pèlerinages aux sanctuaires de la mère de Dieu »
Paru aux Editions Mame et Cie – Tours – 1842.
Les deux auteurs de cet ouvrage, mentionnés uniquement par les initiale « D » et « B » se référent pour ce passage à:
« Histoire du pape Pie VII » de M. Artaud, tome I page 29,
« Histoire générale de l’Eglise » de Henrion de Pansay, tome XII.
Bonne soirée….