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 Le Maréchal Lannes Compagnon de l'Empereur.....

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Jean-Baptiste
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Jean-Baptiste


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MessageSujet: Le Maréchal Lannes Compagnon de l'Empereur.....   Le Maréchal Lannes Compagnon de l'Empereur..... Icon_minitimeMar 27 Jan - 16:29

.....sunny .....

1er Chapitre.....(Sources Paul Ganière)....

Dans les derniers jours de mai 1809 parvint à Paris que les armées françaises, victorieuses à Eckmühl et à Ratisbonne, avaient occupé, pour la seconde fois en quatre ans, la capitale autrichienne. Sous la conduite de l'Empereur, elles venaient de livrer un dur combat aux environs du village d'Essling, combat qui, s'il n'avait pu se terminer d'une façon décisive, les avait cependant laissées maîtresses du champ de bataille après deux jours de lutte ardente.

Une fois encore, les cloches sonnèrent à toute volée, les salves d'artillerie saluèrent la victoire de nos drapeaux, la ville entière pavoisa. Pourtant l'allégresse sembla moins spontannée, comme si un voile de deuil venait ternir ce nouveau succès des Aigles.

En effet, le bulletin faisait état de pertes sanglantes, et, parmi les blessés, on citait le nom de l'un des maréchaux les plus aimés aussi bien dans le peuple que dans l'armée. Il s'agissait de Jean Lannes, duc de Montebello, dont la mort devait être annoncée officiellement quelques jours plus tard.

Pour la première fois tombait l'un des plus anciens compagnons de l'Empereur et avec lui disparaissait l'une des figures les plus populaires de la jeune noblesse impériale issue de la guerre.

Nombreux furent ceux qui, sans oser se l'avouer, crurent discerner dans ce malheur un avertissement du destin. Lannes avait à peine quarante ans lorsqu'un boulet autrichien vint mettre fin brutalement à une carrière particulièrement brillante. Nul peut-être autant que lui n'était plus représentatif de ces hommes nés de la Révolution, que l'Empire avait portés au premier rang.

Il était originaire de Lectoure, où, quinze ans à peine avant d'être maréchal et duc, il avait exercé la modeste profession d'apprenti teinturier. En 1792, emporté par l'enthousiasme patriotique, il avait contracté un engagement dans le bataillon des volontaires du Gers.

Ce jeune garçon, ardent, spirituel, vaniteux, mais sans instruction, se révéla bientôt désireux d'apprendre et de s'élever. Il servit tout d'abord comme simple grenadier jusqu'au jour où ses compagnons l'élirent sous-lieutenant. En 1796, il était général à l'armée d'Italie, où il fit la connaissance de Bonaparte, au succès duquel il contribua lors de la bataille d'Arcole. Sa carrière n'allait cesser de connaître les succès.

La proclamation de l'Empire fit de lui l'un des douze maréchaux dont s'entoura le nouveau souverain. A ce titre, il commanda l'aile gauche de l'armée à Austerlitz, le centre à Iéna, et assura dans une large mesure la victoire de Friedland, après le terrible siège de Saragosse, il instaura une administration sage et pacificatrice.

Peu après, il rejoignit l'Empereur en Allemagne où se concentrait l'armée dirigée contre l'Autriche, il était au côté du souverain, sous les murs de Ratisbonne, lorsqu'une balle tirée des remparts vint frapper ce dernier au pied. Puis ce fut la capitulation de Vienne. Ainsi, quelques semaines seulement après la pesante atmosphère de la péninsule ibérique en révolte contre l'autorité française, la douceur du printemps viennois pouvait sembler enivrante au duc de Montebello en dépit des soucis de l'heure.

Le 18 mai 1809, l'Empereur, en compagnie de son état-major, quitta le château de Shoenbrünn pour gagner les rives du Danube sur lequel il fit construire des ponts de bateaux. Le 20 au soir une partie de l'armée put traverser le fleuve et le lendemain allait s'engager la bataille que les Français devaient célébrer sous le nom de victoire d'Essling.

Nos troupes, dont les renforts et les munitions ne pouvaient être acheminées que par les ponts de fortune, avaient à faire face à l'armée de l'archiduc Charles, solidement accrochée au terrain, et dont les effectifs étaient grandement supérieurs aux leurs. L'Empereur comptait sur l'ardeur de ses soldats et la valeur de leurs chefs de corps pour forcer la décision en sa faveur. Cette confiance ne devait pas être déçue.

Le 21, la bataille fit rage toute la journée avec des fortunes diverses. Une première alerte mit en danger les fameux ponts, mais le Génie parvint à exécuter en temps utile les réparations indispensables. Lannes se dépensa sans compter. Le 22 ses unités, grace à une habile manoeuvre, enfoncèrent le centre du dispositif adverse. La victoire semblait certaine et déjà il s'apprêtait à se lancer à la poursuite d'un ennemi désemparé.

A ce moment précis, la chance abandonna nos drapeaux. Un crue subite du Danube, qui charriait des troncs d'arbres et des carcasses de bateaux jetés à la dérive par l'ennemi en vue d'augementer ses possibilités de destruction, vint disloquer les trops vulnérables ponts.

L'armée, isolée de ses bases, était réduite désormais à combattre avec ses seules réserves, et Lannes, sur l'ordre de l'Empereur, dut se contenter de conserver le terrain acquis.

La déception ressentie par le duc de Montebello à l'annonce de cette décision fut cruelle. Il fit cependant des prodiges pour tenir fermement ses positions. Mais ayant subi de lourdes pertes au cours d'une lutte de plus de trente heures, il se vit contraint de cesser toute action offensive avant la tombée du jour.

Le soir descendait doucement sur les deux armées épuisées. Lannes établit une ligne de défense et procéda à l'inspection des groupes de tirailleurs disposés entre les village d'Essilng et d'Aspern dans le dessein de contenir tout assaut éventuel. De temps en temps, la cannonade reprenait, comme si l'un et l'autre des deux adversaires se refusaient à mettre fin le premier à un combat devenu impossible.

Lannes s'entretenait avec le général Pouzet, son ancien sergent instructeur aux volontaires du Gers, lorsqu'une balle perdue vint frapper en plein front cet ami de plus de quinze ans, le tuant net. Le maréchal fut profondément affecté par ce coup du sort foudroyant sous ses yeux celui qui lui avait appris les premiers éléments de l'art militaire.

Trop ému pour contempler plus longtemps sa dépouille, il s'éloigna doucement en direction d'Essling et s'arrêta au bord d'un chemin en contre-bas pour évoquer avec ses officiers les souvenirs qui l'unissaient au disparu. A peine était-il installé que les soldats, emportant le corps de Pouzet vers l'arrière, passèrent devant lui.....""""Ce terrible spectacle me poursuivra donc partout ?"""""s'écria le maréchal, qui détourna le regard et alla s'asseoir quelques mètres plus loin.

Il resta quelques instants sans rien dire, les jambes croisées l'une sur l'autre, la tête dans les mains. Ce fut alors qu'un boulet de moyen calibre, tiré d'un village voisin occupé par les Autrichiens, vint, après avoir ricoché sur le sol, fracasser son genou gauche et déchirer sa cuisse droite.

Le duc, nous dit Larrey dans ses "Mémoires de chirurgie militaire", fut renversé sur le coup, "éprouvant une violente commotion au cerveau et un très grand ébranlement de tous les organes". Il reprit cependant assez vite ses esprits et, tandis que ses compagnons, au nombre desquels se trouvait le futur général Marbot, se précipitaient pour lui porter assitance, il déclara d'une voix assurée...."C'est peu de chose....donnez-moi la main pour m'aider à me relever.""""

C'était ne pas se rendre compte de la gravité des blessures. Aussitôt redressé, le maréchal retomba lourdement, vaincu par la douleur. Un sergent courut vers les soldats qui transportaient le cadavre du général Pouzet pour leur demander le manteau dont il était enveloppé, mais Lannes reconnu ce manteau et s'écria avec violence...."""C'est celui de mon pauvre ami, il est couvert de son sang, je ne veux pas m'en servir...faites-moi plutôt traîner comme vous pourrez.""""

On confectionna donc en toute hâte un brancard avec des fusils et des branchages sur lesquels on tendit une capote de dragon. Le blessé y fut couché tant bien que mal, et les brancardiers improvisés se dirigèrent avec lenteur vers le lieu où l'ambulance avait été sommairement installée.

Celle-ci avait été établie en lisière du bois d'Essling, à une assez faible distance heureusement de l'endroit où le maréchal venait d'être frappé. Depuis la veille, les blessés y affluaient en grand nombre pour recevoir les premiers soins qui leur étaient dispensés par une équipe de chirurgiens exerçant leur art sous la direction du célèbre Larrey, chirurgien en chef de la Garde Impériale et inspecteur général du Service de santé.

......A.....Suivre.....

salut

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Jean-Baptiste Guindey, 1785-1813
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MessageSujet: Re: Le Maréchal Lannes Compagnon de l'Empereur.....   Le Maréchal Lannes Compagnon de l'Empereur..... Icon_minitimeMar 27 Jan - 17:25

Cher Jean-Baptiste.
Comme toujours je Vous remercie pour Votre texte. Marechal Lannes est mon personnage grande qu'il est me proche non dans sa splendeur cependant son l'affliction. Je lisais non seulement "La Bataille" de Rambaud mais "Memoires" de Larrey.
Encore une fois merci et flower
Maria Joanna
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Percy
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MessageSujet: Re: Le Maréchal Lannes Compagnon de l'Empereur.....   Le Maréchal Lannes Compagnon de l'Empereur..... Icon_minitimeMar 27 Jan - 19:12

C'est à une véritable icône de l'épopée que vous rendez hommage, mon cher J-B.
Les avertissements prophétiques de Lannes ne changèrent hélas pas les desseins impériaux et il ne put influer la destinée.
Comme toujours, votre récit est vif, rigoureux, précis et sa lecture demeure un plaisir.
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Jean-Baptiste
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MessageSujet: Le Maréchal Lannes Compagnon de l'Empereur.....   Le Maréchal Lannes Compagnon de l'Empereur..... Icon_minitimeMer 28 Jan - 13:48

.....sunny ..... Vous avez raison Percy......les mots ne sont pas assez forts...envers ce héros de l'épopée Napoléonienne, le plus pur, le plus valeureux...

2ème Chapitre.......(Sources Paul Ganière)....

On ne peut manquer d'admirer, en dépit de la pauvreté des moyens dont ils disposaient, le dévouement et l'adresse dont faisaient preuve ces praticiens qui, sans trève ni repos, pansaient et opéraient sous le feu même de l'ennemi.

Suivant un principe mis en pratique par Larrey lui-même lors des premières campagnes révolutionnaires, le Service de Santé devait suivre les unités combattantes et se tenir constamment à proximité du champ de bataille, prêt à porter secours aux malheureux que des équipes d'infirmiers étaient chargés d'aller relever sous la mitraille.

Cette conception entièrement nouvelle de la chirurgie militaire valut à son promoteur une popularité méritée et fit de lui l'une des plus nobles figures de l'armée impériale.

Chaque unité engagée possédait, grâce à lui, son "ambulance volante", dotée de son personnel propre, de son matériel et de ses véhicules, de telle sorte que les soldats lancés au combat savaient pouvoir compter sur de prompts secours s'ils venaient à être frappés.

La chirurgie de l'époque, sans anesthésie et sans aseptie, n'offrait, en effet, quelques chances de succès que par la rapidité de ses interventions, tandis que tout blessé abandonné à son sort, comme il était de règle au siècle précédent durant des heures ou même des jours, était pratiquement condamné à mourir après d'affreuses souffrances, sans même avoir eu la consolation de voir un chirurgien se pencher sur son agonie.

L'arrivée au poste de secours, d'un personnage aussi important que le duc de Montebello provoqua quelque émoi. Larrey, que des liens d'amitié unissaient au blessé, accourut aussitôt.

Le maréchal revêtu de son grand uniforme souillé de sang, le grand cordon de la légion d'honneur sur son habit, un mouchoir rouge sur la tête, présentait un aspect inquiétant. Le teint pâle, les yeux larmoyants, le pouls imperceptibles, il réunissait tous les symptômes d'un grand traumatisé que la douleur et l'hémorragie avaient profondément choqué.

L'examen des blessures augmenta encore cette mauvaise impression. Si la plaie de la cuisse droite apparaissait de prime abord sans grande gravité, le spectacle ..."""du genou gauche était effrayant par le fracas des os, la déchirure des ligaments, la rupture des tendons et de l'artère poplitée"""".

Larrey se montra fort embarrassé. Sa conviction était qu'il fallait tenter l'amputation sans plus attendre, afin de donner au duc sa seule chance de survie, mais, par crainte sans doute d'une trop grande responsabilité, il n'osa entreprendre sur-le-champ cette opération...."""""J'avoue, dira-t-il, que ce fut une des circonstances les plus difficiles de ma vie, mais je recueillis toutes mes forces et je réclamai l'assistance de plusieurs chirurgiens-majors expérimentés."""""

La consultation donna lieu à une discussion serrée. Larrey soutint avec vigueur sa théorie habituelle de l'intervention aussi rapide que possible et conseilla l'amputation immédiate de la jambe gauche, se réservant d'agir de la même façon sur la jambe droite si la nécessité s'en faisait sentir dans les jours à venir. Du fait de sa haute autorité, son opinion finit par triompher, et à lui revint naturellement le redoutable honneur de tenir le bistouri.

Afin de se trouver un peu à l'abri, on décida de transporter le malade dans l'île de lobau, au milieu du Danube, en utilisant le seul pont resté intact. Le trajet ne donna lieu à aucun incident. Larrey fit poser le brancard à même le sol et disposa à côté de lui les instruments indispensables.

Maintenant que le sort en était jeté, il avait retrouvé tout son sang-froid. En présence de ses confrères qui suivaient du regard le moindre de ses gestes, il se mit à l'ouvrage, après avoir noué autour de sa tunique un long tablier blanc. Le pansement de la cuisse droite ne présenta aucune difficulté et ne demanda que quelques instants.

Larrey procéda alors à l'ablation du membre déchiqueté, avec sa prestesse et sa maîtrise coutumières. En moins de deux minutes, l'opération fut terminée, pendant que le malheureux maréchal, plongé dans un véritable état de prostration, ne faisait entendre que de faibles plaintes.

Devant cette torpeur alarmante, les praticiens jugèrent de le laisser dans l'île pour y passer la nuit. On se contenta de retirer le brancard et d'étendre le duc sur une pile de manteaux de cavalerie faisant office de lit, tandis que des branchages et des feuilles de roseau entrelacés au-dessus de sa tête créaient l'illusion d'une frêle protection contre le vent et l'humidité.

A peine Lannes venait-il d'être ainsi installé que survint l'Empereur. Napoléon était en conversation avec le maréchal Masséna lorsqu'une estafette l'avertit du malheur qui venait de frapper le duc de Montebello. Il s'était sur-le-champ mis à sa recherche et accourait auprès de lui, en proie à une émotion sincère.

L'entrevue eut lieu dans une demi-obscurité...tous les témoins s'accordèrent pour déclarer qu'elle eut un caractère déchirant. L'Empereur, en uniforme de chasseur de la garde et coiffé de son légendaire chapeau, sauta à bas de son cheval et se précipita vers son lieutenant. Il s'agenouilla sur l'herbe et lui dit en l'étreignant.....""""" Lannes, c'est moi, c'est Bonaparte, me reconnait-tu ?"""""....."""""Oui, sire, répondit le maréchal d'une voix étouffée, mais dans deux heures vous aurez perdu le meilleur de vos amis""""""....."""""Non, Lannes, tu vivras et je n'aurai pas la douleur d'être séparé de toi."""""""......"""""" Je le désire, sire, si je puis être encore utile à la France et à votre Majesté.""""""......""""""Larrey te sauvera.""""""

Le chirurgien, très impressionné par cette scène, répondit affirmativement, mais demanda à Napoléon de mettre fin à un entretien qui risquait d'augmenter la fatigue du malade. Les larmes aux yeux, l'Empereur se retira, exigeant que des nouvelles lui soient apportées d'heure en heure à son quartier général.

Larrey ne tarda pas à se retirer également. Il était le seul inspecteur du Service de santé présent sur le champ de bataille, et un grand nombre de blessés attendaient les secours de son art.

Le lendemain matin, après une nuit pénible, une barque spécialement mise à sa disposition par l'Empereur vint chercher le blessé pour le mener sur la rive gauche du Danube, dans le petit village d'Ebersdorf, où étaient construites quelques demeures d'assez belle apparence.

Lannes trouva asile dans la maison d'un brasseur et fut couché dans une chambre du premier étage prenant jour sur une cour assez malsaine et située au-desus d'une écurie dont la mauvaise odeur ne pouvait manquer de l'incommoder. Ce fut dans ce décor modeste que Larrey vint lui rendre visite aux premières heures de la matinée du 23 mai.

Il trouva son opéré de la veille se plaignant de pesanteurs à la tête et de violentes douleurs dans tout le bas du corps l'empêchant de supporter le poids des couvertures. Sa respiration était entrecoupée de soupirs, parfois même ses paroles traduisaient un délire passager.

Depuis de longues heures, il était torturé par une soif intense. La seule eau que l'on avait pu lui offrir était celle du Danube, mais la crue récente l'avait rendue tellement bourbeuse qu'il avait fallu la filtrer à travers une chemise pour la rendre un peu limpide.

Le maréchal, qui avait suivi avec intérêt cette opération et déclaré se trouver dans la situation d'un marin mourant de soif, bien qu'environné par les flots, avait absorbé de grandes quantités de ce breuvage insalubre, et le chirurgien se déclara convaincu qu'un tel régime, après une grosse perte de sang, avait grandement contribué à son affaiblissement. En conséquence, il préconisa de lui donner du vin chaud et du bouillon à base de viande de cheval, assaisonné faute de sel, avec de la poudre à canon. Lorsqu'il se retira, le blessé se sentit un peu réconforté.

Les prescriptions de Larrey semblèrent tout d'abord produire un excellent résultat. Lors de la visite suivante, il fut lui-même étonné de voir le duc moins déprimé.

Le maréchal, qui écoutait avec avidité les paroles d'espoir prononcées à haute voix par Larrey, repris courage. Il posa même des questions sur le célèbre mécanicien viennois Mester, afin que lui fût commandée, sans plus attendre, une jambe articulée pouvant lui permettre de monter bientôt à cheval. L'Empereur, pénétrant dans la chambre du blessé alors qu'il formulait ces projets d'avenir, repartit presque rassuré.

......A.....Suivre....

salut

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Jean-Baptiste Guindey, 1785-1813
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MessageSujet: Re: Le Maréchal Lannes Compagnon de l'Empereur.....   Le Maréchal Lannes Compagnon de l'Empereur..... Icon_minitimeMer 28 Jan - 14:19

Terrible ce récit qui nous replonge dans la réalité de la guerre. Terrible et pourtant tellement utile pour ne pas oublier !

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Percy
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MessageSujet: Re: Le Maréchal Lannes Compagnon de l'Empereur.....   Le Maréchal Lannes Compagnon de l'Empereur..... Icon_minitimeMer 28 Jan - 15:32

Les récits des opérations chirurgicales pratiquées à l'époque sont toujours très impressionnants et celui-ci ne fait pas exception à la règle.
Le stoïcisme des blessés et le sang-froid des praticiens forcent l'admiration...
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MessageSujet: Re: Le Maréchal Lannes Compagnon de l'Empereur.....   Le Maréchal Lannes Compagnon de l'Empereur..... Icon_minitimeMer 28 Jan - 20:13

Percy a écrit:
Le stoïcisme des blessés et le sang-froid des praticiens forcent l'admiration...
C'est vrai.
Cher Jean-Baptiste
Merci flower
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MessageSujet: Re : Le Maréchal Lannes Compagnon de l'Empereur.....   Le Maréchal Lannes Compagnon de l'Empereur..... Icon_minitimeJeu 29 Jan - 10:02

......sunny ......


3ième Chapitre...........(Sources Paul Ganière)....


Cette amélioration fut de courte durée. Progressivement se manifestèrent des signes d'infection, tandis qu'une odeur atroce se répandait dans la pièce où gisait le malade. Parallèlement au développement du procéssus gangréneux, l'état général déclina. Six jours après l'amputation de la cuisse, personne ne nourrissait plus guère d'illusions, et l'issue fatale paraissait inévitable.

Larrey cependant tint à prendre l'avis de ses confrères Yvan, Lannefranque, médecin de l'ambulance impériale, et Paulet. Tous trois constatèrent que la gangrène avait envahi les plaies, qu'il était nécessaire d'administrer du quinquina à fortes doses il convenait d'ajouter quelques gouttes d'éther sulfurique. Leur diagnostic équivalait à un arrêt de mort.

Comme bien on pense, ce traitement n'amena aucune sédation des symptômes, et le duc de Montebello allait s'affaiblissant d'heure en heure, tandis que se multipliaient les poussées de fièvre accompagnées de terribles cauchemars.

Napoléon ayant eu l'occasion de le voir au cours d'un de ces accès, s'éloigna fort affecté, afin de trouver un remède à ses souffrances, il décida de la faire examiner par l'illustre Franck, ancien médecin de Joseph II. Celui-ci amené de Vienne dans la voiture de l'Empereur, ne put qu'approuver la thérapeutique instaurée par ses collègues. La sience tant autrichienne que française, se révélait impuissante à sauver celui que l'on appelait déjà..." Roland de l'armée ".

Dés lors, le dénouement se précipita. Le maréchal, dont les forces déclinaient à vue d'oeil, entra dans un délire complet, nous dit Larrey, fut de courte durée. Il se croyait encore sur le champ de bataille, donnait des ordres, commandait des manoeuvres. Puis un grand affaiblissement survint.

Le mourant, qui ne reconnait plus personne depuis plusieurs heures, retrouva quelque lucidité. Il parla même de sa femme, de ses cinq enfants, de son père. Mais cette lueur d'intelligence s'éteignit rapidement. Il entra doucement dans le coma et mourut, le 30 mai à l'aube, neuf jours seulement après avoir été blessé.

Cette mort causa la plus profonde consternation. Officiers et soldats témoignèrent d'un chagrin sincère et considérèrent la disparition du maréchal Lannes presque comme un deuil national. Mais celui qui manifesta la plus touchante affliction fut certainement l'Empereur en personne.

Depuis le soir d'Essling, il était venu chaque jour, s'enquérant sans cesse de la marche de la maladie, voulant jusqu'à l'ultime instant et, malgré le verdic des médecins, se bercer d'espérances. Lorsqu'il sut que le duc avait rendu le dernier soupir, il sembla chanceler et, repoussant les conseils de son entourage, désira voir encore une fois le corps de son ami. On ne put l'empécher de s'approcher de sa dépouille et de l'étreindre en pleurant, répétant à plusieurs reprises....""""Quelle perte pour la France et pour moi ! """""

Cette scène pénible dura près d'une heure. Il fallut rappeler à sa Majesté les nécessités du moment pour l'arracher de la chambre mortuaire.

Pourtant, certaines entrevues qu'il avait eues les jours précédents avec le maréchal avaient été dramatiques. Lannes sentant la mort venir, avait retrouvé à l'égard de son souverain le franc-parler de leur jeunesse, alors que, général républicain tout fier d'avoir participé à la gloire de Bonaparte, il se croyait le droit de le tutoyer familièrement. Plusieurs témoins rapportèrent des propos assez vifs tenus par le moribond.

""""""Ce n'est pas pour t'intéresser à ma famille que je te parle, se serait écrié le duc de Montebello....je n'ai pas besoin de te recommander ma femme et mes enfants, puisque je meurs pour toi, ta gloire t'ordonne de les protéger et je ne crains pas, en t'adressant ces derniers reproches de l'amitié, de changer tes dispositions à leur égard.....Ton ambition est insatiable, elle te perdra....Tu n'as autour de toi que des flatteurs...je ne vois pas un ami qui ose te dire la vérité...on te trahira, on t'abandonnera, hâte-toi de finir cette guerre, c'est le voeu général....tu ne seras jamais plus puissant, mais tu peux être bien plus aimé...pardonne ces vérités à un mourant...ce mourant te chérit.""""""

Ces durent paroles auraient été prononcées d'une voie suffisamment forte et distincte pour avoir été entendues d'une pièce voisine où se trouvaient réunis plusieurs personnes, au nombre desquelles figuraient notamment son valet de chambre Constant et le pharmacien Cadet de Gassicourt. Tous furent stupéfaits par l'audace dont faisait preuve le maréchal et par le calme de l'Empereur lorsqu'il sortit de la chambre.

Bien entendu, le premier moment de stupeur dissipé, ces étranges propos furent colportés sans discrétion et firent le tour de l'armée.

Napoléon les nia plus tard, assurant qu'on avait voulu ternir la mémoire du maréchal en tentant de fraire croire qu'au cours de son abominable agonie, il s'était montré enragé....et....était mort en furieux maudissant l'Empereur....Quelle absurdité, dira ce dernier à Las Cases ! Lannes m'adorait, au contraire. C'était un des hommes au monde sur lequel je pouvais le mieux compter. Il est vrai, ajoutait-il cependant avec tristesse, que, dans son humeur fougueuse, il eût pu échapper quelques paroles contre moi, mais il était homme à casser la tête de celui qui les aurait entendues.

A la suite de l'Empereur, et comme s'ils s'étaient ralliés à un mot d'ordre, bien des mémorialistes déclarèrent que Lannes avait rendu le dernier souffle sans avoir cessé de témoigner à son maître le plus fidèle attachement et que, s'il avait parfois formulé un jugement sévère à son endroit, il n'avait agi que sous l'empire du délire et sans avoir eu conscience de ce qu'il disait.

.....A....Suivre....(4ième et dernier Chapitre)....

salut

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MessageSujet: Re: Le Maréchal Lannes Compagnon de l'Empereur.....   Le Maréchal Lannes Compagnon de l'Empereur..... Icon_minitimeJeu 29 Jan - 15:30

Citation :
il n'avait agi que sous l'empire du délire et sans avoir eu conscience de ce qu'il disait.

La préservation de la légende était à ce prix, ce qu'avaient bien compris les mémorialistes attachés au régime et donc déterminés coûte que coûte à ce qu'elle demeure intacte.
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Jean-Baptiste
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MessageSujet: Re: Le Maréchal Lannes Compagnon de l'Empereur.....   Le Maréchal Lannes Compagnon de l'Empereur..... Icon_minitimeVen 30 Jan - 8:41

......sunny ...... Tout à fait Percy....!!


4ième et dernier Chapitre.....(Sources Paul Ganière)....


Ainsi, on ne conteste pas formellement ces invectives, mais on cherche à en minimiser la valeur en les plaçant dans la bouche d'un homme ayant perdu tout contrôle de ses pensées. Il est curieux de constater que l'un des défenseurs de cette thèse n'est autre que Larrey lui même. A-t-il plaidé la cause de l'irresponsabilité pour la raison fort vraisemblable que Lannes dans son agonie, oubliant les services rendus en Egypte, avait voué à la potence le chirurgien coupable à ses yeux de n'avoir pu une fois lui sauver la vie ?

En fait, eût-il été si extraordinaire que le duc de Montebello, même en pleine possession de son libre arbitre, ait usé de franchise à l'égard de son souverain pour le mettre en garde contre les dangers engendrés par sa politique ? Lannes, qui, dans le fond de son coeur, aimait sincèrement son pays et son chef, a fort bien pu être persuadé servir l'un et l'autre une dernière fois en exposant sans détours le point de vue de bon nombre de ses compagnons d'armes.

Quoi qu'il en soit, dès qu'il eut fermé les yeux, Napoléon exprima le désir que le corps du maréchal fût embaumé pour être ramené en France, et il chargera Larrey de cette délicate opération.

A cet effet, le cadavre fut transporté au château de Schoenbrunn, dans une pièce éloignée des locaux d'habitation. Avec l'aide de Cadet de Gassicourt, qui devait, dans les circonstances présentes, afficher la plus totale impassibilité, il procéda à l'enlèvement des viscères et trempa le corps déjà en putréfaction dans un bain de sublimé corrosif après lui avoir infligé d'assez profonde entailles avec la lame d'un bistouri.

Cette sorte de macération, au cours de laquelle la solution sublimé fut renouvellée à deux ou trois reprises, du fait de sa corruption et de son évaporation, dura huit jours. Le cadavre démesurément enflé, fut alors placé dans une sorte de tonneau spécialement préparé pour le recevoir et conduit à Strasbourg.

Parvenu sans encombre à destination, il fut extrait de cet étrange cercueil, déposé dans une salle basse de la mairie et séché dans un filet à l'aide d'un feu régulièrement entretenu jour et nuit. On l'ensevelit enfin """à l'égyptienne"", c'est à dire en entourant le corps de bandelettes, à l'exception de la tête qui fut remodelée par d'habiles manipulations.

On le porta alors en grande cérémonie dans un caveau de l'hôtel de ville où sa femme put le contempler un an plus tard avec une émotion fort compréhensible. Malgré les efforts déployés par les gens de l'art, la malheureuse maréchale ne put qu'à grand-peine retrouver les traits de celui qui avait été son mari dans le visage déformé et parcheminé qui lui était présenté.

La disparition de Lannes fut une perte réelle pour Napoléon et pour l'armée. En fait, Napoléon ne se consola jamais de ne plus avoir à ses côtés celui qu'il avait connu "pygmée" et qu'il avait perdu "géant". Au lendemain de sa mort, il écrivait à sa veuve. """"""Je perds le général le plus distingé de mes armées, mon compagnon d'armes depuis seize ans...sa famille et ses enfants auront toujours des droits particuliers à ma protection.""""

Effectivement plusieurs décrets assurèrent à ses descendants pensions, dotations, faveurs diverses au titre de la reconnaissance nationale, et lorsqu'il fut question pour l'Empereur de s'unir à une archiduchesse d'Autriche, il ne crut pouvoir mieux faire que de choisir pour dame d'honneur de la nouvelle impératrice la duchesse de Montebello.

Mais la preuve la plus touchante d'estime que Napoléon pouvait décerner à Lannes fut sans aucun doute contenue dans ce passage émouvant du Mémorial de Sainte-Hélène, alors que, devant ses compagnons de captivité, Napoléon essayait de deviner quel aurait être le rôle du duc de Montebello s'il avait été témoin des dramatiques évènements de 1814 et 1815.

""""Nous avons appris, dira le grand exilé, à ne jurer de rien. Toutefois, je ne pense pas qu'il eût été possible de le voir manquer à l'honneur et au devoir. D'ailleurs, il est à croire qu'il n'aurait pas existé. Brave comme il l'était, il est indubitable qu'il se fût tuer dans les derniers moments, ou du moins qu'il eût été assez blessé pour se trouver à l'écart, hors du centre de l'influence des affaires...Enfin, s'il avait été disponible, il était de ces hommes à changer la face des choses par son propre poids et sa propre influence.""""

......FIN......

salut

_________________
" Ne crains pas d'avancer lentement, crains seulement de t'arrêter "   (Sagesse Chinoise).

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MessageSujet: Re: Le Maréchal Lannes Compagnon de l'Empereur.....   Le Maréchal Lannes Compagnon de l'Empereur..... Icon_minitimeVen 30 Jan - 16:36

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MessageSujet: Re: Le Maréchal Lannes Compagnon de l'Empereur.....   Le Maréchal Lannes Compagnon de l'Empereur..... Icon_minitimeVen 30 Jan - 22:31

Citation :
s'il avait été disponible, il était de ces hommes à changer la face des choses par son propre poids et sa propre influence

Avec cette conclusion dans la bouche même de l'Empereur, on ne peut que regretter davantage que le maréchal Lannes n'ait point survécu à ses blessures.
Le sort de l'Empire eut pu en être changé...
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MessageSujet: Re: Le Maréchal Lannes Compagnon de l'Empereur.....   Le Maréchal Lannes Compagnon de l'Empereur..... Icon_minitime

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