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 Les Finances de Napoléon III....

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Jean-Baptiste
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Jean-Baptiste


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MessageSujet: Les Finances de Napoléon III....   Les Finances de Napoléon III.... Icon_minitimeJeu 19 Nov - 8:12

..... Les Finances de Napoléon III.... Icon_sunny ...... ....Les Finances de Napoléon III...Avant l'Empire....

(Sources Adrien Dansette).


Lorsque la reine Hortense meurt en 1837 dans sa villa d’Arenenberg, sur les bords du lac de Constance, où elle vit séparée depuis près de trente ans de l’ancien roi Louis de Hollande qui soigne ses infirmités à Florence, elle laisse à son seul fils vivant, Louis Napoléon , le futur Empereur, outre cette propriété d’Arenenberg et les souvenirs précieux qu’elle y conservait, une terre en Italie, trois cent soixante actions de la banque de Vienne, des rentes Portugaises et Espagnoles qui servirons à payer les pensions qu’elle a accordées dans son testament, et vingt mille florins « placés sur la banque de Munich ». Le prince dispose au total de trois millions de francs et de cent vingt mille livres de rente.

C’est assez pour vivre noblement, mais peu pour renverser Louis-Philippe. En 1836, Louis Napoléon qui ne disposait d’aucune fortune avant la disparition de sa mère, a organisé et exécuté presque sans argent son complot de Strasbourg. En 1838, il s’installe à Londres et se met à préparer une nouvelle tentative qui va échouer à Boulogne le 6 août 1840 et qui, elle, lui coûte fort cher.

Louis Napoléon vend des objets précieux pour cent mille francs, en tire trois cent autres mille de sa terre italienne et douze à quatorze cent mille…. de trois cents actions de la Banque de Vienne. … « J’ai employé », dira-t-il, lors de l’instruction de son procès, « une partie de ces sommes dans un but politique et il est certain que ma fortune en a subi quelque effet. »

En outre, Arenenberg sert de gage à un crédit de soixante-quinze mille francs, ouvert par Edgar Ney, le fils du maréchal, à un banquier nommé Devey, opération qui se compliquera d’une émission de traites de trente mille francs…..consentie par le général Montholon, l’ancien compagnon de l’Empereur à Sainte-Hélène.

A quoi tout cet argent est-il employé ? Le prince subventionne deux journaux, le Capitole et le Commerce pour travailler l’opinion publique et achète les concours nécessaires au succès de son entreprise comme en témoigne l’attitude du général Magnan, commandant de la subdivision de Lille. Un officier en retraite, le commandant Mésonan, après plusieurs entretiens avec ce général, lui aurait remis une lettre ainsi conçue que lui-même avait reçu de Louis Napoléon.

« …..Mon cher commandant, il est de la plus grande nécessité que vous voyiez le général en question, vous savez que c’est un homme d’exécution et sur qui on peut compter, vous savez aussi que c’est un homme que j’ai noté pour être un jour maréchal de France. Vous lui offrirais cent mille francs de ma part et vous lui demanderez chez quel banquier ou quel notaire il veut que je lui fasse compter trois cent mille francs dans le cas où il perdrait son commandement….. »

Le général aurait mis Mésonan à la porte. Mais lors du procès devant la Cour des Pairs qui suivit l’échec de l’affaire, il ne pourra expliquer clairement si l’ambiguïté de son attitude, ni l’invraisemblance de l’offre de Mésonan si elle n’a pas été précédée de pourparlers. Sous le second Empire, devenu maréchal Magnan mourra couvert de dettes malgré la générosité de Napoléon III.

Louis Napoléon doit aussi embaucher les compagnons qui débarqueront avec lui à Boulogne, leur fournir des fusils, des uniformes, louer un vapeur pour les conduire en France. Tous ces préparatifs épuisent ou entament fortement ses disponibilités, or, il lui faudra un trésor de
.....guerre au moment de passer à l’action. En juin, il demande à un exilé italien, le comte Orsi, ancien banquier de Florence compromis comme lui en 1831 dans l’insurrection des Romagnes, de lui procurer vingt mille livres, la moitié immédiatement, le reste à la veille de la tentative

Orsi s’est engagé à les lui fournir s’il ne faisait pas d’objection sur la manière dont les fonds seraient trouvés. L’ancien banquier est en relation avec un haut fonctionnaire de la Trésorerie Britannique nommé F.B. Smith qui, pour faire face à des dettes de jeu, remet en circulation, au lieu de les annuler, les bons de l’Echiquier revenus au Trésor. Smith espère se renflouer en spéculant sur la baisse des fonds français qu’entraînera la tentative de Louis Napoléon.

Il s’engage à procurer vingt mille livres à condition qu’on lui dise la date de l’expédition et il remet immédiatement dix mille livres en or et billets de banque. L’échec de la tentative avant qu’elle ait pu influer sur le cours des fonds Français, ne permettra pas à Smith de cacher plus longtemps ses malhonnêtetés, il sera condamné à la déportation à vie. Mais Louis Napoléon, en s’embarquant pour Boulogne, pourra emporter avec lui quatre cent soixante quinze mille francs, dont cent mille francs en pièces d’or.

Condamné en octobre 1841 à l’emprisonnement à vie, Louis Napoléon subit sa peine au fort de Ham. Au bout de quelques mois, il obtient l’autorisation de recevoir des visiteurs parmi lesquels les hommes d’affaires sont nombreux…deux notaires, un avoué, plusieurs banquiers dont l’un domicilié à Ham, un grand avocat, Nogent Saint Laurent…son frère de lait, Bure, qui tient la comptabilité et obtiendra à la fin de sa détention de communiquer librement avec lui.

L’équipée de Boulogne a diminué la fortune du prince et accru ses dépenses, ses revenus, tombés de cent vingt à cent mille francs, sont insuffisants pour faire face à ses charges…pensions d’anciens serviteurs de sa mère, entretien des amis et des serviteurs qui vivent avec lui ou non loin de lui à Ham, secours et pensions aux complices de Strasbourg et de Boulogne, à la veuve de l’un d’eux qui a été tué. « J’ai un devoir sacré à remplir » écrit-ilà un ami en avril 1842, « c’est de soutenir tous ceux qui se sont dévoués pour moi, et malheureusement les pensions que je paye sont au-dessus de l’état de ma fortune. Je soulage aussi autant que je peux les malheureux qui m’entourent et, pour faire face à tout cela, je me retranche même sur mes plaisirs, j’ai vendu mon cheval et je crois que je n’en rachèterai pas. »

Ses dépenses s’élèvent au total à deux cent mille francs, soit un déficit annuel de cent mille francs. Pour y faire face, Louis Napoléon, faisant flèche de tout bois, vend à réméré le cher Arenenberg en janvier 1843, liquide des souvenirs de famille, essaye de contracter des emprunts.

De la villa…. d’Arenenberg , il obtient soixante dix mille francs. Il est plus difficile de réaliser les objets d’art….le talisman de Charlemagne, saphir à l’intérieur duquel se trouve un morceau de la vraie croix (Napoléon l’a reçu du clergé d’Aix la Chapelle et l’Impératrice Eugénie en fera don à la cathédrale de Reims en 1919…une tapisserie des Gobelins représentant le Premier Consul à cheval…un camée d’Auguste, trouvé par Bonaparte sous les ruines de Peluse et qu’il fait monter en médaillon pour le vendre…le grand portrait de l’Impératrice par Prud’hon ….le lavabo de Louis XIV….un manchon que la reine Hortense a reçu de l’Empereur Alexandre.

Louis Napoléon n’est pas très fixé sur la valeur de ces objets dont il n’arrive pas à se débarrasser. Il propose le talisman au prince Dermidoff, le mari de la princesse Mathilde, pour cent cinquante mille francs, et la tapisserie des Gobelins pour vingt mille francs, alors qu’il cherchait à en obtenir trente mille en 1838 par l’intermédiaire de son ami Arèse.

Le camée est offert pour vingt mille francs seulement, mais on s’aperçoit qu’il ne s’agit que d’une « pâte »…… ni Dermidoff, ni la princesse Hohenzollern Hechingen, ni la reine de Suède ne veulent du Prud’hon pour vingt mille francs. Le lavabo de Louis XIV trouve à trois mille francs un preneur qui ne les paye pas, Dermidoff le refuse pour cinq mille. Quant au manchon de la reine Hortense, bien qu’il ait été estimé quarante mille francs, Louis Napoléon ne parvient pas à en obtenir quatre mille.

.....A....Suivre..... ....Les Finances de Napoléon III.... Salut

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Jean-Baptiste Guindey, 1785-1813
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MessageSujet: Les Finances de Napoléon III....   Les Finances de Napoléon III.... Icon_minitimeVen 20 Nov - 8:04

...... Les Finances de Napoléon III.... Icon_sunny ...... .Suite......Les Finances de Napoléon III...Avant l'Empire....

(Sources Adrien Dansette).


S’il n’y a pas grand-chose à espérer de ces objets d’art, le résultat des démarches entreprises par le banquier Devey est encore plus décevant. Il s’agit de réclamer à l’Etat vingt millions de dommages intérêts en raison de la confiscation des biens de la reine Hortense en 1814. Les intermédiaires garderaient la moitié de la somme. Devey fait faillite en 1842. Mais Louis Napoléon reprend l’affaire l’année suivante avec Nogent Saint Laurent et Ledru Rollin.

C’est en vain aussi que le prince cherche à emprunter de l’argent à ses banquiers de Londres, Baring, Farquhar, à la banque de Saint Quentin, à M. Fouquier d’Hérouël. Ce prisonnier aventureux n’est pas un débiteur souhaitable. Il va pourtant obtenir un prêt de cent cinquante mille francs d’un personnage excentrique, en raison de cette excentricité même.

En 1845, Orsi, au terme de cinq années de prison que lui a valu sa participation à l’entreprise de Boulogne, a l’idée d’écrire au richissime duc Charles de Brunswick, souverain chassé en 1830 par des sujets las de ses extravagances, qui vit à Londres son exil doré en attendant que la ville de Genève hérite de lui à charge de lui élever une statue.

Ce prince victime d’une révolution est un républicain, principal actionnaire du National ….ami de Cavaignac et de Marrast. Il reçoit Orsi enveloppé dans une longue robe de chambre de peluche noire, la tête enfouie sous un capuchon, et fait mine de le chasser lorsqu’il comprend l’objet de sa visite, car il estime que Louis Napoléon ne signifie rien s’il ne signifie l’Empire.

Mais Orsi finit par le décider à mettre à la disposition du prisonnier de Ham la somme demandée aux conditions suivantes….1° Le prince acceptera trois billets de cinquante mille francs payables dans cinq ans à 5% d’intérêt…2° Vingt mille francs sur les cent cinquante mille seront employés par lui en actions du journal républicain le National achetées au pair…3° Une alliance offensive et défensive sera conclue entre le prince et le duc par laquelle le prince s’engagera au cas où il serait élu roi, président ou empereur, à aider le duc dans ses vues sur l’Allemagne. Le duc agira de même pour lui, au cas où son avènement au pouvoir aurait lieu avant que le prince ait réussi en France.

Brunswick exige que son secrétaire, nommé Smith, soit reçu par Louis Napoléon. Orsi demande l’autorisation de se rendre à Ham pour lui-même et pour ce personnage, mais elle lui est refusée parce qu’il a été complice du prince à Boulogne. Afin de la lui obtenir, le prince explique qu’il s’agit de la vente d’objets d’art. Le ministre de l’Intérieur accorde alors l’autorisation à condition que le commandant du fort, Demarle assiste à l’entretien.

Après avoir quelque peu hésité, le prince accepte et Orsi accompagné de Smith, vient en apparence pour conclure la vente. Il est évident que l’échange des signatures du traité véritable rédigé sur satin, a lieu par l’intermédiaire d’une des personnes qui peuvent alors voir librement le prince.

Les deux premières clauses de ce document devaient être scrupuleusement exécutées. Louis Napoléon, venu à meilleure fortune, paya les billets souscrits en vue du remboursement. Bure, prête nom du prince, devint titulaire de quatre vingt actions du National dont trente passèrent à un autre familier, Bouffet Montauban.

Elles furent rendues au duc de Brunswick en 1848 et 1849. L’achat d’actions du principal journal républicain de l’époque par le futur Empereur est un paradoxe qui prête à sourire. Mais l’histoire lui donnera un caractère symbolique, puisque la victoire remportée par les républicains sur la Monarchie de Juillet allait bientôt apparaître comme une étape du rétablissement de l’Empire.

Quant à l’engagement de favoriser les ambitions du duc d’Allemagne, il est permis d’imaginer que Louis Napoléon, au fait de l’extravagance de son prêteur, ne lui attacha aucune importance. En Octobre 1844, huit mois avant la signature de ce traité, le prince écrivait à son cousin Napoléon….. « Je viens de recevoir une nouvelle désespérante pour moi car elle me prive de mes dernières ressources. Tout n’est pas perdu, mais avant un an ou deux, je n’en tirerai plus rien…tu conçois combien ma position est cruelle, moi qui n’ait jamais pensé à l’argent et qui étais toujours heureux d’en donner pour obliger les autres. »

Le prêt du duc de Brunswick lui assure dix-huit mois ou deux ans de tranquillité. Avant qu’ils soient expirés, il aura hérité du roi Louis. En mai 1846, Louis Napoléon s’évade et s’installe de nouveau à Londres, moins fastueusement qu’en 1838. Quelques mois plus tard, son père meurt en lui laissant douze cent mille francs, représentés surtout par le domaine italien de Civita Nova, acheté six cent quarante deux mille francs au prince Eugène et dont le rendement s’élèvera en 1852 à soixante mille francs.

On a vu que depuis 1840, il lui reste environ cent mille francs de rentes de l’héritage maternel. Ses dépenses, deux fois plus élevées que ses revenus au cours de sa captivité, se sont encore accrues depuis son évasion. Les pensions qu’il continue à payer et l’entretien de son entourage demeurent une charge écrasante….à Londres, il achète neuf cent livres… une clientèle de médecin pour Conneau….à laquelle s’ajoute celle de son train de vie que l’administration tutélaire de Louis-Philippe ne prend plus à sa charge.

Il a des tractations financières compliquées avec la Baringsbank, les Rothschild, M. Farquhar, et continue à s’endetter. Les opérations successives dont le domaine de Civita Nova fait l’objet vont lui fournir d’importantes disponibilités. Il vend en effet cette propriété à sa maîtresse, mis Howard, probablement en 1847, on ignore pour quelle somme. En 1848, il la lui rachètera pour un prix de trois millions de francs payables en 1851 et il l’hypothèquera aussitôt au profit du marquis Pallavicino, moyennant un prêt de trois cent vingt quatre milles francs. Cette double mobilisation de Civita Nova lui permet d’en tirer par deux fois des sommes importantes tout en reportant à une date ultérieure ses propres décaissements.

De tels procédés ouvrent sur la moralité financière de Louis Napoléon des aperçus inquiétants au premier abord, mais qui ne peuvent être appréciés isolément. Le prince n’est pas un esclave de l’argent….au fort de Ham il ne souffrait point de manque de confort. Bien plus, l’argent ne l’intéresse pas en lui-même. Devenu Empereur, il pourrait se constituer une énorme fortune. Or, après 1870, il aura la réputation de n’avoir qu’une honorable fortune bourgeoise. Songerait-il à mettre de l’argent de côté qu’il n’y parviendrait pas tant sa générosité est impérieuse.

Son désintéressement personnel est si absolu qu’il lui donne dans les relations familiales et amicales une délicatesse touchante. Le roi Louis lui écrivait en 1834….. « Je me souviens avec orgueil qu’un jour, auprès du lit de ta grand-mère, tu fus peiné et affligé de voir que des propos d’intérêts pécuniaire se mêlaient aux expressions de l’amour filial et prenaient l’apparence de discussions…Oh papa, me dis-tu, il ne faudrait pas que les enfants héritassent de leurs parents. »

Si paradoxal que cela paraisse, c’est son mépris de l’argent qui le conduit à des actes choquants eu égard aux principes et aux conventions, sous certains points de vue très stricts, qu’une société où l’argent joue un rôle essentiel a dû façonner, tant pour légitimer cette primauté que pour ne pas en devenir l’esclave intégral.

Ce grand seigneur est étranger aux règles financières et morales de l’économie bourgeoise. Il n’a plus de préjugés dans la recherche de l’argent qu’il ne met de calcul ou de mesquinerie dans sa dépense. Président de la République et Empereur, il couvrira de son indulgence les écarts financiers de ses amis et de ses serviteurs, c’est ainsi qu’en 1850, une loterie dite du lingot d’or, destinée à subvenir au transport en Californie d’émigrants volontaires et dont ses anciens complices de Boulogne, Alendenize et Orsi doivent être les bénéficiaires, sera autorisé à sa demande…l’affaire deviendra suspecte et il fermera les yeux.

Lui-même est indifférent aux moyens de financer ses entreprises, on a vu comment Orsi s’est procuré les derniers fonds nécessaires au complot de Boulogne. Il s’indignait de ce que les enfants mêlent des considérations financières à leurs sentiments filiaux, en vertu du même désintéressement, il trouve tout naturel que sa maîtresse le tire d’embarras, puis engage sa fortune sur son avenir politique, à sa place, il agirait spontanément comme elle le fait.
....A....Suivre.... ......Les Finances de Napoléon III.... Salut

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Jean-Baptiste Guindey, 1785-1813
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MessageSujet: Les Finances de Napoléon III....   Les Finances de Napoléon III.... Icon_minitimeSam 21 Nov - 7:54

...... Les Finances de Napoléon III.... Icon_sunny ...... Suite et Fin... ..Les Finances de Napoléon III...Avant l'Empire...

(Sources Adrien Dansette).


Où ses expédients financiers conduiront-ils Louis Napoléon si l’avenir ne lui est pas plus clément que le passé ?....Mais l’heure approche où il va cueillir la récompense de sa ténacité. En février 1848, la Monarchie de juillet s’effondre. En juin et de nouveau en septembre, Louis Napoléon est élu représentant à l’Assemblée Législative. En décembre, il est porté à la présidence de la République par le suffrage populaire.

Sa situation financière ne s’est pas améliorée. Entre ses élections à l’Assemblée et son arrivée à l’Elysée, on a remarqué qu’il venait toucher ses modestes émoluments parlementaires le jour même de l’échéance. Un mois environ avant qu’il ne soit le chef de l’Etat, un « notaire public » de Londres proposait, par circulaire, des certificats de dix mille francs représentant une créance de dix millions de francs sur l’Etat français assigné par le prince à une banque de Paris, sans doute s’agissait-il des anciennes revendications de la reine Hortense.

Il est permis de penser que le candidat à la présidence renonça à cette émission en raison de l’effet désastreux qu’elle eut produit. Depuis lors, malgré un traitement de six cent mille francs, son élection a plus accru ses dépenses que ses ressources, mais elle lui a donné un crédit qui lui permet de contracter de nouveaux emprunts. C’est probablement en 1849 qu’un de ces prêteurs, Rapallo, lui procure deux cent mille francs.

Ferdinand Barrot, alors secrétaire général de la présidence, lui en prête cent mille. Il reçoit des fonds de la banque Rothschild, de la banque Fould et surtout de la banque anglaise Baring. Toutes ces avances ne l’empêchent pas d’être fréquemment gêné. On rapporte qu’à la veille d’un voyage officiel à Ham, en juillet 1849, le président de la République tire de sa poche deux pièces de cinq francs en s’exclamant ….. « Voilà tout ce que j’emporte pour les frais extraordinaire de mon voyage. »

Un ancien agent de Louis Napoléon, Aristide Ferrère, affirmera avoir reçu en 1848, mission de contracter un emprunt en Russie, et un agent russe nommé Tolstoï, prétendra avoir touché par un banquier anglais un nommé Forbes Campbell pour obtenir du Tsar un million de francs.

]En mars 1849, le ministre Barrot a obtenu de l’Assemblée qu’elle alloue au président de la République six cent mille francs de traitement, en outre, Louis napoléon délivre pour des aumônes et des largesses personnelles des bons d’un total de cent cinquante mille francs par an que le ministre de l’Intérieur acquitte régulièrement. Mais son train de vie présidentiel et les dépenses de la propagande sont tels qu’il est toujours aussi gêné et, au printemps de 1850, il fait demander à l’assemblée par le Ministre, une allocation supplémentaire de deux millions quatre cent mille francs.

La commission désignée n’accorde qu’une somme de seize cent mille francs….encore ne l’est-elle qu’à titre exceptionnel…correspondant aux avances que le président est censé avoir faites pour ses frais d’installation. L’assemblée paraissant défavorable au projet gouvernemental, un ami du prince lance une proposition transactionnelle de deux millions cent soixante mille francs qui est adoptée à vingt et une voix de majorité, après une intervention favorable du général Changernier.

Cette allocation supplémentaire est vite épuisée et le prince se trouve sans argent au début de 1851. Il demande une nouvelle allocation de dix-huit cent mille francs bien que ses relations avec l’Assemblée soient mauvaises. Le journal l’Assemblée Nationale déclare que « c’est assez d’un personnel de cent soixante et onze personnes, de quarante deux chevaux, de vingt grands dîners, de douze grands bals, de trois cent trente mille francs pour la table, de cent trente cinq mille francs pour les écuries, de vingt quatre mille francs pour la toilette, de quarante six mille francs pour les aides de camp, de cent seize mille francs pour le secrétariat, de cent cinquante deux mille francs pour la domesticité, de cent vingt sept mille francs pour les dépenses accidentelles, etc…. »

Ses adversaires républicains n’ont jamais consenti à fournir au Président de la République des moyens d’action supplémentaires et ses adversaires royalistes y répugnent depuis qu’il est en lutte avec eux. Malgré un grand discours de Montalembert, le crédit de dix-huit cent mille francs est repoussé. Les partisans du prince parlent d’organiser une souscription nationale en sa faveur.

L’opinion publique est plus offusquée des « vingt cinq francs par jours » touchés par les représentants que des centaines de milliers alloués au président. Il serait néanmoins maladroit de fixer sur eux l’attention publique. Louis Napoléon désapprouve le projet de souscription nationale et réduit son train de vie….vingt chevaux de ses écuries sont vendus, les bals et les grandes soirées à l’Elysée sont supprimés. Gestes ostentatoires que la publicité ne laisse pas ignorer….mesures indispensables aussi…lorsque le commandant Fleury, l’un de ses officiers
d’ordonnance, part au mois d’avril chercher en Algérie parmi les officiers supérieurs, des appuis pour la politique présidentielle, Bure, le trésorier de Louis Napoléon, ne peut lui donner les quelques milliers de francs dont il aura besoin pour acheter des chevaux en arrivant, il lui remet un bon que la banque Fould refuse parce qu’elle n’escompte que les effets de commerce.

C’est un chef d’escadron de la garde nationale, partisan du prince, qui le tire d’affaire en lui prêtant la somme nécessaire. C’est après le vote de l’Assemblée que Louis Napoléon emprunte cinq cent mille francs remboursables en cinq annuités au maréchal Narvaez, duc de Valence, ancien général en chef de l’armée espagnole pendant la guerre des carlistes et qui, mari d’une Tascher de la Pagerie, est son cousin éloigné.

On dira que le refus de l’Assemblée de lui accorder une dotation plus importante qui lui permettrait de procéder à des remboursements probables pour maintes raisons dont l’exposé dépasserait le cadre de cet article. Toujours est-il que la préparation de ce coup d’Etat obère encore davantage ses finances. De quels moyens dispose-t-il alors ?.... Quelle est leur origine ?...Quel est leur emploi ?....

En 1852, il remboursera huit cent quatorze mille francs à la banque Baring à Londres, mais les avances de fonds qui s’étaient échelonnées au cours des années précédentes n’ont dû être utilisées que partiellement pour le coup d’Etat. En juillet 1851, une Italienne d’origine anglaise qu’il a connue jeune fille, la marquise Campana, née Emilie Rowles, lui prête trente trois mille francs. La princesse Mathilde dont les moyens d’existence sont à peu près limités à la pension que doit lui verser son mari, le prince Demidoff, engage ses bijoux au Mont-de-piété et prête à son cousin quatre mille francs.

La principale commanditaire est mis Howard qui remet au prince deux cent mille francs …elle a hypothéqué ses maisons de Londres, vendu ses chevaux de selle et mis elle aussi ses bijoux en gage, confiant au comte d’Orsay que… « Les meubles de Bernard Palissy étaient jetés dans la fournaise. »

Les milieux financiers français qui, à l’exception des banquiers Fould et Koenigs-waster sont restés étrangers à la politique présidentielle, ne subventionnent pas l’entreprise…la principale puissance de ce monde est la famille de Rothschild qui est orléaniste. Quant à Morny, le demi-frère de Louis Napoléon, il a coutume d’utiliser l’argent de la comtesse Le Hon dans ses affaires, si bien que, lors de leur rupture, en 1857, Rouber, chargé par Napoléon III d’arbitrer le partage des intérêts, évaluera à trois millions cinq cent mille francs, la somme qu’il devra à son ancienne maîtresse….mais la comtesse le Hon est orléaniste et il n’est pas prouvé qu’elle ait, même indirectement, subventionné Louis Napoléon.

En lui assurant d’importantes ressources régulières, le coup d’Etat du Prince Président, puis son élévation à l’Empire sous le nom de Napoléon III…lui permettront d’assainir sa situation financière en quelques années.

…..FIN….... .... Les Finances de Napoléon III.... Salut

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