Bonsoir Cher rapentat,
Vous ne me décevez nullement ...
Vous exprimez votre sentiment, et même s'il diffère quelque peu du mien ou de celui d'autres intervenants, n'y puisons-nous pas là toute la richesse de nos échanges ?
Ceci étant, et puisque vous me redonnez la parole, je me permettrais d'apporter quelques points de réflexions...
Je serai plus nuancée que vous lorsque vous évoquez comme
unique pensée, la place que se devait de laisser l'Empereur dans l'Histoire.
Il y pensa, c'est une évidence, mais pas juste après Waterloo , et pour moi, ce ne fut pas sa seule pensée ....
Imaginez-vous un instant le désastre physique et moral, après ces ultimes combats livrés à Waterloo ...
Singulière destinée, dira-t-il, où trois fois, j'ai vu s'échapper de mes mains, le triomphe assuré de la France ...
Triste fatalité dont on ne peut jamais vraiment se consoler ... D'ailleurs, combien de fois Waterloo n'a-t-il pas été évoqué par l'illustre prisonnier à Sainte Hélène ?
Les désertions, les trahisons, tous les travers et les vils comportements des hommes en qui il avait mis toute sa confiance des années durant, tout cela s'accumulait subitement, rendant plus funestes encore les pensées de l'Empereur ...
Puis, il y eût ce poignant passage à La Malmaison ... L'ombre de l'Incomparable Joséphine, devenue silencieuse à tout jamais ...
Quel douloureux souvenir que celui de sa disparition !
Et cette deuxième épouse, cette autrichienne qui tourna aussi les talons, dès que le vent devînt mauvais...
Enfin ce fils à qui il pensait si souvent, arraché à lui par les griffes autrichiennes, lui laissant une plaie éternellement béante !
Et, juste avant de connaître les ignominieuses machinations britanniques, un espoir, nourri à Rochefort, celui d'obtenir un sauf-conduit pour les Etats-Unis ...
Espoir vain ...
La redoutable vérité ne tarda plus à se faire connaître ...
Alors, Napoléon, toujours aussi "Grand", mais résigné cette fois eût ces nobles propos :
"J'en appelle à l'Histoire elle dira qu'un ennemi qui fit vingt ans la guerre au peuple anglais vint librement, dans son infortune, chercher asile sous ses lois, et quelle plus éclatante preuve pouvait-il donner de son estime, de sa confiance ? Mais comment répondit l'Angleterre à une telle magnanimité ? Elle feignit de tendre une main hospitalière à cet ennemi, et, quand il se fût livré de bonne foi, elle l'immola."
A partir de cet instant, et surtout durant son triste séjour à Sainte Hélène, Napoléon pensa à la place qu'il laisserait dans l'Histoire.
Mais je vous rappelle que ma question évoquait uniquement la période s'étirant du 18 Juin 1815 au 9 Août 1815, soit de la bataille de Waterloo au départ pour Sainte Hélène ...
Ce fut dans ce dernier lieu sinistre que fut ébauchée "la légende de l'Empereur" , par l'acteur en personne , et ce n'est qu'à cet endroit qu'il mesura l'importance d'immortaliser , page par page, les différentes étapes de sa prodigieuse épopée ...