Forum des Amis du Patrimoine Napoléonien Association historique Premier et Second Empire (ouvert à tous les passionnés d'histoire napoléonienne) |
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| La Gendarmerie d'Espagne | |
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Corso Modérateur
Nombre de messages : 2002 Age : 63 Localisation : Prades le Lez - 34730 Date d'inscription : 30/10/2006
| Sujet: La Gendarmerie d'Espagne Sam 16 Déc - 19:57 | |
| Voici extrait d'une revue interne de la Gendarmerie qui ne paraît plus, du moins sous cette forme, et que j'ai exhumé, l'histoire des hommes de la Gendarmerie d'Espagne. Son auteur nous est malheureusement inconnu. l'article est signé par un officier de l'Etat-Major du Commandement Régional de la Gendarmerie à Metz. Les HOMMES de la "GENDARMERIE D'ESPAGNE"De 1810 à 1813, il exista dans la péninsule ibérique une variété de Gendarmerie, originale, formée d'hommes d'une qualité exceptionnelle. La "Gendarmerie d'Espagne", parfois appelée "Petite Gendarmerie d'Espagne" pour la distinguer de la Gendarmerie classique, fut grande par sa redoutable efficacité..... ....Elle est née de la nécessité d'assurer les communications avec la France par des lignes d'étapes. La Gendarmerie constituée par des vétérans des armées de la République et des hommes aguerris était désignée pour ce rôle difficile, bien différent de celui des détachements de force publique, sorte de gendarmerie prévotale se déplaçant avec les armées. Pour servir dans la Gendarmerie, tout militaire devait avoir accompli quatre campagnes, et l'on se représente mal quelle extraordinaire résistance physique, quelle rusticité impliquait la vie de bivouac à une époque où le service de santé et la logisitique étaient embryonnaires. Beaucoup de sous-officiers de la "Ligne" passaient dans la gendarmerie comme simple gendarme, n'hésitant pa à perdre un galon chèrement acquis qui pouvait les mener à l'épaulette. Cependant, pour améliorer le recrutement difficile (il n'y avait pas tellement de choix parmi les survivants de 4 campagnes ), le ministre de la Guerre demanda à l'Empereur de réduire le nombre des campagnes à deux. Napoléon qui désirait conserver la valeur d'une arme à laquelle il apportait tous ses soins n'y consentit pas. Mais dans les moments difficiles de la fin du règne, des élèves gendarmes furent pris parmi les conscrits de 1812. Ils devaient se monter et s'équiper à leur frais et ne pouvaient être nommés gendarmes qu'après quatre années de service. c'est à dire qu'aucun n'eut le temps d'être titularisé.... Lancier-Gendarme en difficulté - Montera, montera pas ? Illustration tirée de l'article. ...Formée au début de 1810 (la décision impériale est du 24 novembre 1809), elle comprend 20 escadrons mis sur pied dans vingt villes au sud de la Loire. Chacun doit comprendre deux cents hommes dont les deux cinquièmes à cheval. La moitié des effectifs dans chaque unité provient des Légions départementales et la moitié de la "Ligne". Ces derniers arrivent d'un peu partout en Europe, à pied bien entendu. Certains ne remplissent pas les conditions exigées. Ils sont rejetés et on prélève des hommes sur les régiments du Midi de la France ou d'Espagne. Pour les chevaux, c'est pire. Les grands gabarits manquent maintenant, et l'inspecteur mandé par Moncey doit reconnaître que sur 800 animaux déjà livrés, les 3/4 étaient mauvais. On dut les réformer, les abattre ou les passer au train des équipages. Quant à l'habillement, bien qu'expédié par roulage précipité, il arrivera en retard, parfois après l'entrée des escadrons en Espagne. Et dans ce domaine un problème domine, celui de la chaussure. C'est le leit-motiv des 32 volumes de la correspondance impériale. Il dure depuis que l'armée s'est mis en route en 1792. Il ne sera jamais résolu. Au départ, les soldats ont une paire de chaussures aux pieds, et deux dans le sac. Des points de ravitaillement sont prévus, mais une paire de souliers s'use en France en 300 km en moyenne. En Espagne, on en viendra vite à l'espadrille par nécessité. ( Du Rhin aux Pyrénées, trois paires sont nécessaires, qui d'ailleurs ne se trouveront pas aux étapes) Comment est vêtue notre Gendarmerie d'Espagne ?Pour les Gendarmes à pied, l'habillement comporte l'habit en drap bleu, à collet, revers et retroussis écarlates, ces derniers ornés d'une grenade en drap bleu. La veste et la culotte sont en drap chamois. Le chapeau de grande tenue est bordé du galon d'argent bien connu, celui de petite tenue, de poils de chèvre noirs. Le plumet rouge en forme de cône renversé à 32 centimètres. Pour les gendarmes à cheval, même habit et même coiffure;le pantalon de cheval en drap bleu, ou le pantalon de treillis remplaçant en campagne la culotte de peau de daim réservée pour la grande tenue. Les gendarmes-lanciers, ou chevau-légers, créés dès le début pour remplacer progressivement les gendarmes à cheval des escadrons dans les zones montagneuses, portent le shako, le frac à la hussarde (sic), avec la veste et la culotte à la hongroise. Ils sont dotés de la lance afin de lutter à égalité avec les guerilleros presque tous munis de cette arme. Mais tout ceci restera un peu théorique. Bientôt, dans ce pays pauvre à demi ruiné, il n'y aura plus d'uniformité dans la tenue. Les habits seront rapiècés avec le seul matériau disponible, la bure des moines. Voila donc notre gendarmerie à pied d'oeuvre. Il lui faut tenir les postes d'étapes, fournir des escortes de convois de matériels, de malades, de prisonniers, chasser les déserteurs, poursuivre les guérilleros, monter des opérations avec les autres unités, etc. Et commence pour elle cette guerre cruelle, inexpiable, implacable, sournoise, dont Goya a vu les horreurs pour nous et qui façonne un type de soldat étonnant, sec, tanné, débrouillard, infatigable, bref; magnifique. Ce ne sera pas l'apanage de la gendarmerie seule, mais elle sera en Espagne la plus marquée, la plus brave, la plus efficace; d'abord à cause de son recrutement, de ses traditions, et parce que Napoléon n'a pas envoyé ses meilleures troupes dans la péninsule. La cruauté répond à la cruauté. Mais le gendarme d'Espagne dur, "increvable", gardera son honnêteté foncière, et forcera l'estime de l'adversaire. Livré à lui-même par la force des choses, il est parfois indiscipliné, comme le sont les bandes. Pour survivre il est, lui aussi, devenu guérillero. "La guerre a tellement changé de caractère que les bandes ont pris notre place et nous la leur", écrit leur chef, le général Buquet.... ...Les 20 escadrons de la Gendarmerie d'Espagne, 4.140 hommes, 1.740 chevaux sont sous les ordres du général Buquet, l'un des inspecteurs généraux de la Gendarmerie. C'est un Vosgien, ancien avocat à Nancy, engagé volontaire en 1791. Il a sauvé la vie du futur maréchal Ney à Louvain en 1794. Il est passé dans la Gendarmerie en 1797, une première fois. Plusieurs fois blessé, homme loyal, chef expérimenté, il restera en Espagne jusqu'à la fin. Parlons d'abord de Villodrigo que la charge de flanc de 4 escadrons de Gendarmerie du Colonel Béteille sauve une situation dangereuse, dégage les lanciers de Berg et le 15° chasseurs à cheval, et met en déroute les fameux dragons rouges de Wellington. Le choc spectaculaire entre les deux cavaleries d'élite, suivi par les deux armées situées sur les hauteurs environnantes, fut terrible. Amis & ennemis tombèrent d'accord pour convenir n'avoir jamais assisté à une charge plus franche menée aussi loin et aussi décisive. La détermination et la valeur des escadrons sont attestés par le fait que la Gendarmerie n'eut qu'un tué et 31 blessés. (les Anglais laissaient sur le terrain 250 tués et blessés, ainsi que 85 officiers) Les prisonniers anglais assurèrent que c'était la première fois que les dragons rouges avaient tourné le dos au combat. Ils avaient été proprement volatilisés en 8 à 10 minutes. Cet épisode de la bataille de Villodrigo, jusque la confuse et indécise avait mis en présence six escadrons anglais et quatre escadrons de Gendarmerie. Le retentissement fut grand, et l'Empereur ne marchanda pas les récompenses. Mais le colonel Béteille qui avait chargé en tête, à sa place, était tombé. Dès le début de l'action, il fut entouré par les dragons rouges qui s'acharnèrent sur lui et l'abbatirent de douze coups de sabre. C'était un Aveyronnais, ancien cavalier du régiment de Berry sous l'Ancien Régime. Il avait fait les campagnes de l'An II aux armées des Alpes et d'Italie. Il était au siège de Toulon, en Egypte, puis passa dans la Gendarmerie pour faire les campagnes de 1807 & 1808 en Allemagne et commandait en Espagne la fameuse légion de gendarmerie à cheval de Burgos. En effet, bien avant que les vingt escadrons ne fussent groupés en six légions , en 1813, on avait constitué en plaine une légion à cheval, dite de Burgos, par prélèvement d'un certain nombre de gendarmes à cheval dans des zones montagneuses. Son personnel avait été choisi avec soin et c'était une des plus belles unités jamais vue. Béteille, en était le chef et, à Villodrigo, commandait, étant le plus ancien, la brigade de cavalerie formée avec le 15° Chasseurs, ses quatre escadrons de gendarmes et les lanciers de Berg. C'était un baroudeur déjà trois fois blessé. Il fut retrouvé sur le champ de bataille, défiguré, après avoir été dépouillé entièrement et trainé par des soldats qui lui arrachèrent ses bottes. Incroyable, il vivait encore ! On releva sur son corps, outre quatre coups de sabre aux mains, un coup de sabre au menton et un coup au bras qui avait tranché jusqu'à l'humérus, deux coups de sabre en travers la figure dont un avait fracturé, avec le nez, la machoire supérieure gauche dans toute sa longueur. Mais surtout un coup de pointe dans le ventre et trois coups de taille sur la tête avec fracture du temporal, et du sommet du crâne, ouvert dangereusement, "avec écartement considérable", le cerveau étant à nu. Mais plus incroyable encore, le colonel Béteille survecut (sans pénicilline, ni antibiotique, ni anesthésie). Il servit encore plusieurs années, et on le retrouvera à 84 ans gouverneur des Invalides.
Dernière édition par le Dim 17 Déc - 8:29, édité 1 fois | |
| | | Jean-Yves Administrateur
Nombre de messages : 9231 Age : 63 Localisation : Evreux Date d'inscription : 29/08/2006
| Sujet: Re: La Gendarmerie d'Espagne Sam 16 Déc - 22:53 | |
| - Code:
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On releva sur son corps, outre quatre coups de sabre aux mains, un coup de sabre au menton et un coup au bras qui avait tranché jusqu'à l'humérus, deux coups de sabre en travers la figure dont un avait fracturé, avec le nez, la machoire supérieure gauche dans toute sa longueur. Mais surtout un coup de pointe dans le ventre et trois coups de taille sur la tête avec fracture du temporal, et du sommet du crâne, ouvert dangereusement, "avec écartement considérable", le cerveau étant à nu. Mais plus incroyable encore, le colonel Béteille survecut (sans pénicilline, ni antibiotique, ni anesthésie). Il servit encore plusieurs années, et on le retrouvera à 84 ans gouverneur des Invalides. C'est-à-peine croyable. Quels genres d'hommes étaient-ce donc à l'époque ? Y en-a-t-il beaucoup qui seraient capables de survivre à cela, de nos jours ? Je ne pense pas, nous n'avons plus la même endurance qu'alors. | |
| | | Corso Modérateur
Nombre de messages : 2002 Age : 63 Localisation : Prades le Lez - 34730 Date d'inscription : 30/10/2006
| Sujet: Re: La Gendarmerie d'Espagne Dim 17 Déc - 8:30 | |
| Et maintenant, un mot pour les sans grades, un mot historique même : le gendarme Royer ayant fait prisonnier un officier anglais dans ce choc de Villodrigo refusa la montre et l'argent que celui-ci lui offrait en répondant fiérement:" Les gendarmes ne font la guerre que pour l'honneur
". Pour des combattants dans la misère, ne recevant même plus leur solde, c'est assez joli. Mais les beaux tempéraments abondent, l'époque le veut. Que dire de l'énergique colonel Vincent qui commande la Gendarmerie à Pampelune. Il est excellent cavalier car il compte autant d'années de service dans la cavalerie que d'années d'âge, ayant été pris en compte par le 1er dragons en 1773 à...2 mois. Et Dourtre qui se présente en 1813 à Pampelune. Il revient de loin. C'est un Ardennais un peu rugueux. Ancien cavalier du roi, il a fait montre d'une bravoure étonnante, mais après Valmy il a attendu les modestes galons de brigadier pendant 5 ans. Lieutenant et légionnaire après des actions d'éclat aux armées d'Augereau, Hoche et Jourdan, il prend part à toutes les campagnes. On le retrouve capitaine en Russie, où il repasse la Bérézina sur un pont de fortune fait de vieilles planches à la tête d'une équipe de spectres, et est affecté à la Gendarmerie d'Espagne. Sa vie est une espèce d'épopée. Mais en Espagne en 1813, il arrive bien tard. Il échappe par hasard au désastre de Vittoria, car il est en route pour la France et reçoit le commandement des 800 gendarmes à pied demandés par l'Empereur pour encadrer la nouvelle armée. Leur réputation est telle qu'ils sont effectés à la vieille garde pour lui fournir des cadres ! Mais ils sont détournés vers las gardes nationaux de Montereau. Des Gendarmes d'Espagne, quel choc moral ! Mais la poigne de Dourtre est solide et il le faut pour commander des gaillards de cette trempe. Ce sont eux qui vengent la cavalerie battue par les cosaques en les massacrant de nuit par surprise. De gendarmes, ils sont devenus hommes de mains: la misère, la guerilla en ont fait des partisans farouches. Ils se couvrent de gloire à Montereau, sur Moret, sur la route de Melun, dans les Bois de l'Ecluse. Ils termineront la campagne rattachés à la Garde impériale, et Dourtre n'aura pas manqué beaucoup de campagnes de le République et de l'Empire. Mais le meilleur est peut-être Foulon, le "brave Foulon" comme l'appelle l'armée du Nord en Espagne. En 1811 le maréchal des logis Foulon commande pratiquement l'infanterie du 1er escadron de Biscaye, les deux sous lieutenants étant en congé pour blessures. C'est un homme d'une qualité extraordinaire. Il est de ceux qui ont compris qu'il faut s'identifier au pays et qui battent les insurgés à leur propre jeu. Aussi astucieux que brave, toujours à la recherche de l'ennemi, infatigable, il parcourt les montagnes à la tête d'une poignée de braves, équipés légèrement et parfois déguisés. Il ne laisse aucun repos aux hommes du Pastor, le chef guérillero, et ses colonnes mobiles obtiennent des résultats étonnants. Bien renseigné, ayant appris l'espagnol, il pratique lui aussi la ruse, l'embuscade et le couteau. C'est d'ailleurs un bretteur redoutable qui ferraille chaque jour. Il n'y a pas de place pour des hommes peu habiles aux armes, ils ne survivent pas. Conter les hauts faits de Foulon c'est exposer l'histoire de la lutte anti guerilla en Biscaye. "Foulon, terreur des bandes, vaut un bataillon", écrit le général Rouget à une époque où la grandiloquence n'est pas en usage dans les armées pour les compliments. Le général Buquet qui s'y connaissait, le considérait comme un des meilleurs militaires de l'armée. Foulon fut maleureusement tué après trois années de chance, peu avant de rentrer en France. Il était alors sous lieutenant et chevalier de la Légion d'Honneur. Il avait causé des pertes terribles aux insurgés. C'était une espèce de Bayard, un héros de légende, aussi estimé de l'adversaire que des Français. Sa mort fut un deuil pour toute l'armée du Nord. Et les autres ? Ils sont de la même trempe car il n'y a pas de place pour les insuffisants et les faibles. Mais il est important de constater que la formation civique de la Gendarmerie n'a pas disparu malgré le relâchement général des armées en Espagne. Le gendarme Royer n'est pas un cas isolé. "Les Anglais, les officiers surtout, trouvèrent nos gendarmes aussi généreux après l'action que terribles le sabre à la main." (rapport du général Buquet) La Gendarmerie fait la police dans son sein. Elle est un peu tribunal , un peu conseil de l'ordre. Un jeune gendarme ayant eu la faiblesse d'accepter de l'argent de prisonniers anglais pour prix de leur liberté fut contraint par ses camarades de restituer la somme, arrêté et remis au général gouverneur. D'autres fois c'est plus grave. Question de circonstances. Un jeune gendarme essayant de déserter est abattu par ses camarades. L'Arme tenait avant tout à conserver son renom. Aucune troupe n'eut sans doute un tel esprit de corps.... .... La Gendarmerie d'Espagne rentre en France avec l'armée. L'héroïque Légion de Burgos est chargée de l'ordre dans la capitale. Le reste est dissous. 2.000 hommes sont répartis dans les corps de la ligne pour les encadrer, l'Empereur en extrait 1.000 pour les nommer officiers. " C'est le seul moyen de réorganiser l'armée", écrit-il. ...La Gendarmerie d'Espagne aura perdu en trois ans sur les champs de bataille de la péninsule, 831 tués (dont 27 officiers) & 1.077 blessés (dont 85 officiers), sans compter les morts de maladie dans les hôpitaux, au moins autant. C'est dire que théoriquement les effectifs ont été complétement renouvelés. Ces chiffres ne concernent que les 20 escadrons et non les détachements de force publique ni la gendarmerie d'élite. (celle ci ne fit d'ailleurs qu'un bref séjour en Espagne) Mais les pertes de l'ennemi furent énormes. Les gendarmes d'Espagne inspiraient la terreur aux guerilléros qui n'osèrent jamais les attaquer sans être supérieur en nombre. " Il y avait guerre à mort entre eux et les insurgés espagnols" a écrit le général Marbot qui les a connus de près et appréciés. " La Gendarmerie d'Espagne, dit le colonel Delattre dans son historique de la Gendarmerie, s'était fait une réputation de bravoure qui tenait de la légende; longtemps après elle son souvenir fut religieusement conservé dans les casernes de Gendarmerie. Nos pères en parlaient souvent, surtout de la Légion de Burgos, et c'était toujours avec un regret mêlé d'admiration." Il y a maintenant 155 ans (1) qu'elle a disparu et il nous a paru équitable de raviver son souvenir presque effacé. (1) A la date de l'article. Cela ne nous rajeunit pas. _________________ On me croit sévère, même dur. Tant mieux cela me dispense de l'être. Ma fermeté passe pour de l'insensibilité. A Caulaincourt Si je monte au Ciel, et que Napoléon n'est pas au Paradis, alors ce ne sera pas le Paradis.
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| | | Corso Modérateur
Nombre de messages : 2002 Age : 63 Localisation : Prades le Lez - 34730 Date d'inscription : 30/10/2006
| Sujet: Re: La Gendarmerie d'Espagne Dim 17 Déc - 8:45 | |
| Et oui Jean-Yves, tout le monde semble s'étonner de ce qu'étaient capables de faire et de supporter nos anciens, à pied, le ventre creux, sans confort et sans hygiène. C'étaient des colosses. Les temps étaient durs, et les faibles ne survivaient pas. Généralement l'enfant qui avait dépassé l'âge de 5 ans, avait la chance de finir quinquagénaire, à moins de croiser une balle, couper la priorité à un boulet, chuter sur une baïonnette ou mourir de faim dans la neige dans la steppe à 20 ans. _________________ On me croit sévère, même dur. Tant mieux cela me dispense de l'être. Ma fermeté passe pour de l'insensibilité. A Caulaincourt Si je monte au Ciel, et que Napoléon n'est pas au Paradis, alors ce ne sera pas le Paradis.
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| | | puygriou bergisel
Nombre de messages : 1455 Age : 72 Localisation : Paris, sous le Dôme Date d'inscription : 12/10/2006
| Sujet: Re: La Gendarmerie d'Espagne Dim 17 Déc - 9:50 | |
| Ceci est extrait d'un article condensé que j'avais publié de mémoire sur un autre forum dans une vie antérieure. J'attire l'attention sur le titre de la rubrique "Gendarmerie d'Elite" donné par le salon .... Il est impropre. Car la Gendarmerie d'Elite est la Gendarmerie d'Elite et la Gendarmerie d'Espagne porte bien son nom.... Je le dis dans le but de clarifier et non pas créer de confusion. Donc Sergent Lombart il faut créer une rubrique Gendarmerie d'Espagne. Je fais cette publication non pas pour concurrencer Corso qui reproduit cet article que je connais.... - mais il a tout à fait raison car c'est un article de qualité qu'il ne faut pas oublier - mais pour apporter un éclairage sur l'emploi, et ouvrir sur des perspectives contemporaines. Signalez moi ce qui pourrait être incompréhensible car je viens de le recopier et de le coller avec quelques corrections....Il fut décidé de créer une légion essentiellement composée d'escadrons de cavaliers. A l'origine le décret de 1809 prévoyait la mise sur pied de vingt escadrons composés chacun d'une compagnie de cavalerie à 84 et une compagnie d'infanterie à 123. Ces effectifs théoriques ne recouvrent pas uniquement des "gendarmes". Puisque l'armée fournissait 40 cavaliers et 60 fantassins du rang. Devant l'inadéquation des cavaliers en zone montagneuse Moncey a proposé la réduction de la compagnie de cavalerie à 40 cavaliers chevau-légers et le renforcement de la compagie d'Infanterie à 160, ce qui permit la création de la légion de Burgos essentiellement composée de cavaliers dont l'emploi est plus favorable dans une zone de plaine. Il faut noter que la légion de Burgos a donné le nom de la bataille de Villodrigo brodée dans la soie du drapeau de la gendarmerie nationale. On peut s'interroger sur le caractère judicieux des opérations d'Espagne, sur ce choix.... mais ce qui apparaît avec la constitution de vingt escadrons puis leur réduction en légions c'est la première fois que la gendarmerie est employée en corps constitué en opérations de guerre. C'est un lourd précédent qui se reproduira en Crimée, en Algérie, au cours de la première guerre mondiale et de la Campagne de France, en Indochine puis enfin en et de nouveau en Algérie. En Espagne on trouve une parfaite illustration du principe :"la nécessité fait la loi". Car pour tout dire la création et l'emploi de ces vingt escadrons étaient parfaitement illégal..... .... Bien je reviens vers vous pour expliquer en quoi l'emploi de la gendarmerie était illégal dans le cadre, j'insiste là dessus, de la lutte anti guerilla. Donc à travers des escadrons ou des légions décrits précédemment. A la base il y a le fondement légal de l'emploi de la gendarmerie aux Armées. c'est l'article 215 de la loi de germinal an VI, loi organique fondatrice. Cet article dispose que le corps de la gendarmerie nationale est chargé d'un service à l'intérieur de la République et qu'en outre il fournira en temps de guerre des "détachements destinés au maintien de l'ordre et de la police dans les camps et les cantonnements". En d'autres termes la gendarmerie nationale puis impériale assure auprès des armées des fonctions de prévôté en temps de guerre. La prévôté c'est maintenir l'ordre dans les corps de troupes, c'est recherchercher les déserteurs, c'est constater les infractions commises par les militaires, c'est assurer des fonctions de police administrative. C'est tout cela sauf faire la guerre. Comme je vous l'ai dit par ailleurs : ce n'est pas pour autant que le métier n'est pas exposé. Dès le début de l'entrée de l'armée impériale en Espagne les corps sont ainsi accompagnés d'officiers et de gendarmes qui assure la "force publique" devenue plus tard prévôté. Autant que je me souvienne ce sont environ deux cents "gendarmes" qui assurent la force publique. A partir de 1810, les escadrons qui interviennent, ceux dont nous avons parlé, ont vocation à servir en qualité d'unité combattante au même titre qu'une autre unité de l'armée impériale. En théorie ils font du rétablissement de l'ordre, en pratique ils sont des tinés à luttrer sont la guerilla. Or nous ne sommes pas à l'intérieur du territoire national.... nous sommes sur un territoire étranger, l'action de la gendarmerie est en contradiction avec l'article 215. Son action est donc illégale. C'est un détail.... mais qui à une importance ... d'une part dans la conduite des opérations, d'autre part dans l'esprit qui gouverne les chefs de la gendarmerie et Moncey en tout premier, mais aussi celui qui préside aux visions des gouvernants. Cela peut signifier que dans l'esprit des gouvernants, de l'Empereur, l'Espagne est destinée à être purement et simplement annexée à l'Empire. Enfin cette perception allait dans le sens des pensées de Moncey qui, il faut le rappeler, était un "spécialiste" de ce théâtre d'opérations. Sa pensée non dite était de faire évoluer la gendarmerie.... ce qu'il a su faire de manière magistrale. C'est pour cela que c'est homme est "moderne", mais il ne faut pas oublier Radet et Buquet qui ont eux aussi largement tenu leurs places. Il y a des conséquences : le rôle de la gendarmerie d'Espagne est en principe identique à celui assuré dans le pays intérieur. Eventuellement rétablissement de l'ordre, action répressive, mais aussi police administrative essentiellement préventive, dissuasive. Il convient pour le gendarme de se montrer.... (aujourd'hui on n'a pas inventé grand chose ! ). le gendarme fait partie du paysage même si c'est pour donner des coups de bâtons. En Espagne, le gendarme est réduit à être identifié aux autres combattants français. C'est un étranger, il y a la barrière de la langue et sans compréhension pas de communication et si pas de communication : pas de renseignement. Or l'action de la Gendarmerie c'est le renseignement (là aussi aucune invention ... depuis). Il est impossible de faire de la lutte anti guerilla en étant sourd et aveugle. Mais curieusement, vous le verrez si vous approfondissez vos recherches, l'échec de la Gendarmerie n'est pas dû à cela ou uniquement à cela. Mais ceci ne retire aucune valeur aux témoignages sur le courage, la bravoure des gendarmes. Les témoins de l'époque en parlent et les compliments ne sont pas surfaits. C'est pour cela aussi que je me suis intéressé aux gendarmes d'Espagne car à l'origine mon intérêt s'est porté sur la guerre d'Indochine et, au passage, sur le rôle des gendarmes engagés dans ce conflit dans des situations très comparables. J'ai connu des gendarmes anciens d'Indochine en activité et franchement ils en imposaient. Ce qui est important c'est de bien distinguer les différentes subdivisions de la gendarmerie intervenant en Espagne. Le prévôt n'a pas la même mission que le gendarme des escadrons.... tout comme le gendarme de Catalogne dont la Légion, l'emploi, était sensiblement aligné sur celui de l'intérieur. Un mot sur Béteille dont parle avec grand mérite Corso. Un sacré bonhomme. Originaire de l'Aveyron (voir les cimetières parisiens, Père Lachaise - 1ère Division et Discussions générales - Relèvement de sépultures) donc quelqu'un de très bien ! Je me suis trouvé mêlé aux recherches faites autour de sa sépulture. J'en ai publié la photo...en fait elle est vide depuis des années. Nous venons de le découvrir en Novembre 2006. Au mépris de la loi ses restes ont été relevés il y a bien des années, les ossements jetés dans une caisse avec une étiquette dessus. Parallèlement nous avons retrouvé un descendant collatéral qui demeure en région parisienne. Par chance ce descendant possède un caveau de famille à Rodez et est prêt à accueillir les cendres du Général Béteille. En raison de la nouvelle réglementation , il est fort probable que les restes seront incinérés. Au moment donné il avait été envisagé de déposer l'urne au pied du Monument de la Loi à Versailles.... Personnellement j'ai été très heureux de contribuer à côté d'un camarade à cette démarche. | |
| | | Corso Modérateur
Nombre de messages : 2002 Age : 63 Localisation : Prades le Lez - 34730 Date d'inscription : 30/10/2006
| Sujet: Re: La Gendarmerie d'Espagne Dim 17 Déc - 11:07 | |
| Je dirai même mieux, créer un salon Gendarmerie, ou ce post trouverait sa vraie place. _________________ On me croit sévère, même dur. Tant mieux cela me dispense de l'être. Ma fermeté passe pour de l'insensibilité. A Caulaincourt Si je monte au Ciel, et que Napoléon n'est pas au Paradis, alors ce ne sera pas le Paradis.
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| | | puygriou bergisel
Nombre de messages : 1455 Age : 72 Localisation : Paris, sous le Dôme Date d'inscription : 12/10/2006
| Sujet: Re: La Gendarmerie d'Espagne Lun 18 Déc - 0:15 | |
| Corso - Citation :
- Je dirai même mieux, créer un salon Gendarmerie, ou ce post trouverait sa vraie place.
Oui je crois car là cela laisse supposer que le Gendarmerie d'Espagne est intégrée à la Garde Impériale.... Je vois que tu as retenu toi aussi les leçons de ce brave Moncey.... Simplement La Gendarmerie d'Elite est une subdivision de la Gendarmerie Impériale et intégrée à la Garde Impériale. Attention donc à la confusion . Ce n'est pas toujours clair dans la tête des gens .... même dans la mienne parfois, je n'ai pas la science infuse ! Raison de plus pour opérer un classement pédagogique. Cela me fait penser qu'il faut que j'écrive quelques lignes sur la Gendarmerie coloniale, laquelle supervisait la force publique d'où l'ancre de marine de mon brave Dericouart ... de son prénom Alexis, prénom bien porté à l'époque, même encore aujourd'hui... | |
| | | puygriou bergisel
Nombre de messages : 1455 Age : 72 Localisation : Paris, sous le Dôme Date d'inscription : 12/10/2006
| Sujet: Re: La Gendarmerie d'Espagne Lun 18 Déc - 0:57 | |
| Corso, - Citation :
- Et oui Jean-Yves, tout le monde semble s'étonner de ce qu'étaient capables de faire et de supporter nos anciens, à pied, le ventre creux, sans confort et sans hygiène.
C'étaient des colosses. Les temps étaient durs, et les faibles ne survivaient pas. Généralement l'enfant qui avait dépassé l'âge de 5 ans, avait la chance de finir quinquagénaire, à moins de croiser une balle, couper la priorité à un boulet, chuter sur une baïonnette ou mourir de faim dans la neige dans la steppe à 20 ans. Le rôle du Gendarme est effectivement méconnu car en fait il est multiformes... La mission d'un Gendarme d'Espagne (au sens strict) n'a rien à avoir avec celui de la Légion de Catalogne ou avec le prévôt... et cela on le retrouve tout au long de l'histoire de la Gendarmerie Nationale ou Impériale et jusqu'à nos jours .... où l'ignorance prévaut. La mission du prévôt est ingrate car il est là pour veiller au respect des lois et règlements et pourtant on trouve des prévôts valeureux dont las actes sont tout à fait comparables à ceux du lignard (c'est le cas de mes gendarmes qui ont été étrillés par 60 cosaques le 8 décembre 1805. De plus quand on s'intéresse au recrutement des gendarmes on constate que le niveau du recrutement est élevé. Mon protégé Dericouart est sorti d'un milieu aisé. Son nom est en réalité de Ricouart ou Ricouart qui est une branche cadette des de Ricouart d'Hérouville | |
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