La Gendarmerie en Espagne

D'après Gonneville

"Une quarantaine de gendarmes retranchés en 1814 dans une grange près d'Irun contiennent pendant deux jours l'assaut de trois mille guérilleros espagnols. Le feu prend à la toiture dont la moitié s'effondre, tandis que l'autre moitié s'enflamme à son tour. C'est sur des cendres brûlantes que les défenseurs de la grange se réfugient avec leurs munitions pour ne pas être écrasés par la chute du reste de la toiture. Quand l'ennemi, croyant tous les assiégés brûlés vifs, s'avance pour prendre possession des ruines, il est accueilli par une salve nourrie qui brise définitivement ses assauts."

Un mini Fort Alamo

Merci cher Stéphane de nous rappeler cet épisode,... Camerone avant l'heure. Je ne peux pas me permettre de rappeler ces épidodes (il y en a en Indochine...) car on pourrait me reprocher un plaidoyer pro domo...

Bonjour Sergent

Merci pour ce récit

Citation :

Une quarantaine de gendarmes retranchés en 1814

Ce qui semble étrange c'est qu'en 1814, du moins vers Irun/Hendaye, cette zone était depuis longtemps occupée par les coalisés (oct 1813).

D'où provenait ce détachement ? Que faisait-il au milieu de l'ennemi ? Les principales places fortes du coin aux mains des Français avaient depuis longtemps capitulés.



Gonneville y était ?

Je vais faire quelques recherche à ce sujet....

Stéphane

dans le livre "La gendarmerie en Espagne et en Portugal" du capitaine Emm. Martin, éditions LCV, le fait d'armes suivant est cité :
Défense de la Venta-Renteria (27.05.1810) :
Ce poste, formé d'une maison isolée et destinée à assurer des communications entre Irun et Oyarsun, était simplement entouré de palissades de façon à le metre à l'abri d'un coup de main ; sa garnison se composait de 22 gendarmes à pied commandés par l'un d'eux, nommé Ravix. Attaqué le 27 mai par une bande de 600 guérilléors, les défenseurs répondaient par des coups de feu à une sommation de se rendre. Après une lutte de quelques instants, et après avoir subi des pertes importantes, les Espagnols mettaient le feu aux palissades. mais ce nouveau danger ne faisait qu'exciter l'ardeur des défenseurs, et les assaillants continuaient à tomber sous les coups des gendarmes, qui tiraient lentement et posément.
le feu venait de prendre à la porte du blockhaus, et la petite garnison, sans songer à se rendre, crevait la toiture pour se donner de l'air et pour respirer. cependant la défense n'aurait pu se prolonger longtemps encore, bientôt les munitions allaient faire défaut, et on songeait à exécuter une sortie, lorsque le gendarme ravix eut l'exczellente idée de se faire hisser au-dessus de la toiture et de simuler un appel à des renforts qui, par un hasard providentiel, accouraient en effet au secours de cette poignée de braves.
Sur un rapport du Ministre, des récompenses étaient accordées à ces héros et le gendarme Ravix recevait les galons de brigadier.
Ce fait d'arme qui s'est déroulé en 1810 ressemble beaucoup à celui qui se serait passé en 1814.

Le mystère s'épaissit...

Stéphane

Je précise que lorsque j'ai lu cette relation je l'ai lue en diagonale et me suis pressé de répondre au Sergent sur le contenu.... que je connais. Et lorsque je roulais cematin cette date de 1814 me tournait dans la tête.... Vous voyez . Comme le précise Stéphane .... on a pris du retard ...

L'évènement m'a été livré par un de mes camarades du SHD au cours d'une conférence. Je vais l'appeler demain matin....

Il me semble que dans le mémoire de Lepetit on parle de cet épisode mais comme parmi d'autres, car les combats d'Espagne furent des combats de guerilla ou de contre-guerilla avant l'heure ! Je crois qu'il y a eu plusieurs épisodes comme celui-là.... typiques des combats de postes.

J'ai trouvé ceci,


Aymar Le Harivel de Gonneville (1783-1872), ancien émigré, s'engagea comme simple cavalier en 1804, devint bientôt officier, combattit en Italie en 1805, fut pris par les Prussiens, combattit à Eylau, en Espagne (1809-1812), à Hambourg (1813), mais se rallia aux Bourbons, se rendit en Corse sous la première restauration et resta à l'écart en Normandie pendant les Cent Jours, et se retira en 1833.

Donc il était un peu loin de ce théâtre d'opération en 1814...

Peut-être a-t-il repris ce récit en se trompant "un peu" de date ?

Stéphane

Justement Sergent (je t'appelle Sergent car si je t'appelle par ton prénom, il y aura tout à l'heure confusion avec l'autre Stéphane, le Toulousain ). Donc en 1814 cet épisode ???


N'y aurait-il pas confusion dans son esprit car tu dis qu'il combattit en Espagne de 1809 à 1812.... Ce qu'il relate ce sont ses souvenirs ou un fait qui lui a été rapporté ?

Avec ma petite expérience de la lecture de Moncey il est évident que les dates et les effectifs engagés sont parfois folkloriques .... On faisait signer n'importe quoi au chef si j'ose dire car les faits sont bien là mais un peu arrangés parfois (les dates notamment....)


Qu'en penses-tu ?

JMichel

Avec Stéphane nous écrivions simultanément... mais nos pensées sont en convergence

(Parfois je suis distrait en ce moment car je travaille sur un sujet très éloigné.... et donc je peux paraître un peu de la plaque ... )

Citation :

mais nos pensées sont en convergence

C'est l'essentiel

Sergent, pourrais-tu nous dire dans quel contexte (chapitre de ses mémoires par exemple) Gonneville écrit ce passage ? Peut-être que cela pourra nous éclairer un peu plus ?

Merci

Stéphane

Je vais m'y pencher Stéphane

Stéphane,

Prends garde à ne pas y tomber....


puygisel (les droits d'auteur sont à verser à Joséphine)

Et vous, "puygriou bergisel", avez-vous eu des infos par votre collègue ? ou est-il tombé lui aussi ?

Stéphane

J'ai essayé de le joindre hier matin avant dix heures.. mais il n'était pas présent et après j'ai été dans l'impossibilité de le joindre. Je vais essayer vers 11 heures ce matin Mais avec lui si je l'appelle avec mon portable il me "bouffe" mon forfait.....

Il me semblait bien que je possédais également "les souvenirs militaires du colonel de Gonneville". Voici ce qu'il dit au Chapitre VII qui commence ainsi :"je me mis en route pour l'Espagne dans les derniers jours de septembre 1810..........................Nous passâmes près d'une grange située sur le point culminant des hauteurs qui se trouvent entre Irun et Ernani. Cette grange occupée par quarante gendarmes comme poste intermédiaire, avait été attaquée deux mois avant par la bande de Mina, forte de trois mille hommes ; elle était simplement crénelée, et n'avait que ce que l'on nomme un tambour pour en défendre la porte. la défense fut telle que les Espagnols, après avoir eu plus de deux cents hommes hors de combat pendant les deux jours que dura l'attaque, furent forcés de se retirer par suite des secours envoyés d'irun et d'Ernani aux braves gendarmes. la toiture entière avait brûlé ; mais le feu ayant commencé par un bout, elle s'était effondrée avant que l'autre extrêmité s'enflammaât. Ce fut donc sur des charbons et sur des cendres brûlantes que les défenseurs de la grange se réfugièrent avec leurs munitions pour ne pas être écrasés par la chute du reste de la toiture. L'ennemi, les croyant tous brûlés, s'imagina n'avoir plus qu'à entrer dans la grange pour s'emparer des débris, mais il paya cher cette croyance ! pas un des gendarmes n'avait péri, et de cette ruine partit un feu qui lui fit éprouver plus de pertes qu'il n'en avait subi avant."

Comme on peut le constater, cet événement ne s'est passé en 1814, mais bien en 1810 comme celui que j'ai cité. Il ya quelques différences mais la ressemblance est quand même frappante.

Mon cher Jean-Yves,

Nous n'allons pas faire une histoire avec des poulets rôtis .... qu'ils soient cuits en 1810 ou en 1814 il suffit de nous prévenir à l'avance