Maréchal BERNADOTTE Jean Baptiste Jules BERNADOTTE, Prince de PONTECORVO - Maréchal en 1804 – Prince de SUEDE en 1810 / Roi de SUEDE et de NORVEGE de 1818 à 1844 - né le 26 janvier 1763 – décédé à STOCKHOLM le 8 mars 1844. Ce fils d’avocat s’enrôle dans l’Armée Royale en 1780 au régiment de BRASSAC. BERNADOTTE devient Adjudant Sous-Officier en 1790.
C’est la REVOLUTION et la guerre avec l’AUTRICHE qui lui assure une rapide promotion et il devient Officier. A l’Armée du RHIN sous KLEBER, celui-ci le nomme Général de Brigade le 29 juin 1794, ... et Général de Division, le 23 octobre suivant .
En 1797, BERNADOTTE quitte l’Armée du RHIN pour apporter son soutien au Général BONAPARTE en ITALIE, celui-ci envoie « BERNADOTTE présenter au Directoire les Drapeaux pris à l’ENNEMI ».Après la paix de CAMPOFORMIO, BONAPARTE lui donne un «Commandement subalterne ».
Le Directoire lui confie une brève mission d’Ambassadeur à VIENNE de février à avril 1798 puis le nomme Ministre de la Guerre du 3 juillet au 14 septembre 1799. BERNADOTTE réorganise l’Armée, alors mal en point, « mais les Directeurs finissent par l’écarter ».
Son antipathie pour BONAPARTE grandissante devient manifeste. Il refuse de s’engager franchement en restant neutre pendant le coup d’Etat du 18 BRUMAIRE.
Devenu Commandant de l’Armée de l’OUEST, son nom est mêlé à la conspiration des « libelles », dite aussi des « pots de beurre » (dans lesquels circulaient des billets ANTI-BONAPARTISTES), conspiration montée par le Général SIMON, son Chef d’Etat-Major. FOUCHE étouffe l’affaire, mais BERNADOTTE est privé de son commandement. (1) Il est cependant "choyé" par BONAPARTE, car il a épousé Désirée CLARY, « sa première fiancée et la sœur de la femme de JOSEPH BONAPARTE ».
BERNADOTTE devient Maréchal d'Empire en 1804 et Prince de PONTECORVO deux ans plus tard, bien qu’il ne brille pas sur les champs « des Grandes Batailles » : on ne le remarque pas à AUSTERLITZ … par exemple. Lors de la double bataille d’AUERSTADT et d’IENA, le 14 octobre 1806, BERNADOTTE, qui a pour mission de soutenir le Corps de DAVOUT aux prises avec le gros de l’Armée PRUSIENNE, attend la soirée pour bouger ! ... « L’EMPEREUR ne semble pas lui en tenir rigueur ». En revanche, quand il s’agit de poursuivre les restes de l’Armée PRUSIENNE,
« il chausse les bottes de sept lieues » pour parcourir toute la PRUSSE du sud au nord.
Après avoir forcé les PRUSSIENS de BLUCHER à capituler en rase campagne, il traite les Officiers de la Division SUEDOISE faite prisonnière à LUBECK avec « politesse et respect ». Ce comportement, exemplaire aux yeux de la Diète de STOCKHOLM, ainsi que le désir de la SUEDE de se rapprocher de la FRANCE pour contrer la RUSSIE, ont une conséquence inattendue : le 21 août 1810, les Etats Généraux d’OERETRO choisissent ce Maréchal FRANCAIS comme Prince Héréditaire de SUEDE.
L’EMPEREUR NAPOLEON ne s’y opposera pas et accepte ce choix, espérant tenir ainsi un « Allié Solide au Nord de l’EUROPE », et ne serait-ce aussi, que parce qu’un Maréchal FRANCAIS sur le Trône de GUSTAVE-ADOLPHE est « un des plus jolis tours joués à l’ANGLETERRE ». Mais BERNADOTTE joue avant tout la carte de l’avenir.
Pour le moment, BERNADOTTE combat encore sous les ordres de NAPOLEON. C’est pendant la Campagne de POLOGNE, en 1807, qu’il montre sa meilleure maîtrise du Commandement. Il se replie de brillante manière face aux Armées RUSSES de BENNINGSEN, permettant à NAPOLEON d’engager la manœuvre d’EYLAU le 8 février 1807.
En revanche, le Corps qu’il commande, ne participe ni à cette dernière bataille (EYLAU), ni à celle de FRIEDLAND le 14 juin 1807. Plus tard, suite à la conduite du Corps SAXON dont il a le Commandement lors de la Bataille de WAGRAM les 5 et 6 juillet 1809, BERNADOTTE ne parvient pas à prendre les lignes PRUSIENNES et se replie en déroute lors de la première journée de la bataille le 5 juillet. Le lendemain, alors que les forces sous le Commandement de l’EMPEREUR NAPOLEON sont Victorieuses, BERNADOTTE lance une proclamation élogieuse à ses troupes, qui s’étaient débandées la veille. L’EMPEREUR est furieux est le destitue. (2) FOUCHE lui obtiendra l’Armée de l’ESCAUT à la fin de juillet 1809, mais l’EMPEREUR la lui enlève dès septembre. BERNADOTTE, appelé auprès du Trône SUEDOIS, le 21 août 1810, chéri par CHARLES XIII (n’ayant pas d’enfant), se révèle « un vrai SUEDOIS ». Il abjure le Catholicisme et prend à cœur les affaires de son futur Royaume. Les intérêts de sa nouvelle Patrie se heurtent à ceux de la FRANCE. (3) Si BERNADOTTE cède d’abord aux injonctions de NAPOLEON et déclare la guerre à l’ANGLETERRE, il revient sur sa décision dès 1812 et signe une alliance avec le TSAR ALEXANDRE 1er. En 1813, voyant l’EMPIRE ébranlé, la SUEDE entre « dans la coalition contre la FRANCE ». BERNADOTTE apporte une Armée de 30000 hommes et sa connaissance des Tactiques Napoléoniennes. Son Armée bat le Maréchal OUDINOT à GROSS-BEEREN le 23 août 1813 et le Maréchal NEY à DENNEWITZ le 6 septembre 1813. A LEIPZIG (16-19 octobre 1813), il se montre encore une fois « bon manœuvrier,
mais évite de croiser directement le fer avec son rival ». (4) Lors de la Campagne de FRANCE, en 1814, BERNADOTTE commande l’Armée du NORD. Il envahit son ancienne PATRIE en passant par la HOLLANDE et la BELGIQUE. Son rôle a été très important dans la déroute de l’Armée FRANCAISE.
Certains parlent de BERNADOTTE comme du futur Roi de France (peut-être y avait-t-il pensé de remplacer NAPOLEON sur le Trône, d’ailleurs le TSAR ALEXANDRE n’y était pas hostile, car il lorgnait la Couronne de SUEDE pour un de ses Neveux), mais cette opération n’aboutit pas, BERNADOTTE obtient au moins la NORVEGE, enlevée au Roi de DANEMARK le 14 janvier 1814, « en récompense de ses services ». Après la mort du Général MOREAU, autre transfuge, BERNADOTTE ce « gascon intrigant » devient le Conseiller Militaire de la Coalition.Le 5 février 1818, il succède à CHARLES XIII, sous le nom de CHARLES XIV, Roi de SUEDE et de NORVEGE. Il est l’ancêtre de nombreux Monarques qui règnent aujourd’hui encore en SUEDE en NORVEGE, mais aussi au LUXEMBOURG, en BELGIQUE et au DANEMARK. Drôle et infame parcours pour "
l’ancien Sergent REPUBLICAIN BELLE-JAMBE ", dont on dit qu’il portait sur la poitrine le tatouage « MORT AUX ROIS » … !!! … L'Ex Maréchal d'Empire BERNADOTTE, " Roi de SUEDE et de NORVEGE " mourut dans sa quatre-vingt-deuxième année.
A SAINTE-HELENE, NAPOLEON lui a fait grief d’avoir « donné à nos ennemis la clé de notre politique, ainsi que la tactique de nos Armées ». (1) : Bernadotte fut mêlé en 1802, avec prudence au complot militaire de RENNES qui devait tenter l'enlèvement, sinon l'assassinat du « tyran », le PREMIER CONSUL. « En réalité, remarque MARBOT, BERNADOTTE ne voulait pas être compromis si l'affaire manquait, se réservant d'en profiter en cas de réussite. » Le Complot ayant été découvert, les conjurés : le Général SIMON, le Colonel PINOTEAU et le Capitaine RAPATEL furent incarcérés (ce dernier, libéré, devait passer au service de la RUSSIE et entrer à PARIS avec les Alliés en 1814).
Quant à BERNADOTTE, il alla prendre « les eaux à PLOMBIERES », après avoir déclaré à BONAPARTE « qu'il ne savait rien, absolument rien et que le Général SIMON était un misérable, ainsi que PINOTEAU. Il défiait que l'on pût lui montrer l'original de la proclamation signée de sa main ! ... Était-ce donc sa faute à lui si des extravagants avaient fait imprimer son nom en bas d'une proclamation qu'il désavouait de toutes les forces de son âme, ainsi que les coupables, auteurs de toutes ces menées dont il était le premier à demander la punition. » (Général Marbot.)
Le « coup raté », BERNADOTTE continua à conspirer contre BONAPARTE :
« A peine assis, j'ai vu les prétentions se reformer, racontait NAPOLEON en 1808, … MOREAU, BERNADOTTE et MASSENA ne me pardonnaient pas « MES SUCCES », ... « Ils » ont essayé plusieurs fois de partager avec moi... Douze Généraux ourdirent un plan pour diviser la FRANCE en Provinces en me laissant généreusement PARIS et la Banlieue, … le traité fut signé à RUEIL. MASSENA fut nommé pour me l'apporter. Il refusa en disant qu'il me connaissait bien. » (Notes du Comte CHAPTAL). (2) : Il s'attira de très dures réprimandes de la part de l'EMPEREUR pour « ses fautes graves », « Nous devrions dire "des crimes" », (déclare VAULABELLE), … sur les Champs de Bataille et son manque de Solidarité envers ses Collègues qu'il laissa volontairement écraser sans intervenir, … en particulier à lENA et à WAGRAM.
(3) : En 1810, les États de SUEDE désignèrent BERNADOTTE comme « Héritier du Roi CHARLES XIII ». S'il était choisi, c'était de toute évidence parce que Maréchal et apparenté à l'EMPEREUR des FRANCAIS.
(4) :
En provoquant la défection des SAXONS sur le champ de bataille, BERNADOTTE concourut grandement au désastre de l'Armée FRANCAISE à LEIPZIG. C'est au cours de cette « bataille des Nations » que le Commandant de l'Artillerie SAXONNE déclara « qu'après avoir brûlé la moitié de ses munitions pour les FRANCAIS, il allait tirer le reste contre EUX » (Général MARBOT), tandis que BERNADOTTE avait ce mot charmant en commandant le feu : « Encore quelques coups de mitraille contre ces FRANCAIS que j'aime tant ! » (Général THIEBAULT). C'est après cette « Sanglante Journée » que, rendant visite, avec l'émigré FRANCAIS et Général RUSSE LANGERON, au Général FRANCAIS DELMAS (mortellement blessé), et engageant cet ancien Officier Républicain à travailler avec eux à la chute de BONAPARTE, BERNADOTTE s'attira une terrible réplique : « Proscrit par la Révolution, dit DELMAS à LANGERON, (RUSSE depuis vingt ans), tu dois peu à la FRANCE et rien à NAPOLEON. Sers ton « Maître et sois heureux si tu peux ». Mais toi, BERNADOTTE, sorti des « ENTRAILLES de la REVOLUTION », comblé des bienfaits de la FRANCE et de l'EMPEREUR NAPOLEON, de quel droit oses-tu me proposer une INFAMIE … ??? … Va,
TRAITRE, n'insulte pas à mon agonie et laisse-moi mourir en HONNETE HOMME ».