WATERLOO, VICTOIRE FRANCAISE !!!

Je profite de l'arrivée de M. Roy-Henry sur ce Forum pour partager cette vue d'après Waterloo qu'on lui doit et qui m'a souvent servi :
Que ce serait devenu La France, si Grouchy ou Drouet d'Erlon avaient rempli leurs missions, en clair si les Français avaient été victorieux au Mont Saint-Jean ? :


" Voyons donc. Un préalable, cependant: cette hypothèse suppose que la victoire française se soit dessinée assez vite, aboutissant à une égale déroute des Anglais et des Prussiens. Pour les 1er, des pertes importantes et la nécessité de se rembarquer à Ostende, ce qui les écarte définitivement des opérations. Pour les seconds, des pertes et des prisonniers qui ne laissent pas plus de 50 000 hommes aux Prussiens dans le meilleur des cas...

Quelles sont donc ces forces formidables que Napoléon aurait dû encore affronter ?

Celles des Russes sous Barclay de Tolly, se montant à 225 000 hommes.

Celles des austro-confédérés, sous Schwarzenberg, totalisant 250 000 Autrichiens, Badois, Bavarois, Hessois et Wurtembourgeois...

Je néglige les 75 000 Austro-Sardes sous Frimont, qui furent contenus par Suchet en avant de Chambéry. J'en fais autant des 50 000 Espagnols que Ferdinand VII autorisait à se concentrer mollement derrière les Pyrénées et qui n'avaient guère l'intention de franchir la frontière, avant des succès signalés des coalisés au coeur même de la France. Sur ce point, les gardes nationales du Su-Ouest et du Midi devaient suffire pour les intimider et les dissuader (pour mémoire: 30 000 gardes nationaux environ).

Restaient donc Barclay de Tolly, éventuellement renforcés des 50 000 Prussiens rescapés de Waterloo, soit 275 000 hommes en tout et Schwarzenberg avec 250 000 hommes. Une masse de 525 000 hommes au plus...

Et l'Empereur donc, sur quoi pouvait-il compter ? Les 100 000 hommes victorieux de la campagne de Belgique, auxquels devait se joindre le corps de Rapp (20 000 hommes).

Soit 120 000 hommes. Mais rappelons que le 18 juin, 80 000 hommes étaient encore dans les dépôts et devaient donc avoir rallié leurs corps, de même que 20 000 hommes auraient été libérés de la diversion de la Vendée par leur victoire sur les rebelles vendéens.

Dans ces conditions, dès le 1er juillet, Napoléon pouvait espérer mettre en ligne 220 000 hommes de troupes actives contre la coalition qui le menaçait.

Constatons d'ailleurs que ce raisonnement reste également justifié pour examiner si Napoléon pouvait encore résister après la défaite de Waterloo, si ce n'est qu'il faut lui retirer 40 000 hommes (ne reste alors que 180 000 hommes), et en rajouter 130 000 aux coalisés.

Mais restons à cette perspective d'un combat sans espoir de la part des Français contre "les forces immenses de la coalition" !!!!

220 000 contre 525 000... Observons immédiatement que c'est là un rapport de force bien plus avantageux pour Napoléon que celui qu'il avait dû subir dans l'hiver 1814, pendant la campagne de France: à un contre trois, au mieux, alors qu'il se voyait là à un contre deux, et mieux encore...

Pourquoi ? Parce que, pour des raisons d'ordre logistiques et stratégiques, les deux armées coalisées ne pouvaient marcher ensemble au coeur de la France. Elles pouvaient certes viser le bassin parisien, pour s'y réunir et marcher sur Paris (à condition d'être victorieuses) !

Mais elles ne devaient pas moins s'appauvrir de 100 000 hommes environ, pour neutraliser nos places fortes dont les garnisons se composeraient essentiellement de gardes nationaux, pour un effectif sensiblement supérieur (disons 120 000 gardes).

Le plan de Barclay est connu: il consistait à se porter sur la Sarre, à envahir la Lorraine et à se concerter ensuite avec Schwarzenberg.

Ce dernier pensait opérer de la même manière qu'en 1814, c'est à dire marcher vers Langres et Dijon, en évitant l'Alsace, sauf à y bloquer les garnisons de Strasbourg, Belfort, Huningue, etc.

Le danger le plus pressant était donc celui de Barclay et ses 275 000 Russes.

Il est plus que probable que Napoléon aurait attendu Barclay derrière la Sarre pour lui imposer une bataille sur son terrain choisi à l'avance.

220 000 Français contre 275 000 Russes ? A mon avis, le succès n'était pas douteux !

Alors, Napoléon pouvait se retourner contre Schwarzenberg qui aurait chassé devant lui les 10 000 hommes de Lecourbe. Supposons-lui encore 170 000 hommes (après les pertes d'une grande bataille avec les Russes et la nécessité de laisser un corps d'observation de 20 à 30 000 hommes).

Avec Lecourbe, donc 180 000 hommes, il avait à affronter les 200 000 hommes de l'autrichien (obligé de détacher 50 000 hommes environ contre nos places fortes).

Croit-on même que l'Autriche se serait laissée réduire à un tel affrontement si douteux pour le sort de ses armes ? Certainement pas ! à la nouvelle d'un revers infligé à Barclay de Tolly, elle serait entrée en négociations !!!

Comme quoi, nos grands savants condescendants, historiens imbus d'eux même, et dorés sur tranches, feraient bien de relire Jomini et de cesser de dire n'importe quoi... "


Voilà de quoi refléchir...

Je dois beaucoup à Madelin, à Jomini et... à l'Empereur lui-même !

Hélas, nous ne pouvons pas refaire l'Histoire !

Certes, Cher Jean-Yves, mais l'imagination n'a de cesse de s'exercer à échafauder des situations, opposées à celles connues de l'Histoire, et il est ma foi assez plaisant d'en voir sortir notre Empereur victorieux de tous, même si Waterloo ne doit pas être considérée comme une défaite au sens strict du terme ...

Et que l'on peut regretter amèrement l'action de Drouet qui le vendredi 16 juin va faire ce mouvement inutile entre les deux batailles de Ligny et des Quatre-Bras.
Son corps de 20.000 hommes n'aura servi à rien ce jour là alors qu'avec un peu de clarté dans les ordres et un peu de bon sens, le sort de l'Europe eût été changé...

Joséphine a écrit:

Certes, Cher Jean-Yves, mais l'imagination n'a de cesse de s'exercer à échafauder des situations, opposées à celles connues de l'Histoire, et il est ma foi assez plaisant d'en voir sortir notre Empereur victorieux de tous, même si Waterloo ne doit pas être considérée comme une défaite au sens strict du terme ...

Vous avez un goût prononcé pour les uchronies, Joséphine ?

Comme en 1805 et en 1806, les Russes faisant usage du même calendrier à la con, qui leur donne 12 jours de retard sur les gens civilisés, Napoléon les surprend sur la Vistule, alors qu'ils se croient sur le Rhin, au moment où ils vont tremper leurs croissants dans leur samovar, et il les refoule jusqu'à Vladivostok.
De là, il descend plein sud, assiège Pekin, qu'il rase, et entreprend l'invasion du Siam et de la Corée, qu'il annexe. Il traverse la mer de machin chose et envahit le Japon. Il s'entoure d'une garde impériale composée de ninjas et de samourais qu'il intègre dans sa garde après les avoir battus à plate couture au pied du Fuji Yama. Napoléon s'entoure d'un mamelouk nippon, mange bio et se fait circoncire, car il mélange judaisme et taoisme.
A partir de ce moment là, il envisage l'invasion des USA par la face Nord, chose qui n'a jamais été tentée avant lui, les Européens venant toujours de l'Est.
Il s'allie avec les Américains et leur promet la lune en s'alliant avec les généraux Armstrong et Aldrin, en leur disant qu'il allait leur foutre son pied quelque part et que ce serait un bond pour l'homme qui le recevrait. Après avoir rallié les américains, il débarque dans la perfide Albion qu'il envahit par derrière, en gagnant 1 centimètre, grace à la complicité d'émigrés français qui ne supportent plus la cuisine anglaise, et le 15 aout 1815, jour de son anniversaire, Napoléon surprend au pied de son lit le roi Georges III qu'il fait prisonnier et qu'il envoie planter des arachides dans une ile perdue dans l'Atlantique Sud.

Route Napoléon,

Citation :

Son corps de 20.000 hommes n'aura servi à rien ce jour là alors qu'avec un peu de clarté dans les ordres et un peu de bon sens, le sort de l'Europe eût été changé...

Jacques vous savez bien qu'avec des "si" que ne ferait-on pas !!! Peut-être une histoire à la manière de celle relatée par Corso
Tout simplement nous ne serions peut-être pas là, nous-mêmes, pour nous interroger sur le cours de l'Histoire si Waterloo avait été une victoire.

Si Waterloo avait été une victoire aussi éclatante voire mythique qu'Austerlitz, eh bien déjà nous ne la commémorerions pas... puisque nous savons bien qu'au nom d'une certaine pensée unique nous hésitons toujours à commémorer les victoires napoléoniennes.

Bravo a tous
Beau réçit bien argumenté deRN
Humour habituel de Corso
Et conclusion bien triste mais fort juste de Puygriou !

Oui, tout est dit et nous avons tous une bonne raison d'avoir raison...
Il n'empêche qu'il y a des coups de pieds qui se sont perdus en route....

Je ne pense pas que l'Empereur faisait de l'uchronie. J'ai résumé et projeté ce qui ce serait passé après une victoire de "Mont-Saint-Jean", conformément au plan de Napoléon.

De même, Jomini a confronté les plans des deux adversaires. Il était bien placé pour connaître le plan russe.

Malgré Waterloo, Jomini a encore examiné les intentions de Napoléon (telles qu'il les a développées au cours du dernier conseil des ministres avant son abdication) et tracé ce qui aurait pu advenir.

La situation de l'Empereur et de ses armées était très difficile, mais nullement désespérée, car il lui restait encore des atouts...

Oui, mais encore eut-il fallu qu'il ait le soutien des chambres.

Bien entendu. Je ne peux cependant m'empêcher de regretter que l'Empereur n'ait pas passé outre. En se déclarant "en permanence", la chambre des députés violait la Constitution !

Ce fut véritablement un coup d'état contre le seul homme en mesure de sauver la patrie...

C'est là, un des mystères de cet homme, capable de coups de génie, comme d'action timorée. Un cas très complexe.
S'il avait tenté le coup de force à ce moment-là, que se serait-il effectivement passé ?

Je crains cependant que les atouts qu'il avait encore en mains ne lui aient permis que de retarder une échéance devenue inéluctable.
Déclaré hors-la-loi et même "hors du genre humain", par les Alliés réunis à Vienne, il ne pouvait plus guère espérer d'issue favorable.
Outre la disproportion énorme des forces en présence, Napoléon n'était plus tout à fait lui-même.
Son séjour à Elbe avait amoindri ses capacités et il savait lui-même que son étoile était sur son déclin...