Les Conscrits.

Les Conscrits.

Sous le Consulat et l’Empire près de 2 000 000 de recrues sont incorporées, dont 80% de Français.

« Vous êtes nés au bivouac, vous y mourrez »

Voté le 5 Septembre 1798 par le Directoire, le système de la conscription institue un service militaire obligatoire de cinq années pour tous les jeunes âgés de 20 ans. La levée de conscrits devient une des taches les plus importantes de l’administration préfectorale.

Les besoins en hommes, votés par le Corps législatif, sont répartis par département, puis par arrondissement et par cantons. Il revient au maire de dresser les listes de jeunes incorporables et, dans un premier temps, de les désigner après une visite médicale

Ce rôle impopulaire est finalement assuré par un conseil de recrutement ambulant, présidé par le Préfet et par la mise en place du tirage au sort On répartit les effectifs en « active » …..Les premiers à partir….et en « réserve ».

A partir de l’Empire, c’est la volonté de l’Empereur, exprimé par un simple « sénatus - consulte » qui fixe le nombre des appelés. Les premiers temps, le contingent annuel des levées varie entre 70 000 et 80 000 hommes. Avec l’ouverture du second front en Espagne, le besoin en soldats devient plus important ….de 240 000 en 1808, il passe à 1 200 000 en 1813.….. et 1814 seront rappelées trois fois et celles de 1809 et 1812 quatre fois ! Très durement ressenties dans les campagnes, ces ponctions ne représentent en fait que 3% du total de la population à leur plus haut niveau……

A…..Suivre…..(Le tirage au sort)….

Le 5 brumaire an IV (27 octobre 1795), le Directoire succède à la Convention. La France est alors dans une grande période de crise : financière, militaire, monétaire, politique, religieuse.
Une commission militaire, sous la houlette de Jourdan, est chargée d'examiner le moyen le plus judicieux pour procéder au recrutement de l'armée. Elle se réunit pour la première fois en décembre 1797.
L'élaboration se poursuit les mois suivants. Le citoyen Delbrel, député du Lot, est nommé rédacteur et rapporteur de la loi.
Le 19 fructidor an VI (5 septembre 1798), la loi sur la conscription, connue sous le nom de loi Jourdan-Delbrel, est votée. Le service militaire est né.
L'âge des conscrits est fixé entre 20 et 25 ans. Les défenseurs-conscrits, tel est leur nom, sont divisés en cinq classes d'âge. La première classe se compose des Français qui au 1er vendémiaire (22 septembre) de chaque année ont terminé leur vngtième année. La loi reste muette quant à la durée des obligations militaires, mais dans la pratique, et implicitement, selon les termes mêmes de la loi, le conscrit reste sous les armes "tant que la patrie est en danger".
La loi votée, il faut la faire appliquer. Or, les dépenses liées à un afflux de 200.000 conscrits sont énormes à une époque où le Directoire se débat en plein marasme financier.
De plus, la conscription rappelle étrangement le système de la milice si détesté sous l'Ancien Régime.
Plus inquiétant encore est le mauvais état de santé des Français de l'époque.
A titre d'exemple, en ce qui concerne la première tranche des 200.000 appelés, si 143.404 sont aptes à devenir soldats, un quart du contingent est inapte pour raisons médicales ou insuffisance de taille.
Quant aux modalités pratiques de la conscription, elles se font de la manière suivante : chaque département doit fournir un nombre d'hommes en fonction de sa population ; ce chiffre est ensuite répercuté au niveau des arrondissements et des communes. Dans chaque commune, la liste des conscrits est dressée par l'administration communale puis affichée.
L'examen des hommes se fait par un jury composé d'un commissaire du Directoire, d'un officier de santé et de cinq pères de famille.
La liste des infirmes et des exemptés est affichée également.
Dans chaque canton, les conscrits doivent se rassembler le jour indiqué ; ils sont ensuite conduits au chef-lieu du département avant d'être dirigés vers le dépôt régimentaire auquel ils appartiennent.
Telles sont les grandes lignes du système qui sera appliqué sous l'Empire, mais qui connaîtra de nombreuses modifications et aménagements.

J'y reviendrai ultérieurement.

Bonsoir Cher Jean-Baptiste,

Vous venez d'ébaucher là un sujet très intéressant qui mérite un long développement.

Mais comme vous nous annoncez une suite, je vous laisserai poursuivre ce thème, avec le fameux tirage au sort qui ne favorisait que les familles plus "aisées" ...

Oh oui Jean-Baptiste ... vos chroniques du temps passé .... A quand une "Vie de Jean-Baptiste Guindey" ... on en parlera un jour et vous mettrez votre cholestérol de côté .....le temps d'une rencontre en terrain neutre ... à Millau par exemple, ou sur mon territoire à Concasty ... par exemple en compagnie de Milhaud, Delzons ou Higuonet ...., auprès d'une hôtesse à l'accueil et à la cuisine si délicate... sous le regard sensuel de nos Salers. Et nous verserons quelques bulles (pas quelques larmes...) en dévotion à Sainte-Geneviève.

Mon cher Puygriou.....quel plaisir de vous lire...bien sur que nous en parlerons....de Jean-Baptiste...sous le regard langoureux de ces belles de salers....d'autant que j'aime cette région qui reste authentique.

Amitiés.....

Chère Joséphine.....

Oui...sujet intéressant.... aussi votre intervention sera toujours la bienvenue, mes résumés sont courts....et j'en oublie certainement des facettes...qui j'en suis sur n'ont pas échappé à votre oeil très attentif.

Cordialement.......

Bonsoir Cher Jean-Baptiste,

Puisque vous m'y invitait cordialement, c'est avec plaisir que j'apporterai mon petit grain de sel, en veillant toutefois à ne pas déflorer votre sujet...

J'aimerais revenir sur le tout début de votre intervention ...

Tous ces troupiers qui traversaient la France et qui à leur passage excitaient la curiosité des populations, ne se ressemblaient pas tous, et si certains étaient admirés pour leurs uniformes colorés, d'autres, qu'on appelaient 'les conscrits enrôlés", n'avaient pas encore d'uniforme ..

L'Armée d'Angleterre qui allait devenir plus tard "La Grande Armée" était constitué d'un énorme prélèvement sur le peuple français, et si Napoléon n'ignorait pas le côté impopulaire des lois de la conscription, il s'en était servi , car disait-il, "elle fait la sûreté de l'Etat" ; mais il n'en était pas l'auteur ...
La conscription était, en effet, une invention de la Révolution, et le décret qui l'institua remont au 14 Février 1793.
Plus tard, sous le Directoire, les dispositions ont été complétées par la loi du 25 Août 1799.

Ce service à la Nation , rendu obligatoire pour tous les célibataires entre vingt et vingt cinq ans, laissait toutefois à ces jeunes gens, la chance d'y échapper, par ce fameux tirage au sort, que vous avez annoncé, Cher Jean-Baptiste.

C'est la raison pour laquelle je m'arrêterai là, afin de vous laisser la parole sur un sujet , par vous si bien analysé ...

Les Conscrits.

Le Tirage au sort…….

Le jour du tirage au sort, qui a été affiché une semaine auparavant à la mairie, les conscrits passent pieds nus sous la toise, devant le maire et des notables réunis au chef-lieu du canton. Puis ils tirent un numéro dans une urne. Si le numéro excède le contingent, ils sont libérés. S’il entre dans le contingent, ils doivent partir.

Avant le départ, le conseil de recrutement statue sur les cas individuels. Jusqu’en 1807, on ne prend que les plus robustes. Par la suite, les exigences se font moins rigoureuses…..Le principal motif de réforme est la taille…à partir de 1811, ceux dont la taille est inférieure à 1,48 mètre sont systématiquement écartés.

Une trentaine de motifs médicaux sont retenus, dont la  "fétidité de l'haleine" !... Échappent également à la conscription, dans les premiers temps, les hommes mariés avant la date de promulgation de la levée….d’où la multiplication des mariages arrangés de jeunes gens avec des femmes d’un âge très avancés, les fils de veuves ou les frères d’un conscrit, les soutiens de famille, les séminaristes, etc….

Certains ont recours à des moyens illégaux tels que faux certificats médicaux, corruption, mutilations…se tranchent les doigts, se cassent les dents pour ne pas pouvoir déchirer les cartouches. Lorsque la fraude est avérée, ces mutilés sont punis et incorporés dans les pontonniers ou des corps auxiliaires.

De nombreux escrocs profitent de la détresse des familles pour leur extorquer des sommes importantes en leur promettant en vain, de faire réformer leurs enfants.

Se faire remplacer.

Un des moyens légaux d’éviter de partir à l’armée est de se faire remplacer par un autre conscrit. D’abord interdit, le remplacement est autorisé en 1802 sous la pression de la bourgeoisie. Il doit intervenir cinq jours après le tirage au sort et doit concerner un conscrit du même canton et de la même classe.

Seuls les plus aisés peuvent y avoir recours car le prix d’un rachat peut valoir de 2 à 10 ans de revenus d’un ouvrier agricole. Le goût de l’aventure et l’appât du gain guident les jeunes volontaires, qui scellent souvent leur contrat de remplacement devant notaire.

Ayant tiré un mauvais numéro en 1809, Simon Perdiguier échange sa situation pour 3000 francs avec un portefaix qui a tiré, lui, un bon numéro. Quelques temps plus tard, le numéro du remplaçant s’avère insuffisant et Simon part le rejoindre. Après 1810, les chances de trouver un remplaçant s’amenuisent….un rachat se négocie jusqu’à 10 000 francs pendant la campagne de Russie…!

A suivre……….