La vie des Français au temps de Napoléon.
Suite du... N° 3.…Les Veuves…..
Signe des temps, la veuve qui pleure un époux tué dans un combat lointain fait partie du paysage quotidien des Français. En Province, on la reconnaît facilement à ses habits noirs et sa traditionnelle cornette de même couleur. Des récits de l’époque brocardent les jeunes veuves qui convolent en troisièmes, voir quatrièmes noces. On s’amuse par exemple dans les salons de cette femme mariée une première fois avec un banquier, puis une seconde avec un colonel de cuirassiers, qui « sait parler du cours des changes aussi bien qu’un courtier et monter à cheval comme un soudard » .
La réalité est plus prosaïque. Le Code Napoléon ne favorise aucunement les conjoints survivants, ceux-ci n’ont aucun droit sur la succession de leur époux ou leur épouse. D’autre part, une veuve qui se remarie perd bon nombre de ses droits légaux…un conseil de famille peut lui retirer la tutelle de ses enfants et ces derniers sont dispensés de l’obligation alimentaire qu’ils lui doivent. Seule les veuves de militaires tués au combat ont droit à quelques égards. Celles qui suivaient leurs maris en campagne à la suite des corps de troupe ou des états-majors reçoivent des secours sur place ou bénéficient d’un logement et d’une ration militaire sur le trajet du retour.
En décembre 1805, l’Empereur décide d’accorder une pension aux veuves de tous les militaires tombés à la bataille d’Austerlitz. Le montant de celle-ci varie selon le grade du mari de 6000 francs pour les généraux à 900 francs pour les soldats.
La « Conscription des Filles ».
Dans le dessein de fusionner les noblesses d’Ancien Régime et d’Empire, Napoléon impose des mariages à son entourage. En 1810, les préfets sont chargés de dresser une statistique des filles non mariées jouissant de plus de 50 000 francs de rente, mentionnant le nom, la dot, les « agréments physiques » ou « les difformités » ainsi que les « principes religieux » de chacune des jeunes demoiselles.
De nombreuses jeunes filles éduquées à l’Institution nationale de Saint-Germain deviennent les épouses des nouveaux maréchaux, généraux, hauts fonctionnaires que Napoléon souhaite récompenser pour leurs services. Ainsi M. de Marbeuf épouse-t-il une riche héritière de Lyon qu’il n’a jamais vu tandis que Melle Dillon devient la femme du général Bertrand, la marquise de Coigny est forcée d’accepter comme gendre le général Sebastiani….il y a des résistances à ces mariages contraints, prévenu par un ami préfet que l’Empereur a décidé de marier sa fille à un général, le duc de Croÿ donne la nuit même la main de celle-ci à un cousin de passage chez lui !
A suivre…N° 4...Le Mariage.