PRISONNIER

Ma chère Joséphine, Chers compagnons

Permettez-moi de participer à votre conversation.
J’ai trouvé un acte de décès d’un prisonnier de guerre autrichien survenu à Vaux sur Seine ( 78 ) le 19 Juin 1814. A ce moment l’empereur était sur le chemin de l’ile d’Elbe et la grande armée en plein désarroi .Voici le résumé de l’histoire :
- Le 19 Juin 1814 Joseph MAUZANE prisonnier de guerre autrichien, âgé de 30 ans, porteur d’un billet délivré par l’hôpital civil de Bernay (27) le 25 mai afin de se rendre à Versailles ( 78 ) pour être dirigé sur Dijon, est décédé hier après midi.
- Il a été chez Pierre Rousselin cultivateur, ou il a demandé à se reposer quelques heures.
- La présente déclaration a été faite en présence de Louis Courpotin et de Louis Bailly.

Mon opinion sur cette histoire :

- Les prisonniers de guerre étaient bien traités par la population. (Avec ou sans menace?).Les autorités semblaient confiante sur la sécurité de prisonniers fraichement libérés, traversant seuls a pieds la campagne française.
- Visiblement, Versailles n’était qu’un rendez vous régional de rapatriement, Dijon devait être le point de départ des convois de la zone nord vers l’Autriche
- Les hôpitaux civils soignaient aussi les militaires de l’armée impériale que les prisonniers
(J’ai aussi d’autres actes confirmant ce fait).

Ce ne sont que mes impressions, je suis impatient de recevoir vos commentaires.

Bonne soirée

Patrick

Bonjour,

Voilà un sujet intéressant !! Qui sort un peu de l'ordinaire.
Les prisonniers de guerre (étrangers) sont un peu les parents pauvres de la période Napoléonienne, il n'ont pratiquement pas retenus l'attention, sauf dans des cas particuliers ou ils ont parti pris avec l'Administration Française, comme le cas cité par Blond Patrick. La manière de traiter les vaincus est pourtant révélatrice des mentalités individuelles et collectives d'une époque, s'intéresser aux prisonniers, s'interroger sur les traitements quotidiens de ces hommes nous permet de toucher une face de l'époque Napoléonienne, noire ou blanche (pour les anglais voir leurs fameux pontons); Où étaient-ils internés?? Que faisaient-ils ?? Leur relation avec les autorités, les particuliers ?? Etaient-ils employés dans l'industrie, dans l'agriculture ?? etc....
Enfin ! Un vaste sujet peu traité. Je crois qu'une thèse a été faite il y a quelques années.
Si vous avez des pistes je suis preneur. Merci.

Cordialement.

Je crois savoir que beaucoup ont été utilisés pour la réfection d'ouvrages d'art ou l'entretien de voies.
Il est certaint que leur sort était beaucoup plus enviable que celui de nos propres prisonniers en Angleterre, en Espagne ou en Russie.

Bonjour



En réfléchissant sur le cas de Joseph MAUZANE, je suis de moins en moins sur qu’il ait fait une bonne affaire en étant « libéré » en mai 1814 (certainement sur ordre de libération générale de tous les prisonniers par le gouvernement de transition.)
Quelques réflexions :
Il était soigné à l’hôpital certainement de suite de blessures ou de maladies, beaucoup de soldats mourraient de fièvre (c’est le motif généralement inscrit sur les actes de décès en ma possession). Je ne suis pas médecin mais je pense qu’à l’époque on n’entrait pas à l’hôpital pour de mauvaises raisons.
Le trajet BERNAY VERSAILLES doit représenter 140Km soit au moins 5 jours de marche (dur pour un convalescent.)
De quoi vivait il pendant le trajet ?
Conclusion :
Il est mort d’épuisement mi Juin 1814, après avoir fait 100Km en trois semaines (minimum), pas de chance!

Si ma mémoire est bonne, Damamme dresse un portrait saisissant d'un officier britannique prisonnier en France.
Il semble être en parfaite villégiature et se déplace librement sur le territoire, se permettant même de critiquer la nourriture et ironisant sur les moeurs des autochtones.
Quand on compare cette situation à celle des soldats français retenus sur les pontons, c'est particulièrement édifiant...

un p'tiot article sur les prisonniers étrangers dans l'Ain sous l'Empire
http://www.associationsuchet.com/article-6740187.html
je travaille sur un sujet similaire en Saône et Loire

En 1814, à Lille, on relève que 3479 prisonniers espagnols sont occupés à curer la Deûle et les canaux.
Prisonniers qui viennent grever avec les troupes de Garnison le budget de la ville.

oui car différents décrets Napoléoniens de 1811 ont organisé 38 Bataillons de Prisonniers de Guerre de 400 hommes qui seront payés comme les ouvriers du pays, surtout composés d'Espagnols, nationalité la plus representée
15 pour les Fortifications
15 pour les Ponts-et-Chaussées
8 dans les Ports et Arsenaux pour la Marine
Ces Bataillons sont surtout concentrés dans le Nord Ouest, de la côte Atlantique jusqu'aux Pays Bas, certains seront repliés en Bourgogne en 1813-1814
il y'a une reférence assez fournie sur ce théme sur les Espagnols qui formaient prés de 60 % des Prisonniers présents en France aprés 1809
La Deportation sous le Premier Empire paru en 1983

Chaque Bataillon se compose d'un Capitaine (provenant du Génie ou Ingénieur des Ponts-et-Chaussées) un Lieutenant Adjudant-Major, un Caporal-Tambour, un civil, un maitre-tailleur, un maitre-bottier
- 4 Compagnies chacune un Sergent et un Fourrier Français, 8 Caporaux, un Tambour 91 hommes
ceux des Ponts-et-Chaussées ont été employés en particulier pour les canaux comme le mentionne ce site
http://martine6.club.fr/decidela/canal/histoire.htm
le 16e Bataillon qui se trouvait dans cette lande des Jarriais a été dissous en février 1813

pour la lisibilité du forum il serait peut être utile de rebaptiser ce fil "Prisonniers de Guerre en France" puisqu'il y'a déjà un autre fil plutôt axé sur "les Prisonniers" [de Guerre Français à l'Etranger]

Très intéressant. On apprend là des choses importantes.

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