Girone, décembre

Source : Journal de l'Empire, 5.01.113

Armée de Catalogne

Extrait d'une lettre écrite à S. Exc., le ministre de la guerre par M. le général comte Decaen, commandant en chef l'armée de Catalogne.
Gironne, le 18 décembre 1812

Monseigneur,

Après l'expédition du général Maurice Mathieu dans le camp de Terragone, dont j'ai eu l'honneur de rendre compte à V. Exc., je m'occupai dès son retour des moyens de faire arriver à Barcelonne un convoi considérable de viande sur pied, et je me disposai à me rendre en même temps à Gironne, où ma présence est nécessaire pendant quelques jours, pour rendre plus régulière ma correspondance avec V. Exc., et pour régler les affaires de la Haute-Catalogne.
J'ordonnai en conséquence au général Lamarque d'envoyer sur Saint-Celoni le convoi destiné pour Barcelonne ; de le faire escorter par 3000 hommes, et de prendre les dispositions nécessaires pour que tout f^t réuni le 12 dans le lieu précité. Dans l'intervalle que nécessitait l'exécution de ces ordres, je fus prévenu que l'ennemi formait des rassemblements à Caldas et à San-Felice de Codinas.

Le 11, je is partir une brigade de réserve, toujours commandée par le général expert, de ses cantonnements près de Barcelonne, et je me portai avec elle à Santa Perpetua, pour menacer Caldas. Le général de brigade Devaux, avec 1500 hommes de la garnison de Barcelonne, sortit de cette place le même jour, et vint prendre position à Saint-André. Le rapport de mes émissaires m'apprit que sur la Garriga. Je fis partir, le 12, au point du jour, les brigades Expert et Devaux, et je les conduisis le même jour à Cardedeu, où elles n'arrivèrent que fort tard à cause du mauvais temps et de la difficulté des chemins pour un certain nombre de voitures parties de Barcelonne, et qui portaient à Gironne des blessés et des hommes susceptibles de réforme, qui seront dirigés sur la France.

(A suivre)

En arrivant à Cardedeu, les habitants m'annoncèrent qu'une colonne de 2 à 3 000 hommes avaient traversé ce village entre sept et neuf heures du matin, se dirigeant sur Saint-Celoni, et qu'une autre colonne, qu'ils croyaient plus forte, avait passé à la même heure par Vila-Major, suivantla même direction. Je sentis que l'intention ds ennemis était de disputer le passage des Trento-Pasos, au convoi de Gironne ; je cherchai à communiquer de suite avec la brigade Beurmann, qui devait êtr arrivée le même jour à Saint-Celoni ; je poussai en ême temps une reconnaissance de cavalerie sur le chemin de Villa-Major. Cette reconnaissance rencontra une patrouille de hussards espagnols, qui fuirent à toute bride arès les premiers coups de carabine. A quatre heures du matin, je mis les troupes en marche ; je laissai le convoi pour Barcelonne, parqué à linas, sous la garde du général Devaux, et je marchai avec la brigade Expert,vers les hauteurs de Trento-Pasos, où nous arrivâmes au point du jour. L'ennemi, instruit de notre arrivée à Cardedeu, avait renoncé à son projet, et s'était porté sur les hauteurs à Saint-Estève, adossé au Mont-Ceigne et au chemin qui conduit à Vich par Villadeau. Le général Beurmann, prévenu par mes avis, engagea sans difficulté le convoi dans les Trento-Pasos ; il ne fut inquiété que par quelques tirailleurs que les détachements de l'arrière-garde repoussèrent, et la jonction s'opéra vers les neuf heures du matin.
(A suivre)

Pendant que le convoi défilait, j'allai observer la position des Espagnols ; je les aperçus bientôt descendant des hauteurs dans la plaine de Saint-Estève, et reprenant le chemin de la Garriga. J'eus un moment l'ordre de les forcer à combattre, et j'envoyai à cet effet le général Expert avec ses sept bataillons, occuper Villa Major, disposant mes autres troupes sur Linas, de manière à pouvor marcher promptement, si l'ennemi acceptait le combat ; mais à peine aperçut-il la tête de notre colonne, qu'il se hâta de regagner la position qu'il venait de quitter. Ne pouvant plus alors espérer de le joindre, je me décidai à le maintenir dans cette positon, afin d'assurer la marche paisible du convoi, qui partit du convoi de Cardedeu le 14 au point du jour, et arriva le même soir à Saint-André. j'ajoutai aux troupes du général Devaux le 79e régiment, afin de m'ôter toute inquiétude sur cet objet, et pour augmenter les forces que je laisse au général Mathieu, pendant mon séjour en Haute-Catalogne. Le convoi est entré le 15 au matin à Barcelonne.
Les reconnaissances envoyées de Villa-Major, le 14 au point du jour, aperçurent les Espagnols en retraite sur la route de Vich. Le général Expert marcha sur Saint-Celoni par St-Estève, et je me rendis dans cette ville avec la brigade Heurmann, par Linas et Trento-Pasos.
M. Lacy avait annoncé hautement qu'il prendrait le convoi, et, pour y réussir, il avait réuni tout ce qu'il a de troupes disponibles. Il espérait sas doute de le trouver faiblement escorté ; mais quand il a cru que cette opération ne pouvait se faire, sans quelque dommages, il s'est toujours tenu hors de portée d'être atteint ; et il a eu tranquillement, du haut de ses rochers, défiler ce convoi, dont il avait promis le pllage à ses soldats.
J'ai l'honneur, etc
Signé : Comte Decaen