Aussi loin que nous puissions remonter dans la vie du petit
Nabulione en âge d'étudier, c'est-à-dire dès son entrée à l'Ecole militaire de Brienne le Château, et jusqu'à Waterloo, force est de constater que la langue anglaise ne fut jamais la préoccupation première de Napoléon.
Ce n'est, en effet, qu'en 1816, au cours de son exil à Saint Hélène, que le Grand Homme commença à s'y intéresser avec l'aide de Las Cases.
Ce désir soudain pourrait s'expliquer simplement par son souci d'apporter divers "distractions" à son désoeuvrement infligé par la perfide Albion ...
Mais il est une chose plus rationnelle, c'est que l'Empereur ayant connaissance des noms dont les Anglais l'affublaient dans leurs journaux, tels que "
Menteur",
Monstre" ou encore "
Poltron".
Il se trouvait légitime, partant de là, que Napoléon chercha à se rendre compte de l'état d'esprit populaire des Anglais.
Il est du reste assez cocasse, qu'ayant eu à affronter perpétuellement l'Angleterre, Napoléon ne se soit pas pour autant préoccupé de cette lacune.
Pourtant, lors du projet de Boulogne, pour le débarquement sur le sol anglais, il était à craindre une certaine gravité que cette ignorance aurait pu générer.
Et cette ignorance des Officiers fut l'une des grandes préoccupations de l'Amiral Bruix.
C'est donc dans cette perspective que fut créé un groupe d'interprètes, dont la mission aurait été de dépouiller et de traduire dépêches officielles et privées, et de transmettre, autant que faire se peut, les premiers rudiments de la langue aux Officiers de terre et de mer ...
Il suffisait d'avoir les "bons mots", et à ce propos, il me souvient celui de l'audacieux Corsaire "
Bucaille", qui, voyant un jour son bateau envahi par un équipage ennemi, eût la présence d'esprit (et la connaissance du mot) de crier :
"BLOW UP !"
Aussitôt, les Anglais détalèrent, persuadés que l'embarcation qu'ils venaient d'investir allait exploser en même temps qu'eux !...