La fascinante Campagne d'Egypte ...

Ce titre évocateur recèle en son sein une multitude de raisons constituant autant de facettes qui font miroiter l'audace d'une aussi grande entreprise.

Si cette Campagne revêt, à l'instar de toutes les autres Campagnes napoléoniennes, un aspect bien militaire, elle présente en outre l'avantage d'avoir apporté le ciment indispensable à l'émergence de la future Egyptologie, par l'entremise d'érudits en tous genres.

Ils étaient tous là, à l'appel du jeune Général, qu'ils fussent Scientifiques, Ingénieurs, Médecins, poètes, artites ou acteurs ...
Tous étaient prêts à partir dans un objectif principal, celui de faire progresser les connaissances de l'homme.

Sur le plan militaire, cette Campagne connut des moments très durs, s'apparentant parfois à l'effroyable retraite de Russie, en 1812...
Mais la valeur militaire des troupes françaises triompha toujours sur les forces ennemies, pourtant bien supérieures en nombre ...

C'est là, au Mont Thabor, que Kléber, connu pour n'être pas un inconditionnel de Bonaparte, lança sa phrase devenue célèbre :

-"Mon Général, vous êtes grand comme le monde, et le monde n'est pas assez grand pour vous" ...

Très tôt au cours de cette Campagne, la destruction de la flotte française de la Méditerranée, à Aboukir, frappa les esprits.
Pourtant il fallait poursuivre, car le jeune Général l'avait décidé ainsi...

Et les troupes poursuivirent parce que leur Chef avait ce don unique de les persuader, ce magnétisme qui leur inculquait que son exemple était le meilleur.
Les Français s'obstinèrent donc, malgré toute une série de facteurs défavorisants qui auraient vaincu bien d'autres armées, tel le climat, la défaite ou encore la maladie ...

Souvenons-nous au passage, de ce Morand, général de son état, qui, venant de déplorer le suicide de l'un de ses amis, juste après une con frontation avec Bonaparte, eût ce mot magnifique pour nommer Napoléon en Egypte, comme étant " le plus grand Général du siècle" ...

Pendant qu'un Kléber était reconnu pour sa bonté envers ses hommes, qu'un Desaix était apprécié pour son sens de la justice, Bonparte, Lui, enflammait l'imagination de ses hommes et coupait le souffle à ses ennemis.

D'autres épisodes alimentent cette Expédition d'Egypte, avant d'en arriver au départ de Bonaparte, si injustement qualifié d'"abandon de son armée" par certains historiens ...

Il est vrai qu'il partit dans la nuit, accompagné seulement d'un petit groupe de généraux et de savants, sachant combien ce départ aurait été jugé impopulaire par ses hommes, et critiqué par la suite ...

Mais, il lui avait été envoyé une missive du Directoire, courant Mai, lui signifiant l'autorisation de revenir en France, que Bonaparte ne reçut jamais ...

Quoiqu'il en soit, le gouvernement avait prévu une Campagne de six mois ... Or, il s'était déjà écoulé plus d'un an, sans que Bonaparte pût mener à terme la mission à laquelle il s'était préparé.

Le temps lui avait manqué, et il était certainement évident que la France avait besoin de son jeune Général, au talent et au génie déjà légendaires...

Du point devue militaire ,cette campagne, quoique glorieuse, fut unéchec. Par contre, du point de vue scientifique ce fut un succès.

Il existe une multitude d'ouvrages qui décrivent cette campagne hors du commun.
Parmi ceux-ci, j'ai particulièrement apprécié celui de Jean-Michel Riou "Le secret de Champollion".
Quoique romancé, ce récit restitue brillamment le souffle de l'épopée et nous donne à découvrir un Bonaparte sous un jour secret avec à la clé la révélation de la véritable raison pour laquelle il a mené cette entreprise exceptionnelle.
On est libre d'y croire ou non, mais il faut avouer que l'hypothèse tient la route et même qu'elle ne manque pas de crédibilité.
A découvrir...

Quoique romancé, ce récit restitue brillamment le souffle de l'épopée (Percy) ....

Peut-être ... mais à réserver à ceux qui connaissent parfaitement les tenants et les aboutissants de cette grande Expédition.

Car il n'y eût pas une raison, mais une multitude de facteurs qui ont provoqué le départ de Toulon, lors de ce Printemps 1798, de quelques trois cents navires chargés de troupes et d'équipements ...

Et toutes les intriques politiques au sein du Directoire, tout comme les considérations visant à trouver la meilleure façon de poursuivre la guerre, autrement que par le biais de la Manche, avec l' implacable ennemi insulaire, tout ceci ne suffit pas encore à expliquer dans sa globalité une entreprise d'une telle envergure.

C'est pourquoi , hormis celui de la Vie de Napoléon , j'ai toujours écarté les romans pour privilégier l'Histoire.

Fascinante: mouai... je dirais plutôt inutile d'un point de vue purement militaire.

Aboukir (la bataille navale): un désastre sans précédent jusqu'à Trafalgar.

Citation :

C'est pourquoi , hormis celui de la Vie de Napoléon , j'ai toujours écarté les romans pour privilégier l'Histoire.

Opinion éminemment respectable, mais certains romans historiques valent le détour tant par la qualité de leur écriture que par celle de leur intrigue.
Et je puis vous assurer que celui de Riou est de ceux-là !
L'auteur s'est abondamment documenté et il maîtrise parfaitement son sujet.
Si le mystère des hiéroglyphes vous passionne, je vous en conseille la lecture...

A mon sens, et pour répondre à Davout, cette Expédition fut réellement fascinante à bien des égards, et pour tous ceux qui se mirent en marche vers l'Egypte, aux côtés de Bonaparte.

Fascinante, elle le fût en premier lieu pour notre jeune Général qui depuis ses plus jeunes années se trouvait attiré par les contrées lointaines, et, notamment par l'Orient ...

Fascinante pour avoir su ouvrir un large éventail de causes, politiques, militaires, scientifiques et spirituelles ...

Fascinante par les objectifs qu'elle suscita dans les projets établis de développement, d'enrichissement de cette civilisation, projets , non négligeables, de paix avec l'Autriche et surtout l'Angleterre ...
Projets de colonisation, puis d'ouverture au commerce vers l'Inde ...


Dans l'esprit du jeune Général, rien d'inutile ne pouvait se former ...

Davout a écrit:

Fascinante: mouai... je dirais plutôt inutile d'un point de vue purement militaire.

Aboukir (la bataille navale): un désastre sans précédent jusqu'à Trafalgar.

Inutile ? C'est une tentative de conquête de l'Egypte. Celle-ci ne sera perdue qu'en septembre 1801. Ce n'est pas si mal et cela servira de précédent pour d'autres conquêtes...

Quant au désastre d'Aboukir, Bonaparte ne peut pas en être tenu pour responsable: Brueys a pris de mauvaises dispositions pour combattre à l'ancre. Il n'a pas vérifié la profondeur des fonds autour de son vaisseau de tête. Il ne comptait pas sur l'audace de Nelson ! Aucun autre amiral, ni français, ni anglais, n'aurait agi ainsi... Mais Nelson n'avait peur de rien, surtout pas d'éventrer unvaisseau sur un haut-fond ! Le Culloden s'échoua; un autre que Nelson aurait renoncé. Pas lui...

Et que pensait le général Kléber de la campagne d'Egypte? Notamment de se retrouver investi d'un commandement pour lequel il n'a pas été informé.

Peut-on penser que cette campagne, fruit des calculs du ministre des Relations extérieues de l'époque Talleyrand, fut un moyen d'éloigner le général Bonaparte?

Salutations

[quote="PASTEUR"]Et que pensait le général Kléber de la campagne d'Egypte? Notamment de se retrouver investi d'un commandement pour lequel il n'a pas été informé.

Peut-on penser que cette campagne, fruit des calculs du ministre des Relations extérieues de l'époque Talleyrand, fut un moyen d'éloigner le général Bonaparte?


Le général Kléber se distingua à maintes reprises, et jusqu'au jour de son assassinat, le 14 Juin 1800, il se dépensa sans compter ...

Lorsqu'il reçoit de Bonaparte, le commandement en Chef, Jean-Baptiste Kléber, à quarante-six ans, compte déjà une longue carrière militaire derrière lui.

C'est grâce à Cafarelli que Kléber, estimé de Bonaparte, parvient à réintégrer l'Armée d'Angleterre, devenue l'Armée d'Orient pour la circonstance, après un parcours diversifié entre l'architecture, dont ce fut le premier métier, et un petit bout de chemin dans la carrière allemande.

Bonaparte et Kléber deviennent alors très proches.

Puis vient le temps de la déconvenue, et Kléber se montre déçu du poste qu'il occupe, et des inconvénients dans cette Expédition, générés par, dit-il, un manque de préparation, dont il rend injustement Bonaparte responsable ...

Alors qu'il montre de grandes qualités d'entraîneur d'hommes, sachant exprimer beaucoup de générosité, il possède une grande faiblesse : celle de fuir les responsabilités extrêmes...

C'est dire que lors du départ de Bonaparte, son désarroi fut grand ...

Pourtant, tout en posant un regard peu aimable sur le jeune Général qui vient de quitter l'Orient, il exprimera un ordre du jour, que chacun de nous connait très certainement, et qui se veut très rassurant pour les soldats qu'il a désormais sous son commandement, et empreint de sympathie pour Bonaparte.

Certains historiens ont écrit, en effet, que le Directoire avait trouvé dans la décision de cette Expédition, le moyen le plus sûr d'éloigner un jeune Général au génie incontestable ; ce Directoire soudainement renforcé par le biais du coup d'Etat du 18 Fructidor, qui avait vu l'éloignement de Pichegru et des royalistes , voyait de cette façon la meilleure solution pour tenter d'asseoir une certaine autorité ... Même s'il devait ensuite perdre de la considération en allant de coup d'Etat en coup d'Etat.

Après tout, cela arrangeait bien tout le monde, puisque lors du retour de Bonaparte, ce dernier devait se sentir investi à nouveau d'une formidable mission, la reprise du pouvoir, qui se serait avérée délicate au Printemps 1798, pour la raison évoquée ci-dessus...