Les comtes de Saint-Priest
François-Emmanuel Guignard, chevalier puis comte de Saint-Priest, né à Grenoble en 1735, entra dans l’armée à 15 ans. Il quitta le service actif en 1763 avec le grade de colonel et commença une seconde carrière de diplomate à Lisbonne. De 1768 à 1785, il sera ambassadeur de France à Constantinople, poste qu’il laissera au comte Marie-Gabriel de Choiseul-Gouffier (voir chapitre IV). Ministre sans portefeuille puis de l’Intérieur de 1788 à 1790 sous Necker, il rejoint en 1795 le comte de Provence, futur Louis XVIII, dans son exil, d’abord à Vérone, puis à Blankenburg et à Mitau (voir chapitre IV). Il erra en Europe jusqu'à la Restauration en 1814, où il put rentrer en France. Il fut nommé Pair de France en 1815 et décède à Lyon en Février 1821.
Il eut 4 fils et 3 filles, dont :
• Le fils ainé, Guillaume-Emmanuel (1776-1814), né à Constantinople, sert dans l’armée des émigrés de Condé dès l’âge de 16 ans, avant de passer en Russie et de faire campagne contre les Turcs. Il se bat à Austerlitz, perd une jambe pendant la campagne de Pologne en 1807 et est promu général major dans l’armée russe en 1810. Il participe à la campagne de Russie en tant que chef d’état-major de Bagration, commandant la 2ème Armée. A la bataille de Borodino (de la Moskova pour les Français), il est présent quand le prince Pierre de Bagration, qui combat sur des terres qui lui appartiennent, reçoit une blessure mortelle en fin de journée (celui-ci mourra après une agonie de quinze jours). Guillaume-Emmanuel, commandant un corps d’armée russe au sein de l’armée de Blücher, sera à son tour mortellement blessé lors de l’invasion de la France par les alliés en 1814, à la bataille de Reims, et mourra deux semaines plus tard à Laon.
• Le second fils, Armand-Emmanuel-Charles (1782-1863), né lui aussi à Constantinople, deviendra gouverneur d’Odessa et de Podolie et épousera en Aout 1804, à Saint-Pétersbourg, la princesse Sophie Galitzine. Il reviendra en France à la Restauration et succèdera à son père à la chambre des Pairs en 1822. Il aura un fils, Alexis, ambassadeur de France de 1833 à 1838, élu à l’Académie Française en 1849, et une fille, Olga, qui épousera en 1847 le prince Vassili Dolgorouki.
• Emmanuel-Louis-Marie (1789-1881), est né à Paris au début de la Révolution Française et eut la reine Marie-Antoinette comme marraine. Elevé en Russie, il combattit lui aussi avec l’armée russe contre Napoléon à Austerlitz (1805) et en Champagne en 1814, et, à la Restauration, il sera nommé ambassadeur de France à Berlin (1827) puis à Madrid (1828).