Né à Toulon le 12 avril 1756, mort à Toulon le 24 mars 1837
- Fils d'un officier de marine,volontaire sur le vaisseau commandé par son père en 1766, navigue dans le Levant et protège le commerce contre les barbaresques jusqu'en 1777.Passe sur un vaisseau de l'escadre de d'Estaing,sert sur les côtes des Etats-Unis en 1778.
- Participe aux combats de Newport, de Sainte Lucie, de la Grenade, à l'attaque de Savannah, prend part à un combat contre un vaisseau anglais près de St Domingue en 1781.
- Promu lieutenant de vaisseau en 1781, fait prisonnier en 1782, libéré, renvoyé en France, est second sur plusieurs vaisseaux avant de commander une gabare dans la Baltique.
- Chevalier de St Louis en 1785, retourne dans la Baltique puis sert en méditerranée.
- Commandant d'une frégate,est chargée de mission à Alger entre 1787 et 1792.
- Promu capitaine de vaisseau en 1792, commande le "Centaure" dans l'escadre de Truguet.
- Promu contre-Amiral en 1793, il est emprisonné comme noble et suspect. S'est trouvé dans un situation difficile quand sa ville natale, Toulon, a été livrée aux anglais. Son patriotisme lui interdisait de servir l'ennemi, ses attaches familiales l'éloignaient des Jacobins. Il se réfugie en Italie, rentre en France en 1795. Arrêté, le conseil d'enquête va l'acquitter à cause de sa réputation de marin et de technicien: il est l'auteur d'un code de signaux resté longtemps en vigueur et de deux traités sur l'arrimage et sur l'installation de vaisseaux qui font autorité. Il est rattaché au département des cartes et plans, chef d'état major de l'armée navale de Truguet à Cadix en 1801.
Se pose la question du remplacement de Latouche Tréville. Le choix de Rosily est écarté, celui de Bruix de même qui est l'âme
de la flotte mais qui a de sérieux problèmes de santé.Celui de Missiessy n'emballe pas Napoléon qui connaît la valeur du Contre Amiral mais qui a ,à ses yeux, quelques tendances contre-révolutionnaires, en plus d'avoir des difficultés avec Ganteaume, dont la promotion au grade de Vice-Amiral l'a blessé, estimant que compte tenu de son ancienneté il se sent plus apte à commander. Decrès, dans son appréciation rapporte à Napoléon que "Missiessy est d'une grande froideur..On m'a dit qu'il était faché que votre majesté ne lui ai pas donné l'escadre de méditerranée. Il l'est de ne pas de ne pas être Vice-Amiral: son grand raisonnement est que, n'ayant rien fait pendant la guerre, il a au moins l'honneur de n'avoir point eu d'échecs"
Le choix de Decrès est alors définitif, son choix se porte sur Villeneuve "le médiocre" dont lui Decrès n'a rien à craindre.
- Missiessy commande la 2ème escadre de Truguet à Brest. Il est chargé ,lors du projet de descente en Angleterre, de se rendre aux Antilles pour y attirer les anglais et y attendre la flotte de Villeneuve venant de Toulon. Il part de l'ile d'Aix le 11 janvier 1805 avec trois vaisseaux et trois frégates chargées de troupes et de ravitaillement. Malgré d'énormes difficultés dues au très mauvais causant de nombreuses avaries, il arrive le 20 février à Fort de France. S'étant concerté avec Villaret Joyeuse en place, il ne perd pas de temps et débarque les troupes du général Lagrange à la Dominique, fait capituler les iles de St christophe, Nièvres et Montferrat, prend et brûle une trentaine de navires marchands anglais, retourne à Fort de France, où il apprend que l'escadre de Villeneuve n'a pu appareiller.
Villaret Joyeuse veut en profiter pour débarrasser l'ile Diamant des Anglais, Missiessy refuse de faire l'opération, pour lui il ne fait aucun doute que Napoléon attend son retour faute d'être rejoint par Villeneuve. Persuadé d'agir dans l'esprit de ses instructions, il prend le chemin du retour pour arriver à l'ile d'Aix le 20 mai.Napoléon se dit "étouffé d'indignation" et lui fait certains reproches, masquant mal une déception dont le Contre-Amiral n'est aucunement responsable, et il le sait bien.Missiessy démissionne.Napoléon tente de l'en dissuader et va même intercéder auprès de son épouse, rien n'y fait.En juillet 1805, le contre amiral est mis en congé.Il le restera jusqu'en 1808.
Napoléon avec cet incident va prendre conscience que la succession est difficile, qu'il manque sérieusement de généraux de marine, que les anciens le sont trop et que les jeunes ne sont pas assez expérimentés.C'est pourtant Allemand qui va être appelé à succéder à Missiessy; à quarante trois ans le mauvais caractère connu et reconnu comme tel n'est pourtant que capitaine de vaisseau.
- Napoléon a comme objectif de relancer la construction de vaisseaux et le souci de régénérer la marine. Il fait pour cela doubler Anvers, port de construction par Flessingues, port d'armement.Il a besoin d'un homme d'expérience et capable, ce qui est rare, pour prendre le commandement de huit nouveaux vaisseaux flambant neuf de 74, nouvelle génération, qu'il faut descendre de l'Escaut pour gagner Flessingues pour y être armés et blindés de cuivre. Anvers sera "le pistolet braqué au coeur de l'Angleterre"
Il fait donc appel à Missiessy, qui rechigne sauf et à la seule condition d'être nommé Vice-Amiral ce qui lui est refusé par Napoléon. Decrès prend le relais, chapitre Missiessy qui finit par accepter voyant l'importance de la fonction. Dès sa prise de
commandement, prévoyant une offensive anglaise qui vise d'abord Flessingues, il fait renforcer ses défenses pour tenir tête le 28 juillet aux alliés qui engagent deux cents bâtiments de guerre et quatre cents transports de troupes acheminant quarante mille hommes à débarquer.Napoléon dira" quelque chose arrive, je dois la vérité de dire que je ne me crois pas en état de faire mieux que l'Amiral"
Le choc n'aura pas lieu, l'armada décimée par les maladies et l'impossibilité de conquérir cette forteresse aux défenses trop puissantes de la ville que Bernadotte et ses vingt mille hommes ont aussi édifié auront raison des vélléites britanniques.Ils ne se contenteront que de bombarder la cité.
- Missiessy en 1809 est enfin récompensé, il est nommé Vice-Amiral.Le 30 avril 1810,avec la nouvelle impératrice Marie Louise, Napoléon remonte l'Escaut par le canal Ruppel à bord de ce "grand et magnifique canot" que Decrès, bon courtisan a fait construire pour l'Empereur( le canot est exposé au musée de la marine, à Paris) avec en escorte et à la tête d'une nombreuse flottille, le vice-Amiral Missiessy.
- 1814. le temps des illusions est révolu.Napoléon doit faire front à terre.Les armées manquent d'hommes: dix mille marins vont être débarqués, des vaisseaux immmobilisés, et le budget de la marine restreint. Néanmoins certains bâtiments presqu'au complet sont chargés de se montrer pour donner le change. C'est plus un conseil qu'un ordre que Napoléon donne, il ne peut plus exiger. Missiessy va s'y employer et faire en sorte que ses équipages soient toujours entrainés notamment aux tirs d'artillerie sur cible marine ce qui est une innovation.
Après Leipzig les alliés s'approchent une nouvelle fois de la Hollande, qu'il faut défendre, répartir la flotille et sécuriser surtout Anvers où la flotte n'a plus de soutien.Missiessy et Decaen savent que cette mission est impossible. Pour éviter que la flotte soit prise ils prennent la décision ensemble d'y mettre le feu.Napoléon est furieux, cela ne changera rien, chacun sait que le temps de l'abdication est venu. Missiessy ne signera l'armistice que le 25 avril 1814, quand il aura la certitude de la déchéance de L'Empereur.
- sous le nouveau régime, Missiessy est rappelé à Paris, pas mécontent de retrouver les Bourbons.Aux cent jours il préférera donner sa démission pour éviter de resservir Napoléon.Après l'échec du retour, il est nommé préfet de Toulon et devient un des favoris du nouveau régime.Il est fait membre du conseil de l'Amirauté en 1824; en 1829 il publiera un traité sur le personnel et le matériel de la marine, admis à la retraite il quitte le service en 1832.
Le vice-Amiral est fait Chevalier de Saint Louis et 1785, Grand croix en 1820,Grand croix de la légion d'honneur en 1814, Comte d'Empire avec dotation de rente sur le Piémont.Som nom est inscrit sur le pilier nord de l'Arc de triomphe.
Seul un bateau de commerce (1917-1932) des messageries maritimes a porté son nom ainsi que des bassins du port militaire de Toulon.