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15 Août...L'étonnante histoire de la Saint-Napoléon... (Sources Jacques-Philippe Champagnac).
Peut-être en vacances vous donneront-elles l'occasion de visiter la vénérable et belle église romane Saint-Hilaire à Melle (Deux-Sèvres) et l'ancienne église abbatiale Sainte-Croix à Quimperlé (Finistère), belle aussi, bien que restaurée sur mesure. Ces deux sanctuaires présentent la fort curieuse particularité d'avoir été un moment placés sous le vocable de saint Napoléon.
Saint Napoléon....singulier nom de baptême. D'aucuns estiment qu'il s'agit en réalité d'un surnom, d'un sobriquet parfois, qui désignait, dès le moyen âge, en italie, les habitants de Naples ayant quitté leur ville. On disait, par exemple, à Rome ou à Gênes...Mario Napoléone, Mario le Napolitain. Cette habitude paraît être entrée dans les moeurs en Corse au XVIè siècle.
Cependant, par la suite, devenu un prénom, Napoléone...Napoléon dans sa forme française...demeurait d'un emploi restreint. Alors pour quelle raison le futeur Empereur fut-il ainsi appelé ?
Ce fut sa jeune mère de dix neuf ans qui en décida, dit-on, en souvenir d'un grand-oncle portant ce prénom et disparu l'année précédente. Il avait comme Charles Bonaparte, combattu la présence française dans l'île.
Après que Napoléon, le 18 Mai 1804, eut reçu du Sénat, habilement manoeuvré par Fouché, la dignité Impériale, on se préoccupa dès les mois suivants...pour mieux situer l'orientation conservatrice du régime...de créer une grande fête plaçant les destinées de l'ordre nouveau sous la protection d'une sorte de saint patron.
Idée première de l'Empereur ou de Portalis, ce juris-consulte qui, après avoir été président du Conseil des Anciens et le principal rédacteur du Code Civil, était devenu ministre des Cultes ?
Napoléon semble-t-il, songea tout d'abord à un "autre" Empereur, Charlemagne, mais la canonisation du grand homme aux cinq épouses, bien qu'elle n'eût pas été annulée depuis le XIIè siècle, n'était pas moins l'oeuvre d'un antipape, Pascal III, qui aurait voulu faire plaisir à Frédéric 1er Barberousse. Et puis la Saint Charlemagne est célébrée le 28 Janvier. Une mauvaise date...."" Il faut que la saison favorise le déroulement des solennités pour qu'elles puissent vraiment être solennelles"""..."charabia" étrange sous la plume d'un juriste, écrivait Portalis dans son rapport à l'Empereur le 12 Février 1806, rapport où il paraissait uniquement s'intéresser au jour de la cérémonie.
Il proposait le 15 Août. Certes, il y avait l'Assomtion et le voeu de Louis XIII.... """"
Qu'importe, affirmait le ministre, qu'importe, il faut au contraire rattacher à une fête déjà instituée la fête que l'on veut instituer. """"
Il ne se souciait toujours pas d'une futile élégance d'écriture. Et il continuait....
""" Il faut effacer d'anciens souvenirs par des souvenirs récents et glorieux, afin que les fêtes de l'Ancien Régime ne fassent pas pâlir de leur éclats celles du nouveau et que ces dernières servent à faire oublier la royauté. """Il ne mentionnait pas l'argument le plus important et auquel il avait bien évidemment pensé dès le début...le 15 Août marquait l'anniversaire de la naissance de son maître
...."""" Je propose, concluait-il dans un grand envol de flatterie, et toujours dans son style très particulier, je propose donc ce jour à Votre Majesté Impériale et Royale comme celui qu'il faut choisir pour devenir le signe du pacte que la Victoire a conclu avec "vos" Armées."""""On avait le jour, mais pas encore le saint. Portalis n'avait pas osé pousser la flatterie jusqu'à désigner le saint patron de l'Empereur. Celui-ci s'en chargea. Il décida dès le 19 février, que la fête du 15 Août serait aussi celle de saint Napoléon.
C'est alors que les difficultés commencèrent. Saint Napoléon !....Mais avait-il existé, et quand ?...on chercha, on chercha, on chercha. On fit appel, bien sûr, à l'Eglise qui, très disposée dans son ensemble à satisfaire le régime, consulta en vain les
acta sanctorum, les ménologes grecs, le grand et le petit martyrologe romain. Rien, on ne trouva rien, pas la moindre trace, nulle part, d'un quelconque saint Napoléon.
L'Empereur s'impatientait. C'est alors que le légat du pape, Caprara, sauva la situation. Il était très habile. Il avait conclu le Concordat de 1801 et avait en 1805, à Milan, sacré napoléon roi d'Italie. Caprara rédigea un extraordinaire document dans lequel il affirma avoir enfin découvert dans le martyrologe établi par saint Jérôme à la fin du IVè siècle...martyrologe qui avait cependant été soigneusement consulté...un certain
Néopolus...qui était mort à Alexandrie en 291, affreusement martyrisé lors des sanglantes persécutions de l'Empereur romain Dioclétien. Ce Néopolus était de surcroît.....du moins tout pourvait le laisser supposer un chef militaire.
.....A....Suivre....Comment Néopolus devint Napoléon....