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L'Omelette aux oignons de Napoléon... (Sources M.Miquel)
Napoléon n'aimait pas prendre du retard. Il gagnait tout le monde de vitesse, ses ennemis, ses rivaux, ses maîtresses et s'en trouvait fort bien ! Sobre au combat, comme le vieux Caton, il mangeait, pour ainsi dire à la pointe de l'épée, comme jadis le bouillant Achille, qui préparait dit-on, lui-même ses brochettes et les offrait à ses compagnons, aux soirs de ses victoires.
Marengo renouvelait, en un sens ce genre d'exploit, lorsque le cuisinier Dunant, à cours d'arguments et de victuailles, avait improvisé avec trois écrevisses attrapées dans un ruisseau, un maigre poulet perdu, deux tomates et trois oeufs, un repas que Napoléon lui avait fait promettre de reproduire aux soirs de toutes ses victoires à venir.
Le pauvre Dunant s'essoufflait, on le conçoit, avec sa roulante à poursuivre son maître. Ses soldats, eux, avaient moins de peine, attirés vers le bivouac, par une forte odeur d'oignons frits qui annonçait la présence de "l'homme à la redingote grise". D'où la popularité de la chanson "J'aime l'oignon frits à l'huile!". Pour plaire à Napoléon, l'omelette devait être baveuse (préparée sur le mode rapide) et vite expédiée.
L'oignon pendant des siècles a servi d'ordinaire aux soldats. Les Romains le mangeaient cru, accompagné de pois chiches cuits, baignant dans la fameuse bouillie du légionnaire (bouillie d'épautre). les pauvres manants partant pour la guerre se contentaient bien souvent d'un oignon cru, d'un morceau de pain noir et d'une croûte de fromage au cours des longues marches.
Toute sa vie Napoléon resta sobre. Le vieux Caton lui soufflait-il ce qu'il avait à faire, pour se maintenir en forme ? Toujours est-il qu'il laissa les fastes et l'étiquette envahir ses salons et châteaux, dès son couronnement, ses tables parfois, mais son assiette jamais.
Il restait de marbre devant l'étalage des candélabres et des surtouts commandés par sa femme pour les repas princiers, à la maison Odiot, et se moquait des chefs-d'oeuvre de nougat et de sucre filé, représentant le passage du Saint-Bernard, ou l'épisode du pont de Lodi, offerts par Talleyrand le boiteux (qu'il détestait cordialement) et exécutés par le grand chef cuisinier Carême, pourtant admirateur inconditionnel de l'Empereur.
A un diplomate rencontré lors de ces sompteux repas, il prit un malin plaisir de dire ..."""Si vous êtes petit mangeur venez chez moi, voulez-vous manger bien et beaucoup, allez chez Cambacérès !""""....Carême, lui prétendait qu'on y mangeait mal et des plats réchauffés, Cambacérès étant le roi des ladres.
De fait, Napoléon n'était vraiment heureux qu'avec ses compagnons d'armes, qui croyaient en son génie et à sa bonne étoile. Il ne ménageait guère ses soldats, étant lui-même très endurci, mais leur faisait partager un sentiment grisant de liberté et de gloire. Lors des Cent-Jours, épopée unique dans l'histoire, il fit la reconquête de ceux qui l'avaient suivi et jamais oublié, mais aussi des hommes simples, des humbles, des paysans.
""""Vos pères sont menacés du retour des dîmes, des privilèges, et des droits féodaux...n'est-il pas vrai citoyens ?"""".....Ce langage là, jeunes et vieux soudain le comprenait fort bien...
C'était la liesse dans les villages, les bourgs, sur les chemins hasardeux et ces à-pics qui, partant de la Méditerranée, grimpaient vers les basses puis les hautes Alpes. La route Napoléon est née...à Gap, Grenoble on dansait, chantait !
Les royalistes attendaient l'Aigle dans la vallée du Rhône. Il ne s'y montra pas...il allait pourtant fondre sur Lyon et remonter plus haut encore !.
Il aurait fallu de fins limiers pour le pister dans les montagnes et humer l'odeur de l'oignon frit dans les pics où nichait encore la victoire.
FIN.......