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....Lieutenant Henri Beyle...dit...Stendhal....(Sources Edouard Roy).Stendhal est sans doute l'un des auteurs qui a laissé le plus de détails sur lui-même et certainement l'un de ceux dont la vie a été la plus fouillée, dans tous ses aspects, par les historiens et les critiques de la littérature. Il semble qu'on sache tout de lui.
Ce n'est généralement pas sur sa carrière militaire que l'on insiste et pourtant elle eut une influence considérable dans son oeuvre et dans sa vie. Par trois fois, pour reprendre l'une de ses expressions...Stendhal éprouva
..."""cette sensation de se trouver entre les colonnes d'une armée de Napoléon."""La première fois, il est tout jeune...dix-sept ans. Après une velléité d'entrer à Polytechnique, de création récente, il a demandé à son cousin Pierre Daru de le caser. Daru n'est pas encore le grand personnage de l'Empire qu'il deviendra mais il est déjà apprécié et il a le bras long. En tout cas, il ne lésine pas...dès janvier 1800, il fait engager le jeune Henri Beyle comme surnuméraire au ministère de la Guerre, le fait partir avec l'armée de réserve pour l'Italie le 7 Mai suivant.
Sous l'aile protectrice d'un vieux briscard, un certain capitaine Burelviller, le jeune Henri (qui reconnait qu'il était...
"""comme une poule mouillée complète"""...en rappelant ces souvenirs dan sa Vie de Henry Brulard en 1835) franchit les Alpes par le Grand-Saint-Bernard, lui aussi, et un peu plus loin, à Bard, reçoit le baptême du feu.
""""Je m'approchais de la plate-forme pour être plus exposé""" écrira-t-il également en 1835. Il entre en italie et l'italie entre dans son existence pour n'en plus sortir. le 15 Juin à Milan, il apprend la nouvelle de Marengo où est engagé son futur régiment, le 6è Dragons.
Il n'y sera affecté que le 23 Octobre sur une nouvelle intervention de Pierre Daru qui ne lésine toujours pas....le citoyen Henri Beyle y est directement nommé sous-lientenant. Ses états de service y seront malgré tout bien modestes...vie de garnison sans gloire, vague mission à Milan en Décembre...mais il sera aussi nommé aide de camp du général Michaud commandant la 3è Division cisalpine. Il ne s'attardera pas, d'ailleurs, sous le bel uniforme du 6è Dragons...""Habit vert, collet, revers, pattes de parements et liserés écarlates, poche en long, casque ordinaire.""
En Décembre 1801, il rentre en congé de maladie chez lui à Grenoble, et en Juillet 1802 donne sa démission de l'armée...il veut écrire.
Environ quatre ans plus tard, cependant il reprend du service, toujours poussé par son infatigable et généreux cousin Daru. Cette fois c'est pour la Prusse qu'il part. Il assiste effectivement à l'entrée triomphale de Napoléon à Berlin le 27 Octobre 1806, est nommé par Daru comme adjoint aux Commissaires de guerre et exerce ses fonctions dans la région de Brunswick.
C'est près de là qu'il traversera une ville dont il n'oubliera pas le nom...Stendhal... Il réussit bien dans son rôle d'intendant et d'administrateur...ses responsabilités s'étendent en 1808. Toujours dans le sillage du cousin Daru, on le retrouve à Vienne le 13 Mai 1809, dans les tourbillons des victoires impériales et leurs enthousiasmes.
Mais c'est surtout en Russie qu'il se distinguera. C'est lui qui demande d'y participer. Le 23 Juillet 1812, en grand uniforme, il a une audience de l'Impératrice à Saint-Cloud. Il est promi auditeur, c'est à dire qu'il est de ceux qui sont chargés de présenter en personne le courrier à la signature de l'Empereur.
Monsieur l'auditeur Henri Beyle arrive au quartier général le 14 Août, est rattaché à l'intendance générale, rencontre certainement Napoléon à plusieurs reprises. Itinéraire...Smolensk, Viasma, la Moskova le 9 Septembre et, le 14 Moscou. Mais voici l'incendie, la pagaille, le désastre...La Grance Armée reflue.
Dans l'horrible tourmente Monsieur l'Intendant Beyle devient admirable. Au plus creux de la misère, il reste volontaire, ferme, courageux. Petit signe bien connu...il se rase tous les matins, il se maintient dans une meilleure tenue. L'esprit et le corps tendus pour ne pas lâcher prise, continuant de lire ses bons auteurs, exemple de crânerie et d'énergie au milieu..."""de ses peines physiques et diaboliques.""""
Il accomplit sa mission d'intendant avec un véritable héroïsme....faisant à l'occasion le coup de feu contre les Cosaques. Il repasse à Smolensk le 2 Novembre, parvient encore à faire distribuer quelques vivres au débris de la Grande Armée, traverse la Bérézina, arrive à Wilma le 7 Décembre, épuisé, à Koenigsberg le 14. Sauvé.
Enfin le 31 Janvier 1813, il est de retour à Paris. Il se plaint de ne pas recevoir la Légion d'Honneur....qui ne lui sera remise que vingt-deux ans plus tard, au titre "d'Homme de Lettres".
Il repartira encore avec Pierre Daru pour la Saxe, assistera notamment à la bataille de Lutzen. Plus tard encore, il défendra sa patrie, Grenoble, lors de l'effondrement de l'Empire.
Il revêtira à la fin un uniforme de consul. Mais sa vie de soldat s'achève avec la campagne de Russie. Et, chargé de souvenirs, Henri Beyle devient alors..... Stendhal.
....FIN.....